Le mélatonine est une hormone naturelle sécrétée par la glande pinéale dans le cerveau, dans le but d’aider à dormir et de réguler le sommeil. Ainsi, les niveaux de mélatonine augmentent la nuit avec l’arrivée de l’obscurité, puis diminuent progressivement avec le lever du soleil pour favoriser l’éveil.
Cependant, ce cycle naturel peut être perturbé chez certaines personnes, notamment les enfants. Les troubles du sommeil chez les enfants peuvent devenir un cauchemar pour leurs parents, qui endurent cette épreuve dans l’espoir d’une amélioration avec le temps ou en apportant certains changements alimentaires et comportementaux, avant de consulter un médecin.
Le mélatonine…un complément alimentaire ou un médicament?
Le produit à base de mélatonine s’est répandu sur le marché mondial au cours des cinq à dix dernières années et un marché spécial sur Internet a émergé pour des produits destinés aux enfants, sous forme de gommes à mâcher, de sirop sucré et aromatisé.
La position réglementaire de la mélatonine varie d’un pays à l’autre. Dans la plupart des pays du monde, elle est considérée comme un complément alimentaire, mais elle n’est disponible que sur ordonnance médicale au Japon, en Australie, en Grande-Bretagne et dans l’Union européenne. En 2018, l’Agence européenne des médicaments a autorisé son utilisation pour traiter les troubles du sommeil uniquement chez les enfants souffrant de troubles neurologiques et psychiatriques.
Le marché américain et celui de l’Asie de l’Est sont les plus grands consommateurs de traitements contre l’insomnie, selon un rapport du site « Statista » de 2023. Le marché arabe est encore en phase de développement, et la mélatonine s’est répandue dans les pharmacies et les marchés en ligne arabes, sans ordonnance médicale.
Cette liberté de distribution a suscité des avertissements de la part des autorités de régulation des médicaments dans les pays arabes et des pédiatres concernant l’utilisation de la mélatonine sans prescription directe d’un médecin. De plus, des représentants des ventes d’entreprises se sont infiltrés dans des groupes arabes privés sur Facebook destinés aux mères d’enfants atteints d’autisme et de trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité afin de promouvoir le complément de mélatonine sans ordonnance.
Les troubles de sommeil chez les enfants sont un cauchemar pour leurs parents (Shutterstock)
Il n’y a pas encore de statistiques arabes sur la diffusion de la mélatonine chez les enfants, mais il est possible de comparer les taux de diffusion entre une approche classant la « mélatonine » en tant que complément alimentaire et une autre nécessitant une ordonnance médicale.
Des journaux américains ont publié les résultats d’une nouvelle étude réalisée par l’Université du Colorado en novembre, indiquant qu’environ un enfant américain sur cinq en âge scolaire et adolescent utilise de la mélatonine pour dormir, et certains parents administrent le complément de manière routinière aux enfants d’âge préscolaire.
Pour cette raison, l’Académie américaine du sommeil a conseillé aux parents de parler à un médecin avant de donner de la mélatonine ou tout complément alimentaire aux enfants, surtout compte tenu du manque de preuves de son efficacité comme traitement de l’insomnie chez les enfants en bonne santé.
D’autre part, une étude néerlandaise a estimé qu’en Europe de l’Est, 6% des enfants d’âge scolaire utilisent de la mélatonine, ce qui suggère qu’un enfant sur 17 est susceptible de prendre de la mélatonine au moins une fois par semaine.
La mélatonine est-elle sûre pour les enfants?
Aucune étude scientifique n’a jusqu’à présent confirmé l’efficacité de l’utilisation à long terme de la mélatonine ni ses effets secondaires. Cependant, une étude suédoise menée entre 2016 et 2019 a révélé que le traitement par mélatonine était couramment prolongé chez les enfants âgés de 6 à 12 ans, sur plus de trois ans, et la dose prescrite de mélatonine a été augmentée de 50% à 100% respectivement.
Un autre problème réside dans l’utilisation généralisée des compléments de mélatonine pour enfants vendus en ligne en raison du manque de contrôle sur leur production dans les pays où elle est classée comme complément alimentaire. En 2017, des chercheurs canadiens ont examiné des échantillons de compléments de « mélatonine » provenant de 31 entreprises différentes, ce qui équivaut à 71% des noms commerciaux des compléments de mélatonine. Ils ont découvert que la teneur en mélatonine active variait de 27% à 478% de la quantité indiquée sur l’étiquette, avec les plus grandes variations de la substance active dans les gommes à mâcher pour enfants.
Un quart des échantillons contenait également le neurotransmetteur « sérotonine », utilisé pour traiter les troubles neurologiques et qui devrait être un composant réglementé par les autorités pharmaceutiques.
Le Centre américain de contrôle et de prévention des maladies a révélé une augmentation de 530% de la consommation de compléments de mélatonine chez les enfants entre 2012 et 2021.
La consommation de compléments de mélatonine chez les enfants a augmenté de 530% entre 2012 et 2021 (Shutterstock)
Des mères en quête de solutions
Le problème du sommeil se complique chez les enfants atteints de troubles neurologiques tels que l’autisme, le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité, et ces difficultés persistent souvent jusqu’à l’adolescence et parfois au-delà.
« Asma » faisait partie des mères d’enfants du spectre de l’autisme qui ont parlé à « Al Jazeera.net ». Son enfant souffrait de problèmes de sommeil depuis l’âge de 4 ans jusqu’à ce qu’un neurologue lui recommande d’utiliser de la « mélatonine » à une dose réduite. Après avoir consulté plusieurs médecins pour s’assurer que le médicament ne contenait pas de composants entraînant une dépendance, « Asma » a confirmé à « Al Jazeera. Net » que l’expérience de son fils avec la mélatonine était positive depuis 3,5 ans, le médecin augmentant la dose à mesure que son efficacité diminuait.
Cependant, l’expérience de « Sama », mère d’une fille atteinte du spectre de l’autisme, avec le complément de « mélatonine » n’a pas été longue en raison de la courte durée de son effet et de la nécessité répétée d’augmenter la dose, poussant la médecin à remplacer par un autre médicament.
Quant à « Sarah », elle a confié à « Al Jazeera. Net » qu’elle avait consulté le médecin de sa fille sur l’efficacité de la « mélatonine » après avoir lu les commentaires et les expériences des mères avec la pilule magique. Cependant, le médecin a nié le besoin de celle-ci, en particulier avec la réponse de l’enfant aux règles strictes appliquées par « Sarah », qui incluaient l’interdiction de dormir pendant la journée et l’engagement dans des activités physiques tout au long de la journée, assurant de bons résultats après trois mois de régularité.
Mais les changements de comportement n’étaient pas suffisants pour améliorer la qualité du sommeil de la fille de « Zahia », atteinte d’un trouble impulsif du mouvement. La souffrance de l’enfant avec l’insomnie a persisté, et « Zahia » avait très peur de donner à sa fille n’importe quelle pilule non nécessaire, même recommandée par un médecin, jusqu’à ce que l’enfant subisse un diagnostic médical correct et que l’insomnie régresse sans utiliser de mélatonine.
Dans ce contexte, le magazine « Harvard » a publié une série de conseils pour les mères avant de recourir à la mélatonine, y compris :
- Interdire le sommeil pendant la journée, même si l’enfant n’a pas bien dormi la nuit précédente.
- Éviter les écrans au moins deux heures avant le coucher.
- Réserver le lit uniquement pour le sommeil.
Si vous décidez d’utiliser la « mélatonine », choisissez un produit portant le label « USP Verified », pour garantir sa qualité.