Pourquoi les interprétations de la riposte iranienne divergent?

Pourquoi les interprétations de la riposte iranienne divergent?

Les avis des Arabes et des musulmans ont divergé après le 14 avril 2024 concernant la réponse iranienne à l’attaque israélienne contre son consulat à Damas au début d’avril, tuant des dirigeants de premier plan des Gardiens de la Révolution. Cette attaque a été considérée comme une agression directe contre le territoire iranien en vertu de l’article 51 du droit international, le débat s’est alors enflammé.

Suite à l’opération annoncée par les Gardiens de la Révolution iraniens – qui a eu un impact limité selon les critères militaires, se traduisant uniquement par une petite explosion à la base aérienne de Navatim où l’Iran a déclaré que des avions F-35 avaient décollé -, les analyses sur cette riposte ont divergé, engendrant des débats passionnés et indiscutables au sein de chaque camp. Certains l’ont qualifiée de mère des batailles et de grande victoire pour les Arabes et les musulmans, appelant à la soutenir et à s’appuyer dessus de tout leur pouvoir, tandis qu’un autre groupe l’a considérée comme une pièce théâtrale ratée, mal réalisée. Peu ont tenté d’analyser la scène politiquement avec soin, objectivité et dans ses dimensions stratégiques sur la région.

Raisons des divergences d’interprétation

1. Le contexte international complexe: La guerre entre la Russie et l’Ukraine, les tensions entre les États-Unis et la Chine, ainsi que l’agression israélienne continue contre Gaza rendent l’analyse complexe. La mise en place d’un nouveau système mondial où les grandes puissances cherchent à renforcer leur influence pour le siècle à venir complique davantage l’interprétation des événements actuels.
2. La proximité et la distance géographique de l’Iran: Les positions sectaires iraniennes envers certains pays voisins et les crimes commis par ses milices (en Irak, au Yémen, en Syrie, au Liban) ont joué un rôle influent dans la justification de ces actions, alors que ces populations ont beaucoup souffert des milices iraniennes et des forces qui leur sont liées. En revanche, les analyses en provenance des pays du Maghreb arabe, éloignés de la scène orientale arabe et de ses souffrances et n’y étant pas directement impliqués, ont exagéré l’impact de ces réponses sur la scène arabe et islamique.
3. L’agression israélienne continue contre Gaza: Certains considèrent que cette riposte est insuffisante face au massacre continu et n’a aucun lien avec la réponse à apporter. D’autres voient en elle une réponse importante, tirant profit du bombardement du consulat, dans un silence international sur ces crimes et un rôle arabe faible face aux événements à Gaza.
4. Absence de ciblage de personnalités israéliennes – ou de site stratégique majeur – en parallèle des figures de premier plan tuées à Damas à l’intérieur et à l’extérieur du consulat.
5. Comparaison avec des cas similaires et les doubles standards: Les analystes ont rappelé l’histoire, comme ce qui s’est passé en Irak sous le président Saddam Hussein, et ont comparé leur traitement actuel de l’Iran. En ce début de XXIe siècle, les États-Unis et Israël ont prétendu à tort que l’Irak possédait des armes de destruction massive, entraînant une attaque et une occupation, alors que les observateurs estiment que l’approche américaine actuelle envers le vrai dossier nucléaire iranien se fait avec diplomatie, loin de toute menace militaire. De plus, le bombardement par Israël du réacteur Osirak en 1981, en dehors du droit international, bien que construit par la France, a été rappelé.
6. La faiblesse de la réalité arabe: La perpétuation de la faiblesse arabe sur le plan régional et mondial, face à une expansion iranienne croissante régionalement, a poussé tout le monde, en particulier les acteurs influents, à utiliser une analyse émotionnelle pour justifier leur dure réalité.
7. La faiblesse du système politique arabe: Le monde arabe connaît un manque de dynamisme politique en raison de l’absence de partis politiques efficaces et fiables, capables de jouer un rôle de leader populaire dans la sensibilisation, l’explication des questions complexes et de guider les peuples vers ce qui est dans l’intérêt de leurs pays et de leur nation.
8. Le manque de centres de recherche arabes professionnels: L’attraction de penseurs et de chercheurs spécialisés qui produisent des recherches crédibles est limitée.
9. La crédibilité limitée de la majorité des médias arabes: Leur lien avec les régimes et les organes de sécurité a diminué la confiance du public, le poussant à se tourner vers les médias sociaux et les personnalités publiques pour comprendre les événements.
10. Les déclarations de l’ancien président américain et candidat actuel, Donald Trump: Il a mentionné une pièce de théâtre arrangée avec les Iraniens après l’assassinat de Qassem Soleimani.