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Fermeture de la production de pétrole en Libye : tensions croissantes
Les autorités de l’Est de la Libye ont annoncé lundi la cessation de la production et des exportations de pétrole, exacerbant ainsi les tensions avec le gouvernement rival basé à Tripoli. Cette décision émane d’un bras de fer acharné autour du contrôle de la Banque centrale, un enjeu crucial dans la gestion des ressources pétrolières du pays.
Une décision qui impacte l’ensemble du secteur pétrolier
Le gouvernement de Benghazi a décrété « la fermeture de tous les gisements et terminaux pétroliers », principalement situés dans l’Est et le Sud, qui sont dominés par le clan du maréchal Khalifa Haftar. Cette mesure inclut l’arrêt des exportations jusqu’à nouvel ordre, aggravant une situation déjà complexe dans un pays en proie au chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011.
Un climat politique tendu
La Libye est actuellement dirigée par deux gouvernements rivaux : le Gouvernement d’union nationale dirigé par Abdelhamid Dbeibah à Tripoli, reconnu par l’ONU, et l’autre basé à l’Est, soutenu par Haftar et ses fils. L’Est a pris cette décision en réaction à la récente incursion d’une commission de « passation de pouvoirs » dans les locaux de la Banque centrale de Libye à Tripoli, ce qui a été perçu comme une tentative de Dbeibah d’étendre son contrôle.
Des actions réciproques et des tensions accrues
Des reports de médias locaux montrent les membres de cette commission dans les bureaux de la Banque centrale, en l’absence du gouverneur. Cette situation met en lumière un climat de tension où les blocages des sites pétroliers sont devenus fréquents, souvent en lien avec des revendications sociales, des menaces sécuritaires ou des différends politiques.
Récemment, la production avait retrouvé un niveau d’environ 1,2 million de barils par jour, un chiffre en baisse par rapport à 1,5 à 1,6 million avant la révolution de 2011.
Répercussions sur la Banque centrale
La Banque centrale de Libye, qui centralise les recettes issues des exportations d’hydrocarbures et gère le budget de l’État, est au cœur de ces tensions. Le gouverneur Seddiq el-Kebir, en fonction depuis 2012, a été critiqué pour sa gestion par l’entourage de Dbeibah. Le gouvernement de l’Est a déclaré que les récentes actions constituaient « des attaques et tentatives d’incursion par la force » visant à s’emparer illégalement de la Banque centrale.
Vers une possible escalade militaire?
L’analyste libyen Anas al-Gomati a exprimé qu’une telle évolution pourrait bien ne pas signifier que Dbeibah a réussi son coup de main pour contrôler la BCL. La décision de Haftar d’imposer un nouveau blocus pétrolier vise à influencer la situation à Tripoli, augmentant la possibilité d’une offensive militaire.
Cette dynamique rappelle l’offensive lancée par Haftar en 2019, qui a tenté de s’emparer de Tripoli avec le soutien d’alliés étrangers. Bien que stoppée, cette initiative a laissé des séquelles palpables dans la région.
Appels à une désescalade
Face à cette situation de tension croissante, la Mission d’appui de l’ONU en Libye ainsi que plusieurs ambassades ont appelé à « une désescalade » des tensions dans la capitale. Les réorganisations de la sécurité à Tripoli, annoncées par le ministre de l’Intérieur, témoignent de la volonté de sécuriser les infrastructures stratégiques face à cette instabilité persistante.