Des avancées prometteuses dans la recherche sur le cancer buccal
Des chercheurs de l’Université Macquarie ont mis au jour de nouvelles informations sur la manière dont les cellules du cancer buccal peuvent bloquer la réponse immunitaire de l’organisme. Cette découverte pourrait conduire à de meilleurs traitements pour cette maladie agressive.
Une étude révélatrice publiée dans le _Journal of Oral Biosciences_
Leurs recherches, récemment publiées dans le Journal of Oral Biosciences, se sont concentrées sur les interactions protéiques au sein des cellules du cancer buccal qui pourraient empêcher nos cellules immunitaires d’attaquer ces tumeurs. Le cancer buccal représente le sixième cancer le plus courant en Australie et est le plus fréquent en Inde. Les formes avancées de ce type de cancer sont difficiles à traiter, avec une survie typique de moins de 12 mois pour les patients.
Le Dr Rajdeep Chakraborty, auteur principal et chercheur au sein du département de biosciences appliquées à l’Université Macquarie, souligne que cette étude fournit des indices essentiels sur la façon dont le cancer buccal échappe au système immunitaire. « Nous avons pensé qu’il pouvait exister des protéines dans les cellules cancéreuses buccales agissant de concert pour réduire l’attaque des cellules immunitaires », a-t-il déclaré.
Résistance aux traitements
Le cancer buccal englobe les cancers des lèvres, de la langue, des joues, de la bouche, du palais, des sinus et de la gorge. Parmi les facteurs de risque figurent la consommation de tabac, l’usage excessif d’alcool et l’infection par le HPV. L’identification précoce du cancer buccal peut significativement améliorer les taux de survie, mais les maladies avancées demeurent très difficiles à traiter efficacement.
L’immunothérapie, qui vise à stimuler les défenses naturelles de l’organisme contre le cancer, a montré des résultats prometteurs pour certains types de cancers, mais a eu un succès limité dans le cas du cancer buccal. Cette nouvelle recherche pourrait contribuer à expliquer ces échecs et à orienter de nouvelles approches thérapeutiques.
Les scientifiques se sont penchés sur une protéine appelée ‘transducteur de signal et activateur de transcription 3’, abrégé en STAT3, qui favorise la croissance des cellules de cancer buccal. L’équipe a utilisé des techniques protéomiques avancées afin d’explorer les interactions de STAT3 avec d’autres protéines dans les cellules cancéreuses buccales.
« Nos découvertes suggèrent que STAT3 et ses partenaires protéiques agissent possiblement comme des confondants, camouflant ainsi les cellules cancéreuses face aux traitements anticancéreux », indique le Dr Chakraborty.
Modèle de cancer en 3D
Pour cette recherche, le Dr Chakraborty a développé un nouveau modèle de cancer tridimensionnel, maintenant breveté. Ce modèle élabore une interaction entre les cellules cancéreuses et les cellules immunitaires, contrairement aux modèles murins souvent inadaptés pour la recherche humaine.
Les chercheurs ont ensuite utilisé la spectrométrie de masse sur ces modèles 3D pour identifier les protéines interagissant avec STAT3. Ils ont constaté que STAT3 était beaucoup plus présent dans tous les types de cellules cancéreuses étudiés que dans les cellules buccales normales. Une autre protéine, le récepteur du facteur de croissance épidermique (EGFR), était étroitement liée à STAT3 dans les cellules de cancer buccal, tout comme plusieurs autres protéines impliquées dans le contrôle du système immunitaire, dont certaines sont connues pour le réprimer.
Cette analyse révèle que STAT3 et ses protéines partenaires pourraient jouer un rôle dans des voies permettant au cancer d’échapper au système immunitaire.
Nouvelles options de traitement
Le Dr Chakraborty affirme que cette recherche ouvre de nouvelles perspectives pour le traitement du cancer buccal, particulièrement en ce qui concerne la résistance aux médicaments. L’équipe explore actuellement des combinaisons de traitements, telles que l’association d’anticorps monoclonaux ou d’anticorps ingénierés contre STAT3 avec un traitement ciblant EGFR. « Les premiers rapports de phases un et deux indiquent que cela fonctionne », précise-t-il.
Cette étude met en lumière de potentielles nouvelles cibles médicamenteuses qui pourraient renforcer la réponse immunitaire contre les cellules de cancer buccal. Les résultats pourraient également expliquer pourquoi certains cancers buccaux développent une résistance aux traitements d’immunothérapie existants.
Le professeur associé Fei Liu, de l’École des sciences naturelles de l’Université Macquarie, participe également à cette recherche. Elle mentionne que l’équipe a utilisé diverses techniques, y compris la culture cellulaire en 3D et l’analyse protéomique, pour mieux comprendre les interactions protéiques dans un modèle qui simule l’environnement réel des tumeurs.
« Cette approche multidisciplinaire a permis aux chercheurs d’examiner des interactions protéiques potentiellement inattendues dans un modèle qui réfléchit mieux la réalité des tumeurs », souligne le professeur Liu.
Plus de recherches sont nécessaires pour confirmer ces résultats et développer des thérapies potentielles. « C’est une première étape importante, mais nous devons maintenant valider ces interactions protéiques et déterminer si leur ciblage peut renforcer les réponses immunitaires anti-tumorales », conclut le Dr Chakraborty.
Résistance médicamenteuse
« Nos données préliminaires pourraient éclairer pourquoi les cancers buccaux agressifs deviennent souvent résistants au céTuximab, l’un des traitements ciblés principalement approuvés par la FDA », révèle le Dr Chakraborty. « Nous espérons que cette recherche ouvrira la voie à de nouveaux développements médicamenteux et apportera de l’espoir aux patients atteints de cancer buccal, en particulier ceux souffrant de formes agressives qui présentent actuellement un pronostic très défavorable. »