Tunisie : Arrestation d’une militante après des accusations de Saied
Hier, mardi, le parquet en Tunisie a ordonné la mise en rétention de l’activiste des droits civiques et anti-racisme, Saadia Msbah, quelques heures après que le président Qais Saied ait accusé certaines organisations de la société civile de trahison.
Cette rétention de Msbah intervient à un moment où la Tunisie fait face à une crise migratoire aiguë en raison de l’afflux de milliers de migrants en provenance des pays d’Afrique subsaharienne, cherchant à traverser la Méditerranée pour atteindre les côtes européennes en traversant la mer.
Enquête et manifestations
Les médias locaux ont rapporté que la police a commencé à interroger Msbah, présidente de l’organisation « Manamati », pour des soupçons de crimes financiers.
La crise migratoire croissante a provoqué la colère des habitants de la ville d’El Amra, dans le sud du pays. Ils ont manifesté le week-end dernier pour demander l’expulsion des migrants, affirmant que la situation est devenue insupportable.
Position de Qais Saied
Lors d’une réunion du Conseil de sécurité nationale avant-hier, le président a déclaré que la situation n’était pas normale et que l’afflux massif de migrants soulevait de nombreuses questions sur les personnes derrière cela. Il a ajouté que cette situation ne pouvait pas durer et que la Tunisie ne serait pas un lieu pour l’installation des migrants.
Saied a également affirmé qu’un grand nombre de dirigeants d’organisations prétendant défendre les droits des migrants étaient des « traîtres », les accusant de recevoir des sommes d’argent suspectes de l’étranger.
Enquêtes et critiques
Le système judiciaire a lancé une série d’investigations visant certaines organisations qui défendent les droits des migrants, une démarche critiquée par certains comme visant à museler ces groupes, à arrêter leurs activités et à renforcer le gouvernement autoritaire de Saied.
Certains organismes et activistes affirment que Saied est influencé par les directives du Premier ministre italien Giorgia Meloni, transformant ainsi la Tunisie en une garde-frontières pour les côtes européennes en échange d’une aide financière extrêmement modeste.
Réaction et répercussions
La militante Msbah aurait été interrogée par la police économique et restera en détention pendant 5 jours. L’Association tunisienne des femmes démocrates a condamné son arrestation, dénonçant les restrictions répétées contre la société civile et contre tous les militants luttant contre le racisme.
Cette association a également appelé à « mettre fin au discours de haine, à rejeter la diabolisation et l’incitation contre les étrangers ».