Israël prépare un budget d’urgence face à une éventuelle crise budgétaire
Le ministère des Finances en Israël élabore un budget d’urgence pour 2025, en cas de refus du gouvernement d’adopter le budget ordinaire en raison de divergences politiques, révèle le quotidien économique Globes, citant une source bien informée.
Initialement, le gouvernement devait approuver le projet de budget cette semaine, mais aucun cadre budgétaire n’est actuellement en place. Le plan d’urgence, dirigé par le directeur général du ministère des Finances, Shlomi Haisler, comprend une liste de réformes et d’amendements législatifs visant à réduire les dépenses publiques avant la mise en œuvre du budget d’urgence.
Détails des mesures budgétaires
La gamme de mesures proposées par le ministère des Finances se chiffre entre 20 milliards de shekels (5,3 milliards de dollars) et 25 milliards de shekels (6,62 milliards de dollars), représentant un peu plus de 1 % du produit intérieur brut (PIB). Parmi les mesures, on trouve la fusion de deux tranches de l’impôt sur le revenu, ce qui entraînerait une augmentation de l’impôt pour les travailleurs à faible revenu.
- Actuellement, les salariés percevant moins de 7010 shekels (1860 dollars) paient un impôt de 10 %.
- La deuxième tranche, pour ceux qui gagnent jusqu’à 10060 shekels (2670 dollars), est imposée à 14 %.
- Cette modification pourrait augmenter les recettes annuelles de l’État d’environ 2 milliards de shekels (530 millions de dollars).
Le plan prévoit également un gel des mises à jour diverses, afin d’éviter une augmentation automatique des dépenses publiques à compter du 1er janvier. Ainsi, toutes les mises à jour des taux d’imposition, des crédits d’impôt, des taux d’imposition foncière, des prestations d’assurance nationale et de l’ajustement du salaire minimum seront gelés.
Réactions et implications
Selon Globes, ces mesures ne sont pas la pire des options, car elles n’imposent pas de nouveaux impôts aux citoyens, mais privent temporairement de nouveaux avantages financiers. Cependant, le gel des augmentations salariales prévues pour des centaines de milliers d’employés du secteur public l’année prochaine pose un défi majeur, nécessitant l’accord du président de la Histadrout, Arnon Bar David, pour modifier l’accord-cadre signé.
La liste comprend aussi des mesures répétées visant à supprimer les exonérations fiscales, qui avaient été tentées sans succès précédemment :
- Suppression de l’exonération fiscale sur les importations personnelles d’une valeur allant jusqu’à 75 dollars, ciblant principalement les achats en ligne.
- Révision de l’exonération de la taxe sur la valeur ajoutée pour le tourisme entrant.
- Imposition d’une taxe sur valeur ajoutée pour les services numériques étrangers, souvent appelée « taxe Netflix ».
Vers une adoption nécessaire
Le journal rapporte que les hauts responsables du ministère des Finances ont organisé trois discussions sur ce sujet. Un résumé final de la planification sera présenté d’ici le 22 août, et les détails juridiques devraient être finalisés avec le ministère de la Justice d’ici le 1er septembre. La préparation des propositions législatives sera achevée le 15 septembre.
Le ministre des Finances, Betzalel Smotrich, n’est pas directement impliqué dans le plan d’urgence, mais en est conscient. Cependant, pour que le plan soit exécuté, il devra obtenir l’aval des responsables politiques.
Ce plan soulève des interrogations : si les responsables politiques évitent les mesures impopulaires, pourquoi approuveraient-ils le paquet proposé par le ministère des Finances ? Les sources évoquent que finalement, ils n’auront pas d’autre choix.
Les prévisions indiquent que des dépenses supplémentaires de plusieurs dizaines de milliards de shekels sont déjà envisagées dans le budget de la défense, même dans un scénario optimiste où il n’y aurait pas de guerre au Liban et à Gaza en 2025. De plus, la crainte de nouveaux abaissements de la note de crédit et l’impact sur la position d’Israël parmi les investisseurs étrangers pourraient pousser le gouvernement à opérer des « réductions non volontaires » à la dernière minute.
Si tel est le cas, les professionnels du ministère des Finances disposeront d’un plan prêt à être mis en œuvre.