A Gaza, des maladies mineures deviennent mortelles
À Gaza, le blocus et les conditions de vie difficiles ont transformé des maladies autrefois considérées comme mineures en menaces mortelles. Dans une interview accordée à la Libération française par Louise Biché, présidente de la section Moyen-Orient de « Médecins du Monde », un tableau alarmant de la situation sanitaire à Gaza a été dépeint.
La Situation Humanitaire à Gaza
Depuis le 7 octobre, Gaza plonge dans un abîme de désespoir. « Nous descendons en enfer depuis le 7 octobre », explique Biché, tout juste de retour de Rafah, dans le sud de Gaza. Elle a du mal à trouver les mots pour décrire la catastrophe humanitaire qui se déroule : « C’est véritablement l’enfer sur terre ici ». La particularité de cette crise, selon elle, est le siège presque total imposé sur une population de près de 2,3 millions de personnes.
Les déplacements des populations à Gaza
Des tentatives désordonnées de déplacement sont constatées parmi les habitants de Gaza tentant de fuir les zones de conflit. « Ils montent et descendent, essayant d’éviter les frappes et de trouver des passages ouverts », décrit Biché. Elle partage l’histoire d’un collègue essayant désespérément de rejoindre un autre collègue piégé dans le nord de Gaza, affamé et ayant perdu 20 kilos.
La Famine et la Malnutrition
Les cas de famine ne se limitent pas au nord de Gaza; ils sont également présents dans le sud, où des points médicaux ont été établis. « Nos équipes rencontrent des patients souffrant de malnutrition, des enfants et des mères allaitantes avec des carences alimentaires sévères », indique Biché. Les repas, lorsqu’ils existent, se composent principalement de riz, de fèves ou de pain, sans légumes.
La Pénurie de Médicaments
À Gaza, obtenir des médicaments est devenu aussi précieux que l’or. « Nous assistons à des décès dus à des maladies courantes, comme la grippe, car les patients ne reçoivent pas les soins appropriés », affirme Biché. Elle évoque le cas d’un collègue ayant perdu un oncle à cause d’une infection qui, dans d’autres circonstances, aurait été considérée comme bénigne.
Le Besoin d’Aide Humanitaire
La quantité d’aide humanitaire nécessaire à Gaza est stupéfiante. « Il faudrait entre mille et mille cinq cents camions traversant la frontière chaque jour », estime Biché, soulignant qu’avant le conflit, 500 camions parvenaient à entrer. Malgré les obligations internationales, faire entrer un camion est un défi, avec parfois trois semaines d’attente.
La Solution n’est pas dans les airs ou par la mer
Concernant les opérations d’aide aérienne et maritime, Biché est catégorique : elles sont insuffisantes face à l’ampleur des besoins. Ces méthodes ne fournissent qu’une fraction de ce qui est nécessaire. « Ce dont nous avons réellement besoin, c’est d’un arrêt des hostilités et d’une augmentation massive de l’aide humanitaire, » insiste-t-elle.
La crise humanitaire à Gaza révèle une situation désespérée où même des maladies mineures peuvent devenir mortelles. Les restrictions sévères sur l’importation de nourriture et de médicaments exacerbent les souffrances des habitants. La situation appelle à une réponse politique, incluant un cessez-le-feu et une aide humanitaire considérable, pour éviter de rendre cette tragédie encore plus profonde.