Livres interdits en Utah : une première interdiction au niveau des écoles
C’est une décision sans précédent : l’État de l’Utah a ordonné le retrait de 13 ouvrages des salles de classe et des bibliothèques publiques. Parmi ces livres, on trouve des titres écrits par des auteurs renommés tels que Margaret Atwood, Judy Blume, Rupi Kaur et Sarah J. Maas. Cette action marque la première fois qu’un État américain interdit une liste de livres à l’échelle statewide, selon Jonathan Friedman de PEN America, qui supervise les programmes de liberté d’expression de l’organisation.
Une loi controversée sur les livres interdits
La liste des livres interdits a été établie en vertu d’une nouvelle loi qui impose à tous les districts scolaires publics de l’Utah de retirer des livres s’ils sont bannis dans au moins trois districts, ou dans deux districts scolaires et cinq écoles à charte. L’Utah compte en tout 41 districts scolaires publics. Les 13 livres en question pourraient être bannis en vertu du projet de loi House Bill 29, entrée en vigueur le 1er juillet, car ils sont jugés contenir du matériel « pornographique ou indécent ». PEN America a indiqué que cette liste sera probablement mise à jour à mesure que d’autres livres répondront aux critères de la loi.
Des œuvres majoritairement écrites par des femmes
Fait notable, douze des treize titres de la liste sont rédigés par des femmes. Parmi ceux-ci, on trouve six ouvrages de Sarah J. Maas, auteur de fantasy, ainsi que « Oryx and Crake » de Margaret Atwood, « Milk and Honey » de Rupi Kaur et « Forever » de Judy Blume. Deux titres d’Ellen Hopkins figurent également sur la liste, ainsi que « What Girls Are Made Of » d’Elana K. Arnold et « Blankets » de Craig Thompson.
Des directives d’application vagues
Les directives de mise en œuvre stipulent que les matériaux interdits doivent être « éliminés légalement » et « ne peuvent pas être vendus ou distribués ». Kasey Meehan, directrice du programme Freedom to Read de PEN America, a exprimé des préoccupations quant à des directives qu’elle qualifie de « floues », soulignant qu’elles pourraient mener à des « bennes à ordures pleines de livres qui pourraient autrement être appréciés par les lecteurs ». Bien qu’il n’y ait pas d’appel direct à la « destruction de livres », le résultat est le même : un signal indiquant que certains ouvrages sont considérés comme « trop dangereux ».
Une pétition pour défendre la liberté de lecture
Face à cette situation, la coalition « Let Utah Read », qui regroupe des organisations, des bibliothécaires, des enseignants et des parents, a lancé une pétition pour corriger la loi sur les « matériaux sensibles ». Kasey Meehan a déclaré que « c’est une journée sombre pour la liberté de lire en Utah ». Selon elle, la liste des livres interdits « imposera un régime de censure dystopique à travers les écoles publiques et, dans de nombreux cas, contrariera directement les préférences locales ». Elle soutient qu’il est antidémocratique de permettre à seulement quelques districts de décider pour l’ensemble de l’État.