Corée du Sud lance une enquête sur le drame d’Halloween 2022
Le Parlement sud-coréen a adopté une loi pour mener une nouvelle enquête indépendante sur l’incident survenu lors de la fête d’Halloween 2022 dans la capitale, Séoul, qui a coûté la vie à plus de 150 personnes.
Le jeudi, l’Assemblée nationale à chambre unique, dirigée par l’opposition, a approuvé la mesure par un vote bipartite avec 256 voix pour, trois abstentions et aucune opposition. Une fois signée par le Président Yoon Suk-yeol, ce qui est considéré comme une formalité, la loi entrera en vigueur.
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La législation va créer un comité d’enquête composé de neuf membres chargés d’examiner les causes de l’incident, la gestion par les autorités et d’établir les responsabilités, un processus qui pourrait durer jusqu’à 15 mois.
La tragédie s’est déroulée le 29 octobre 2002, lorsque des fêtards ont envahi les ruelles étroites du quartier nocturne populaire d’Itaewon à Séoul pour célébrer le premier Halloween sans restrictions liées au COVID-19 depuis trois ans. Près de 200 personnes ont été blessées dans la bousculade qui s’en est suivie, la plupart des victimes ayant entre 20 et 30 ans.
La colère vis-à-vis du gouvernement pour avoir négligé les questions de sécurité et de réglementation a monté après la catastrophe.
La police a été vivement critiquée par le public et soumise à un examen minutieux pour sa réaction, n’ayant déployé que 137 agents dans la zone alors qu’elle estimait à l’avance que jusqu’à 100 000 personnes allaient se rassembler.
En 2023, une enquête spéciale de la police a conclu que les forces de l’ordre et les responsables municipaux n’avaient pas mis en place de mesures efficaces de contrôle de foule.
Les enquêteurs ont également déclaré que la police avait ignoré les appels à la hotline de piétons qui avaient mis en garde contre l’afflux de foule avant que la bousculade ne devienne mortelle.
Les familles endeuillées et les députés de l’opposition réclament une enquête indépendante, car peu de personnes ont été tenues pour responsables de l’incident, malgré plus de 20 policiers et autres responsables en procès.
En janvier, les procureurs ont inculpé Kim Kwang-ho, l’ancien chef de la police métropolitaine de Séoul, pour négligence en ne s’assurant pas qu’il y avait suffisamment d’agents sur place. Il a nié toute faute.
Deux anciens hauts responsables de police ont été condamnés en février pour avoir détruit des preuves liées à l’incident.
Selon la nouvelle loi, une fois le comité détermine les responsabilités et les personnes à poursuivre en justice, il les transmettrait aux agences d’enquête du gouvernement. Ces agences concluraient ensuite les investigations des suspects dans un délai de trois mois.
Une précédente loi, soutenue par le parlement dirigé par l’opposition, avait été vetée par Yoon en janvier en raison de désaccords sur les pouvoirs du comité, notamment sur la possibilité pour le comité d’enquête de demander des mandats d’arrêt.
Cependant, lors d’une réunion lundi avec le chef de l’opposition Lee Jae-myung du Parti démocratique, Yoon a déclaré qu’il ne s’opposerait pas à la loi si les désaccords étaient résolus.
Ce changement de cap de Yoon intervient alors qu’il est confronté à des appels de plus en plus pressants du public pour coopérer avec le parti de Lee, qui a remporté une victoire écrasante lors des élections du 10 avril.
Lors d’une réunion avec le Parti du pouvoir du peuple de Yoon mercredi, le parti de Lee a accepté de supprimer les clauses litigieuses du projet de loi, notamment en accordant au comité un pouvoir d’enquête complet.