Soutien américain à Israël au-delà de l'armement et du commerce
Avant la fin de l'année 2023, le président américain Joe Biden a prolongé les conditions et privilèges du commerce bilatéral exempté de droits de douane avec Israël, couvrant de nombreux produits agricoles pour une durée d'un an se terminant le 31 décembre 2024. Un communiqué de la Maison Blanche a annoncé que cette extension offrirait un délai supplémentaire aux deux gouvernements pour conclure un nouvel accord qui remplacera l'accord commercial de 2004 régissant l'échange de produits agricoles entre les deux états.
Depuis 1985, une convention de libre-échange unit les États-Unis et Israël, la toute première entérée par les États-Unis, toujours en vigueur à ce jour.
Les États-Unis ont par la suite signé 20 autres accords de libre-échange avec des pays de divers continents, y compris trois pays arabes : la Jordanie, Oman et le Maroc. Bien que l'accord avec Israël soit le plus ancien, il n'a pas été aussi exhaustif que les conventions de libre-échange plus récentes, se concentrant principalement sur la facilitation du commerce et des investissements entre les deux nations. Cet accord a supprimé les droits de douane sur la plupart des marchandises manufacturées échangées entre les deux pays, mais il n'incluait pas les produits agricoles, afin de protéger les agriculteurs américains.
L'accord de libre-échange a contribué à multiplier par plus de huit le volume des échanges commerciaux entre les deux pays depuis sa mise en œuvre et est devenu un outil très important pour soutenir l’économie israélienne.
Plus de 50 milliards de dollars
Selon les données officielles disponibles auprès du Bureau du représentant commercial des États-Unis, le volume des échanges de biens et de services entre les deux pays a dépassé les 50 milliards de dollars en 2022. Les exportations américaines s’élevaient à 20 milliards de dollars, tandis que les importations atteignaient 30,6 milliards de dollars, générant un déficit commercial de 10,7 milliards de dollars dans les échanges de biens et services américains avec Israël.
Les entreprises américaines ont exporté pour 14,2 milliards de dollars de marchandises et 5,8 milliards de dollars de services vers Israël. Les principales exportations comprenaient des machines, des équipements mécaniques, du verre, des métaux et des produits chimiques, tandis que les exportations de services se concentraient sur les transports, le voyage et les services financiers.
Inversement, les entreprises israéliennes ont exporté des marchandises pour 21,4 milliards de dollars, notamment des engrais, des pierres précieuses, de l'électronique et des produits médicaux, ainsi que 9,2 milliards de dollars de services vers les États-Unis la même année. L'investissement direct étranger (IDE) des entreprises israéliennes sur le marché américain était de 10,6 milliards de dollars en 2022, notamment dans les domaines de l'immobilier, des institutions de couverture financière et de la fabrication.
L'investissement direct étranger (FDI) américain en Israël a atteint 42,5 milliards de dollars en 2022, concentré principalement dans les domaines manufacturier et de la technologie de l'information, ainsi que des services professionnels, scientifiques et techniques.
Depuis le lancement de l'accord de libre-échange en 1985, les États-Unis sont devenus le plus grand partenaire commercial d'Israël, avec une augmentation par huit du commerce bilatéral de biens et services. Pour faciliter la coopération économique, la Joint Economic Development Group (JEDG) se réunit annuellement pour discuter du partenariat économique et des domaines de croissance potentielle. Les États-Unis et Israël coordonnent également leurs efforts à travers plusieurs mécanismes, notamment la Foundation for Science, la Agricultural Research and Development Foundation, l'Industrial Research and Development Foundation et l'American-Israeli Education Foundation. En juillet dernier, les États-Unis et Israël ont tenu un dialogue stratégique de haut niveau sur la technologie pour établir un partenariat sur les technologies critiques et émergentes afin de relever les défis mondiaux.
Assistance et coopération sécuritaires
Les États-Unis ont un engagement ferme envers la sécurité d'Israël, clairement manifesté par un soutien militaire total depuis le 7 octobre dernier, soutenu par d'importantes aides sécuritaires à Israël, dont une mémorandum d'entente de 38 milliards de dollars sur 10 ans (3,8 milliards de dollars annuels) conclu en 2016. Conformément à ce mémorandum, Washington fournit 3,3 milliards de dollars annuellement en financement militaire et 500 millions de dollars additionnels pour le financement de la défense antimissile.
Le financement de la défense antimissile soutient de nombreux programmes de défense antimissile coopératifs et depuis 2022, Washington a fourni un milliard de dollars supplémentaires en financement complémentaire pour renouveler l’inventaire de missiles intercepteurs d'Israël dans le cadre du système Iron Dome. Jusqu'en 2020, les États-Unis ont fourni à Israël 146 milliards de dollars d'aide militaire (sans ajustement pour l'inflation selon les données du Congressional Research Service), et certains experts estiment la valeur totale de l'aide, ajustée pour l'inflation, à 236 milliards de dollars.
AIPAC, la plus grande organisation de lobbying israélienne aux États-Unis, promeut l'idée que "Israël investit dans l'économie américaine, créant des emplois aux États-Unis et encourageant l'innovation américaine". AIPAC souligne que les investissements directs israéliens aux États-Unis emploient près de 100 000 Américains. Parallèlement, AIPAC met en avant que les États-Unis sont le plus grand investisseur en Israël.
Israël offre une forte opportunité commerciale pour plus de 2 500 entreprises américaines. Les entreprises israéliennes représentent la deuxième plus grande source de cotations étrangères sur le NASDAQ après la Chine, surpassant les entreprises indiennes, japonaises et sud-coréennes.
Depuis des décennies, Washington a accordé à Israël des garanties de prêts se comptant en milliards de dollars, initialement jusqu'à l'année fiscale 2005. Depuis lors, le Congrès a prolongé le programme six fois, qui continue actuellement jusqu'à la fin de l'année fiscale 2028. Globalement, Israël pourrait considérer les garanties de prêts américaines comme une option de dernier recours en cas de dégradation de la situation économique, car elle pourrait les utiliser si les émissions de titres locaux et internationaux non garantis deviennent trop coûteuses.
Les responsables israéliens estiment que, bien qu'ils n'aient pas utilisé les garanties de prêts au cours des 18 dernières années, le maintien du programme renforce la position financière du pays auprès des créanciers internationaux, en particulier pendant les périodes de tension telles que celles vécues par Israël depuis le début des opérations de l'Intifada Al-Aqsa.