Implication mystérieuse de Moscou dans l’attaque iranienne sur Israël
Les journaux suisse « Le Temps » et français « Le Figaro » ont convenu que la Russie était peu encline à condamner [l’attaque perpétrée par l’Iran contre Israël](/encyclopedia/2024/4/14/%D8%A3%D9%88%D9%84-%D9%87%D8%AC%D9%88%D9%85-%D8%A5%D9%8A%D8%B1%D8%A7%D9%86%D9%8A-%D8%B9%D9%84%D9%89-%D8%A5%D8%B3%D8%B1%D8%A7%D8%A6%D9%8A%D9%84), et que Téhéran avait bénéficié de l’expérience de la Russie en matière de frappes aériennes à large échelle, bien que leurs approches diffèrent en termes de traitement et de certains détails.
« Le Temps » a mentionné les échanges verbaux entre l’ambassadrice israélienne à Moscou, Simona Galperin, déclarant : « Nous attendons de nos collègues russes qu’ils condamnent l’attaque iranienne sans précédent sur le territoire israélien ».
Implication de Moscou
Parlant au nom de la diplomatie russe, Maria Zakharova a répondu avec véhémence en disant : « Simona, rappelle-moi quand Israël a condamné, ne serait-ce qu’une seule frappe de la part du régime de Kiev contre des zones russes ? Tu ne t’en souviens pas ? Moi non plus, mais je me souviens des déclarations régulières des responsables israéliens soutenant des actions criminelles et terroristes commises dans la rue Bankova », faisant référence au siège de la présidence à Kiev.
Le journal a souligné que c’est la position que semble adopter Moscou cette fois-ci, tandis que les médias russes ont salué « la mesure ferme et réfléchie » du régime iranien, se moquant de la faiblesse américaine.
Attaque symbolique?
Quant à l’attaque elle-même, les analystes ont tendance à minimiser son impact, la décrivant comme « symbolique » voire comme un « deal » tacite entre les principaux acteurs, permettant à l’Iran de « sauver la face » sans déclencher une « troisième guerre mondiale ». Cependant, selon eux, « avant tout, c’est pour nous une excellente occasion d’évaluer l’efficacité des armes iraniennes ».
Des experts russes ont indiqué que l’attaque de Téhéran est directement inspirée de la stratégie russe de « frappes multi-moyens » en Ukraine, au point que certains se demandent si les Iraniens n’ont pas fait appel à des conseillers militaires russes, soulignant que ces frappes visent à causer un maximum de dégâts.
La stratégie des vagues successives de drones, selon le journal, permet aux experts russes d’effectuer une « reconnaissance par l’attaque de la zone de combat », obligeant les systèmes de défense aérienne ennemis à agir et révélant ainsi leurs positions, similaire à ce que l’armée russe fait avec ses drones en Ukraine pour détruire les batteries de Patriot.
« Grâce à cette attaque, l’Iran a certainement pu se faire une idée du fonctionnement des défenses aériennes dans la région dans son ensemble, et pas seulement du Dôme de fer israélien », a déclaré Sasha Kuts, correspondante du quotidien « Komsomolskaya Pravda ».
Sur la base de cette connaissance, de nouvelles attaques plus efficaces peuvent être planifiées.
Opération d’équilibre
De son côté, « Le Figaro » a mis en lumière la référence de Moscou à une « opération de légitime défense » de la part de l’Iran, après avoir « condamné fermement » la frappe israélienne à Damas il y a deux semaines.
Certains médias officiels russes ont affirmé que plus la fièvre monte au Moyen-Orient, plus la situation de la Russie s’améliore.
David Tourtray, chercheur à l’Institut catholique des hautes études, a déclaré que Moscou mène « une opération d’équilibre complexe au Moyen-Orient, car s’engager dans l’escalade compliquerait la situation pour les forces armées russes présentes en Syrie ».
Selon Igor Delanoy, directeur adjoint de l’Observatoire franco-russe, la crise pourrait « perturber la navigation maritime et les exportations russes », tout en incitant les puissances régionales à rechercher des armes nucléaires, ce qui ne convient pas à la Russie.
« Le Figaro » a souligné que David Tourtray et Igor Delanoy excluent que ce que certains ont remarqué comme des similitudes entre l’attaque iranienne et les méthodes utilisées par les Russes en Ukraine soit dû à une recommandation de Moscou à Téhéran concernant ce plan, car la Russie et Israël, selon Igor Delanoy, ne veulent pas de « rupture » et « renoueront des relations plus amicales dès que les tensions se seront dissipées ».
David Tourtray élargit le contexte pour inclure l’ensemble de la région, où, selon lui, Moscou exerce un rôle d’arbitre, c’est-à-dire la seule grande puissance à dialoguer avec tous dans la région, sans avoir d’intérêt à choisir un camp plutôt qu’un autre en cas d' »incendie ».