La suspension inattendue du cinquième Sommet arabo-africain pour une durée indéterminée soulève des interrogations sur les facteurs derrière ce report. L'événement, censé consolider les liens entre les nations arabes et africaines, a été perturbé par les événements de Gaza. Les récents délais, suivant ceux de 2019 et 2020 dus à la pandémie de COVID-19, interpellent sur l'impact de la situation à Gaza, une zone de conflit déjà centrale dans les alliances passées et la lutte contre l'impérialisme et l'occupation israélienne sur le territoire.
L'histoire des Sommets arabo-africains et l'influence du conflit israélo-arabe
Le premier Sommet arabo-africain s'est tenu au Caire en 1977, regroupant plus de 60 pays. Le conflit avec Israël avait alors joué un rôle pivot dans le rapprochement arabo-africain, plusieurs nations africaines ayant soutenu les Arabes après la guerre de 1973. Ce sommet historique avait abouti à la Déclaration du Caire, un engagement envers les luttes pour la liberté et l'indépendance en Palestine, au Zimbabwe, en Afrique du Sud, en Somalie et aux Comores. Si la plupart des pays africains cités ont depuis acquis leur indépendance, la situation palestinienne reste inchangée, posant question sur la pertinence d'un report en lien avec la cause palestinienne, moteur originel de cette collaboration.
Tensions politiques internes et implication de la question palestinienne
La guerre de Gaza en octobre dernier a mis en évidence les divisions profondes parmi les pays arabes concernant la normalisation des relations avec Israël. La décision de plusieurs de ces pays de reporter le sommet non seulement remet en question leur unité mais soulève également la question de la solidarité dans le combat contre le soutien occidental indéfectible à Israël. Un éventuel partenariat arabo-africain, fort de son potentiel économique et démographique considérable, pourrait jouer un rôle stratégique mais reste entravé par des différences de positionnement, notamment vis-à-vis de la question palestinienne et de la crise autour de Gaza.
Le cas du Sahara occidental et la fragmentation arabo-africaine
Le report du sommet semble aussi être affecté par des points de discorde internationaux, tels que la représentation de la "République arabe sahraouie démocratique" soutenue par l'Algérie et membre de l'Union africaine, face à un bloc de pays arabes, notamment l'Arabie Saoudite, soutenant la position marocaine. Cette friction met en lumière les défis continus que représentent la cause sahraouie dans le cadre de la coopération arabo-africaine et pose la question de la viabilité à long terme de ce regroupement en dépit du précédent créé par les sommets de 2013 à Koweït City et 2016 en Guinée équatoriale.
Les différences de points de vue entre les nations africaines elles-mêmes, particulièrement concernant la récente opération "Orage d'Al-Quds", soulignent l'existence de divergences significatives quant au soutien apporté aux Palestiniens ou à Israël. Elles suggèrent que le report du sommet pourrait être perçu comme la solution transitoire la plus adaptée en attendant une harmonisation des positions.
Le déroulement des événements futurs et la capacité des deux blocs à surmonter leurs divergences sont incertains. La réflexion demeure quant à la réalisation d'une véritable union "Afro-arabe", concept théorisé par l'éminent intellectuel africain feu Ali Mazrui. Cette union pourrait potentiellement transformer la dynamique de pouvoir régionale et mondiale, soulignant l'importance de l'unité et de la coopération transcontinentale malgré les défis politiques et les obstacles historiques.