L’Africanisation arabe au Sénégal, envol sur le fleuve Sanhaja
Un récent congrès de la Ligue islamique mondiale a vu le représentant du Sénégal, l’écrivain arabisant Sheikh Ibrahim Jop (paix à son âme), attirer l’attention. Avant de prendre la parole, il a cité un vers du poète préislamique Imru’ al-Qays: « Est-ce que j’ai dilapidé ma jeunesse sans but? ». Il s’est interrogé sur la nécessité de traduction en arabe, alors qu’il a vécu et étudié dans cette langue, ayant pour professeur un cheikh mauritanien qui lui a enseigné l’articulation correcte de la lettre « ha ». La salle a été impressionnée par le Sheikh, qui a longtemps présidé l’association des savants du Sénégal, connu pour son éloquence tant à l’oral qu’à l’écrit.
L’arabisation, un legs des marchands musulmans
L’arabe a pénétré au Sénégal par le biais des caravanes de marchands musulmans, précurseurs des empires d’Afrique. Ce flux linguistique s’est renforcé aux côtés de la Mauritanie, connue pour son histoire riche en service de la langue arabe. Les érudits et marchands mauritaniens étaient proches du Sénégal, les communications se faisant aisément à travers le fleuve Sénégal. Les systèmes éducatifs traditionnels des deux pays présentaient des similitudes, bien que les résultats diffèrent.
Un combat constant pour la préservation de l’arabe
Le Sénégal compte environ 35% qui parlent arabe, certaines estimations évoquant près de la moitié de la population sénégalaise. Ces arabophones représentent un pilier dans la lutte pour l’émancipation de la langue arabe, étroitement liée aux valeurs religieuses et sociales sénégalaises. Leur combat est principalement soutenu par les références religieuses et les voies soufies, faisant de celles-ci le moteur principal de la langue arabe au Sénégal.
Éducation et perspectives d’avenir
L’enseignement bilingue français-arabe est répandu au Sénégal, avec près de 700 écoles primaires, 30 lycées et plus de 110 collèges offrant un enseignement en arabe et en français. Cela vise à renforcer l’arabe tout en permettant l’intégration des étudiants dans le système d’emploi sénégalais. De plus, le Sénégal reconnaît le diplôme d’études secondaires arabes, ouvrant la voie à l’emploi pour les arabophones, en particulier dans le domaine diplomatique.