Abou Ghraib, enfin une affaire de torture devant la justice US
Une cour fédérale en Virginie a commencé hier, lundi, à examiner l’affaire de la torture de détenus au pénitencier d’Abou Ghraib en Irak, vingt ans après ces atrocités commises par l’armée et la CIA américaine.
La cour se penchera sur l’affaire « Al-Shamari et autres contre la société Unified Analysis Center (CACI) », intentée par le « Center for Constitutional Rights » américain au nom de trois Irakiens victimes de la torture.
La plainte contre la société CACI
La plainte vise la société de sécurité privée, CACI, engagée par le gouvernement américain en 2003 pour interroger les prisonniers en Irak, accusée d’implication dans la direction et la participation à la torture et aux autres violations à Abou Ghraib.
Les hommes réclament des réparations pour compenser les dommages et la punition des accusés.
La société a tenté à vingt reprises de convaincre la cour de ne pas examiner l’affaire depuis son dépôt initial en 2008.
La justice en action
L’organisation Human Rights Watch affirme que le seul motif ayant permis de poursuivre ce procès est qu’il cible un entrepreneur militaire, pointant du doigt le refus des tribunaux américains d’entendre des affaires similaires contre le gouvernement fédéral en raison d’une loi de 1946 accordant l’immunité aux forces américaines dans les poursuites pendant la guerre.
L’organisation critique le gouvernement américain pour son absence de programme officiel de réparation ou de toute autre forme de réparation pour ceux qui prétendent avoir été torturés ou maltraités.
Elle salue l’acceptation de la plainte comme « un pas crucial vers la justice pour ces trois hommes enfin présentés devant la cour », tout en soulignant qu’ils font partie des « chanceux », des centaines d’autres survivants qui continuent de subir les sévices passés ont peu de chances d’obtenir justice.
Elle ajoute que « le gouvernement américain doit faire ce qui est juste : assumer la responsabilité de ses violations, présenter des excuses et ouvrir des voies de réparation pour ceux qui ont été privés de justice depuis des années ».