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L’extrême droite se présente comme le centre en Autriche

par Chia
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Autriche

Herbert Kickl et la victoire de la FPÖ : la réinvention du ‘moyen’

Herbert Kickl, le chef du parti d’extrême droite FPÖ, qui a remporté les élections autrichiennes dimanche dernier, a célébré sa victoire dans une brasserie viennoise. Cette célébration a été marquée par des événements pour le moins controversés. Il a d’abord exclu les journalistes, ne gardant que ceux qui travaillent pour des médias affiliés à la FPÖ. Ensuite, il a posé pour des photos avec des membres du Mouvement Identitaire, dont les croyances reposent sur l’idée que l’Europe chrétienne et blanche est engagée dans une guerre sainte contre l’islam. En Angleterre et en Suisse, le leader des identitaires autrichiens n’est pas le bienvenu en raison de ses positions pro-remigration et de ses idées proches du nazisme concernant la race et l’identité. Cependant, Kickl entretient des liens étroits avec ce groupe.

Une vision singulière du ‘moyen’

Ce discours peut paraître surprenant venant de l’un des plus ardents partisans de l’extrême droite en Europe, mais il est crucial de comprendre pourquoi certains votent pour la FPÖ ainsi que pour d’autres partis extrémistes comme l’AfD, la PVV ou le Rassemblement National (RN). Beaucoup d’électeurs d’extrême droite se considèrent réellement comme étant le ‘moyen’ et voient leurs adversaires comme des extrémistes. Cette perception est particulièrement ancrée au sein de la FPÖ, dont les racines plongent dans le nazisme.

Comme l’a souligné récemment le philosophe belge Michel Feher sur les ondes françaises, cette vision découle d’une catégorisation du monde en deux classes : les producteurs et les parasites. Les producteurs, selon eux, sont ceux qui créent et vivent des fruits de leur travail – qu’il s’agisse de travailleurs, de paysans, de commerçants ou d’industriels. Ces derniers peuvent être riches ou pauvres, mais ceux qui ne produisent rien sont qualifiés de parasites, vivant aux dépens des producteurs.

Le classement entre producteurs et parasites

Au sein de cette dichotomie, les producteurs identifient deux types de parasites : les riches, tels que les spéculateurs qui profitent de l’argent d’autrui, et les intellectuels, comme les universitaires et les journalistes, qui tirent profit de leurs discours souvent jugés creux. De l’autre côté, ils distinguent aussi les pauvres, tels que les chômeurs et les réfugiés, qui nécessitent une aide.

Pour ces électeurs d’extrême droite, ils se perçoivent non seulement comme des producteurs, mais également comme représentant ce qu’ils considèrent être le ‘vrai peuple’, même si une grande majorité de leurs concitoyens ne vote pas pour eux. Cette vision déformée dessine une société qu’ils imaginent comme une sorte de tonneau ovale, où le cœur rebondi constitue les producteurs, et les extrémités plus fines représentent les parasites.

Des tensions sociales croissantes

Ce Manichéisme entre producteurs et parasites n’est pas nouveau ; il remonte à la distinction ancienne entre travail et capital, essentielle dans le marxisme. Les partis d’extrême droite attirent un large soutien de la classe ouvrière, qui estime que le capital devrait profiter aux travailleurs plutôt qu’aux investisseurs et aristocrates, souvent qualifiés de parasites. Les anciens ouvriers, lassés du socialisme traditionnel dirigé par des politiciens diplômés, se tournent vers des partis tels que le RN et la FPÖ, où ils rencontrent des nationalistes persuadés que les parasites sapent la culture nationale.

Après la Seconde Guerre mondiale, il était longtemps tabou d’exprimer de telles opinions, mais avec la montée de la FPÖ, ce discours refait surface, notamment parce que le parti trouve ses origines dans une formation politique créée après 1945 pour représenter même les ‘anciens’ nazis.

Rancœurs profondes au sein de la société

Il est courant d’entendre qu’il faut faire preuve de compréhension envers la colère des électeurs d’extrême droite, mais cette colère dissimule également des rancœurs sociales, financières, culturelles et raciales. Un mélange toxique qui nécessite une prise de distance claire de la part des partis politiques centristes traditionnels.

Caroline de Gruyter commente régulièrement les enjeux politiques en Europe et souligne l’importance d’une prise de conscience collective face à ces défis sociétaux.

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