Réponse iranienne contre Israël: Risque imminent de déclenchement d’une guerre régionale
Après une attente anxieuse en Israël et aux États-Unis qui n’a pas duré longtemps, l’Iran a lancé une série de frappes intenses utilisant des drones et des missiles contre Israël. Cela s’est produit quelques heures après la saisie d’un navire commercial israélien près du détroit d’Hormuz.
Cette action fait suite à l’attaque israélienne contre le consulat iranien à Damas, qui a coûté la vie à 7 militaires de haut rang, dont 3 hauts commandants du Corps des gardiens de la révolution.
Alors que la vague de représailles qui a duré des heures s’est interrompue, les possibilités de représailles d’Israël restent en suspens. Cela soulève des interrogations sur la nature et l’impact de cette escalade sur l’avenir de ce conflit, ainsi que sur les possibilités de son évolution vers une guerre régionale.
La nature de l’attaque iranienne
Selon la chaîne américaine CNN, l’attaque iranienne est qualifiée de « la plus grande attaque à l’aide de missiles balistiques et de drones de l’histoire de l’humanité. » Le New York Times a rapporté que des responsables israéliens ont déclaré que l’Iran avait lancé 185 drones et 36 missiles de croisière ainsi que 110 missiles balistiques.
Israël et les États-Unis ont déclaré que la grande majorité des missiles et drones avaient été détruits. Cependant, des vidéos circulant sur les réseaux sociaux ont confirmé des frappes touchant des cibles à l’intérieur de l’État hébreu.
Le chef d’état-major des forces armées iraniennes, le général Mohammad Bagheri, a déclaré que « l’opération a visé le quartier général de renseignement israélien impliqué dans l’attaque contre notre consulat, ainsi que la base de ‘Nouveau Tzrifin’ d’où les avions israéliens ont décollé pour attaquer notre consulat à Damas. Les deux quartiers généraux israéliens ont été détruits. »
D’un autre côté, l’armée israélienne a indiqué que la plupart des interceptions des missiles balistiques et des drones iraniens ont eu lieu en dehors de leur espace aérien. Cela signifie que la plupart d’entre elles ont été abattues par les forces américaines en Irak et en Syrie, sur les côtes de l’occupation, et également par certains pays arabes ou des bases américaines dans ces pays, ainsi que la participation de la Grande-Bretagne et de la France pour contrer les drones et missiles iraniens.
L’impact de l’escalade du conflit
Les frappes iraniennes ont ébranlé pour la première fois l’image dissuasive d’Israël sur le plan régional, émanant d’un État. Cela survient après que cette image ait été affaiblie sur le plan palestinien à la suite de l’attaque de la tornade d’Al-Aqsa le 7 octobre de l’année dernière.
Cependant, ce qui est plus important, c’est que la position stratégique d’Israël s’est affaiblie davantage, confirmant pour la deuxième fois en 6 mois son besoin d’intervention américaine et occidentale pour sa protection, au lieu d’être un avant-poste du projet occidental. Israël a également perdu sa respectabilité et son statut dans la région après être devenue une cible facile pour les missiles et drones iraniens.
Alors que le gouvernement israélien est en désaccord avec le président américain Joe Biden après avoir échoué à atteindre les objectifs de la guerre en éliminant le Hamas et en libérant les prisonniers, les possibilités de représailles israéliennes et l’évolution de la bataille avec l’Iran, y compris la participation de ses alliés dans la région, vont aggraver les désaccords avec Netanyahu, qui a, par son provocation envers l’Iran, sapé la stratégie américaine dans la région, qui vise à instaurer une stabilité durable pour se consacrer au défi chinois et russe.
Il est probable que Netanyahu montre encore une fois qu’il agit dans son intérêt personnel et risque de porter préjudice aux intérêts américains, ce qui renforcerait les conflits avec Biden s’il n’écoute pas les conseils américains sur la manière de répondre à l’Iran, comme il l’a fait en ignorant les demandes américaines pendant sa guerre à Gaza.
Selon NBC, des responsables américains s’inquiètent d’une riposte rapide d’Israël à l’attaque iranienne sans réfléchir aux répercussions, craignant qu’Israël ne les entraîne dans un conflit régional.
Cependant, dans la pratique, cette escalade de conflit a montré la persistance de l’engagement américain à protéger la sécurité d’Israël contre toute menace, et semble que cet engagement soit inébranlable, même avec les différends apparents entre les deux parties. Washington, s’il le souhaite, peut obliger Israël à adopter sa position à la fin, comme cela s’est passé après le massacre du centre de la cuisine mondiale à Gaza.
Bien que la frappe iranienne ait renforcé l’unité parmi les Israéliens pour faire face aux dangers imminents, son impact restera limité. Les dissensions et les divisions au sein de la société sur les questions de guerre, de prisonniers, de conscription des ultra-orthodoxes, de l’après-guerre et de la gestion de l’autorité palestinienne reviendront.
Les conséquences de l’escalade
Les répercussions de l’attaque iranienne continuent à se faire sentir, et il est difficile d’estimer l’ampleur de la riposte israélienne et le succès des États-Unis à la contenir pour éviter qu’elle ne dégénère en une guerre régionale. Surtout que la possibilité de condamner l’attaque iranienne au Conseil de sécurité est exclue en raison de la position russe qui offre une protection politique à l’Iran.
Il est spéculé que la riposte israélienne visera l’Iran et se rapprochera de la frappe aérienne surprise israélienne qui a détruit le réacteur nucléaire irakien le 7 juin 1981, connue sous le nom d’Opération Babylone. Cependant, cela nécessiterait l’approbation américaine pour une telle attaque, ce qui est douteux après que Washington ait demandé ouvertement à Tel Aviv de consulter avant de riposter.
Compte tenu des divergences entre les parties en raison de l’agression à Gaza, il est douteux que les États-Unis permettent à Israël de mener une attaque d’une telle ampleur dans le territoire iranien, car cela pourrait susciter une nouvelle réaction iranienne entraînant une escalade régionale dangereuse que Washington cherche à éviter. Cela a déjà été mentionné.
Washington pourrait permettre à Israël de mener des opérations ciblées, peut-être dans les sphères d’influence iraniennes telles que la Syrie, l’Irak, voire le Liban, le Yémen. Ce qui pourrait inciter l’Iran à une réponse qui reste mesurée de sa part en coordonnant avec ses alliés dans la région.
Cependant, il n’y a pas de garantie contre une escalade ultérieure, Israël ayant subi une attaque sans précédent de la part d’un État islamique, sous un gouvernement dominé par des extrémistes qui poussent toujours à la confrontation.
Netanyahou cherche à intensifier et à prolonger la guerre dans la région pour rester au pouvoir, ce qui pourrait compromettre l’entente existante entre l’Iran et l’Amérique sur la nécessité de ne pas étendre la guerre et de garder l’incident isolé et de le maintenir dans les limites d’une seule fois.
Il semble qu’à ce jour, l’Iran n’ait pas décidé de modifier complètement les règles du jeu contre Israël. Elle adopte la politique de patience stratégique pour se concentrer sur son projet d’expansion dans la région et éviter une confrontation directe avec Israël.
S’ils le voulaient, ils pourraient démanteler l’équation de la dissuasion stratégique avec Israël et changer les règles du jeu avec eux, s’ils décidaient de poursuivre la même approche de réponse, même si cela leur coûtera cher économiquement et permettra aux États-Unis de se joindre au conflit.