La révolte iranienne à travers le regard de Mohammad Rasoulof
Avec Les Graines du figuier sauvage, Mohammad Rasoulof explore l’un des fondements de l’autoritarisme en Iran : la justice et ses juges, dont il a lui-même été victime. Début mai, peu après l’annonce de la sélection de son film au Festival de Cannes, l’avocat du réalisateur a annoncé sa condamnation à huit ans de prison, dont cinq à purger. Refusant de se plier à ce nouvel ultimatum du régime, Rasoulof a choisi l’exil.
Une présentation audacieuse à Cannes
Présent à Cannes, accompagné d’une partie de l’équipe de son film, Rasoulof a brandi les photos de ses comédiens absents lors de la projection de Les Graines du figuier sauvage, qui a remporté le Prix spécial de la 77e édition du festival. Cette distinction, remise par le jury présidé par Greta Gerwig, a pour but de récompenser les films « remarquables » et souligne le prix à payer parfois pour réaliser certaines œuvres.
Une allégorie puissante
Dans son film, Rasoulof dépeint l’Iran via le personnage d’un fonctionnaire devenu juge, illustrant la descente dans la paranoïa d’un père de famille. Bien que considéré comme une œuvre politique, la véritable force du film réside dans la capacité de Rasoulof à témoigner de son époque, notamment suite à la mort de Mahsa Amini le 16 septembre 2022, un événement qui a catalysé un mouvement de révolte contre le régime iranien. Le film, prévu pour une sortie le 18 septembre 2024, marque deux ans et deux jours après la disparition tragique de cette jeune Kurde et rappelle le combat des Iraniennes et du peuple, résumé par le slogan : « Femme, Vie, Liberté ».
Les inspirations créatives de Mohammad Rasoulof
Le processus créatif en prison
Mohammad Rasoulof explique que son dernier long-métrage a émergé en prison, bien qu’il ne voie pas les restrictions imposées par le régime comme une source de créativité. Plutôt, c’est la quête de liberté qui stimule sa créativité. Il évoque des rencontres avec des juges et des gardiens de prison qui ont nourri son récit. C’est surtout l’audace de la nouvelle génération qui l’a inspiré à écrire cette histoire.
La révolte après la mort de Mahsa Amini
Interrogé sur le vaste mouvement de contestation déclenché par la mort de Mahsa Amini, Rasoulof souligne que le mouvement des femmes en Iran est ancré dans une histoire longue et profonde. Il met en lumière le rôle central des femmes dans ce combat pour des choix plus justes, tout en affirmant que les Iraniennes aspirent à des droits humains fondamentaux et à une vie normale, loin des restrictions imposées par le régime.
Analyse de la situation actuelle en Iran
Un point de non-retour ?
Rasoulof décrit la société iranienne comme une structure fragile, prête à céder face à l’accumulation de frustrations. La mort de Mahsa Amini, selon lui, a agi comme un déclencheur, suscitant une empathie collective pour une famille endeuillée par des lois injustes. Les Iraniens, en quête de changement, agissent paisiblement tout en se battant pour construire la société qu’ils désirent réellement.
Un combat collectif
Il est essentiel de comprendre que le mouvement des femmes iraniennes transcende les revendications féministes. Rasoulof affirme que ces femmes luttent pour la démocratie et la justice sociale, célébrant leur culture tout en prônant des valeurs humaines fondamentales. Ce mouvement pourrait servir de source d’inspiration pour d’autres luttes de libération à travers le monde.
Perspectives d’avenir pour l’Iran
Un appel au changement
À travers son travail, Rasoulof met en lumière la dérive autoritaire du régime iranien. Son film, Les Graines du figuier sauvage, incarne un acte courageux contre ce système répressif. L’art et la culture jouent un rôle primordial pour éveiller les consciences et favoriser un dialogue sur les droits fondamentaux.
Espoir pour l’avenir
Rasoulof reste convaincu que le peuple finira par triompher, malgré les défis actuels. Il note que la circulation rapide de l’information, notamment via les réseaux sociaux, constitue un puissant outil de libération pour la nouvelle génération, permettant une prise de conscience collective. Bien que confronté à un régime qui s’emploie à diffuser de fausses informations, Rasoulof garde espoir en la capacité des jeunes Iraniens à engendrer un changement positif.
Avec un regard déterminé sur le futur, Mohammad Rasoulof continue de se battre, tant pour sa voix que pour celle de tous ceux qui aspirent à la liberté en Iran.