Réflexion sur « Ferme les Yeux », une lueur de vie par Momen Almalla
Le réalisateur syrien Momen Almalla n’avait jamais osé affirmer que le drame dans son pays était devenu « une profession lucrative, rendant difficile la présentation d’un art authentique à travers elle ».
Cette déclaration controversée, qui a suscité un débat, a été faite par le réalisateur syrien. Dans cet entretien avec Al Jazeera Net, il a été questionné sur le moment où le drame devient une source de profit et quand il réussit à ajouter une valeur artistique et vitale. Sa réponse fut la suivante : « Tous les acteurs du drame dans notre pays savent que l’objectif principal est le gain financier, et nous, les artisans, devons offrir – pendant que nous gagnons notre vie – du plaisir et de divertissement, tout en essayant d’incorporer une valeur artistique à notre contenu dramatique, dans l’espoir qu’elle influence la société malgré toutes les difficultés, car la censure est stricte, nous avons de grands problèmes avec le capital à la base, et d’autres conditions difficiles ! Personnellement, j’essaie de présenter un contenu humanitaire profond dans lequel je tire ma subsistance ».
Une nouvelle approche artistique
Cette saison, Almalla se prépare pour la première fois loin de l’atmosphère syrienne habituelle, surtout après avoir déjà exploré longuement ce type de drame.
Cependant, une nouvelle ère commence pour le réalisateur Momen Almalla, qui présente cette année la série « Ferme les Yeux », écrite par Loai Al-Nouri et Ahmad Al-Malla, mettant en vedette Abdelmenem Amayri, Amal Arafah, Mona Wasef, et Ahmad Al-Ahmad. La série est diffusée sur la plateforme « Shahid » et la télévision saoudienne.
Une crise de communication
« Ferme les Yeux » aborde un sujet délicat et complexe en plongeant dans une pure question humanitaire, car elle raconte l’histoire de « Joud », un enfant atteint de l’autisme, ayant des difficultés sensorielles dans la communication et la parole. Vivant avec sa mère, « Hayat », après que son père les ait abandonnés. Contrainte de le laisser seul face à ce monde impitoyable, sa mère doit confier la tâche difficile à « Mounir », un homme de cinquante ans, professeur de mathématiques, dont le comportement est empreint de douceur, de pacifisme et d’affection envers tous, et est devenu seul après avoir perdu sa femme et son jeune fils dans un accident de voiture. Un lien fort mais incompréhensible se forme entre Joud et Mounir, mais ce dernier sera confronté à de nombreux défis pour garder l’enfant en sécurité.
La série relate le voyage de Joud et Mounir face aux défis rigoureux pour continuer la vie. Joud grandit loin de sa mère et parvient à étudier à l’université après une longue lutte. Les conflits évoluent, les relations changent de manière inattendue avec l’apparition de nouveaux personnages dans la vie de Joud, le retour de sa mère, l’évolution des événements et des questions profondes.
Une approche humanitaire
Almalla explique le choix de sujets difficiles liés à un enfant autiste en soulignant que depuis des années, il se pose une question à laquelle il n’a pas trouvé de réponse précise, sur la faiblesse de la communication entre les individus dans la plupart des cas. Cela l’a amené vers le trouble du spectre autistique, décrit comme un trouble de la communication. Il a étudié ce sujet avec son équipe et a conclu que la plupart des gens peuvent rencontrer des problèmes de communication, mais certains sont diagnostiqués avec ce trouble. Cela l’a incité à présenter une œuvre qui parle de cette différence, pour raconter l’histoire de ceux qui ont des difficultés de communication, pour les entourer de chaleur et de réconfort, car on ne peut surmonter ce handicap qu’à travers la chaleur et la tranquillité. De là est née l’idée de la série « Ferme les Yeux », afin de transmettre plusieurs messages, en mettant en avant que nous sommes tous différents mais que nous pouvons résoudre ce problème en offrant une dose supplémentaire d’amour les uns aux autres.
Une approche artistique innovante
La série « Ferme les Yeux » semble s’écarter des conventions habituelles du suspense et de la promotion marketing, en nageant à contre-courant, tout en évitant la violence et en renonçant à l’excitation artificielle pour captiver le public par des thèmes nouveaux et profonds.
Malgré les défis de produire ce type d’œuvre, Almalla a réussi à diffuser « Ferme les Yeux » cette saison sur Shahid et la télévision saoudienne, surmontant ainsi les difficultés commerciales anticipées. Il conclut en déclarant : « J’avais peur de la réaction du public après des années d’hégémonie des œuvres sensationnelles, mais j’ai été agréablement surpris de l’intérêt sincère de nombreuses chaînes et plateformes pour ce type de drame, créant ainsi un enthousiasme et un désir profond de poursuivre avec des projets humanitaires similaires ».
Quant à ses prochains projets télévisuels, Almalla précise qu’il envisage de collaborer avec de jeunes talents tout en se concentrant sur des œuvres qualitatives, à l’opposé des productions conventionnelles actuelles, dans le but de présenter un projet prometteur porteur de nos pensées, de nos sentiments et de nos compétences dans ce domaine, avec une annonce imminente à ce sujet.