Chirurgien britannique d’origine palestinienne dénonce : Gaza, une zone invivable ciblée par Israël
Le chirurgien britannique d’origine palestinienne, Ghassan Abou Sittah, a affirmé qu’Israël cherche à rendre Gaza inhabitable, notamment en visant les hôpitaux.
Spécialiste en chirurgie plastique et reconstructive, Abou Sittah a déclaré à l’agence Anadolu qu’il s’était rendu à Gaza via l’Egypte avec l’organisation Médecins Sans Frontières le 9 octobre, deux jours après le début de l’offensive israélienne sur l’enclave.
Il a souligné les efforts considérables déployés pour servir les habitants de Gaza malgré les ressources médicales limitées des hôpitaux, jusqu’au 18 novembre.
La bataille juridique contre les attaques sur les infrastructures médicales
Abou Sittah, lauréat du prix de la chaîne turque TRT pour le Citoyen du Monde, soutient qu’Israël vise à priver Gaza de services vitaux.
Actuellement aux Pays-Bas pour poursuivre les actions judiciaires devant la Cour Pénale Internationale et la Cour Internationale de Justice à La Haye, il a évoqué la situation des hôpitaux à Gaza et les difficultés médicales rencontrées durant son séjour.
Un missile fatal lors d’une soirée meurtrière
Le chirurgien a également mentionné une soirée tragique où un missile a frappé un abri où se réfugiaient de nombreuses familles, vers 18 heures, tuant environ 480 personnes.
Abou Sittah a expliqué que les politiques et les commandants militaires israéliens agissaient de manière explicite pour rendre Gaza invivable.
Ils souhaitent, selon lui, nettoyer Gaza de ses habitants et l’une des méthodes les plus efficaces est de détruire le secteur de la santé.
Il a fait référence à la pénurie de fournitures médicales dans Gaza depuis le début de la guerre, avec une rupture de stock en morphine et en anesthésiants utilisés pour soulager la douleur lors des interventions chirurgicales.
Des interventions douloureuses sans anesthésie
Regrettant de ne pouvoir opérer de nombreux patients, il a constaté que de nombreux blessés souffraient d’infections, l’unique solution pour éviter l’aggravation de leurs plaies et la mort des patients étant de procéder à de douloureux nettoyages de leurs blessures en l’absence d’anesthésie.
Les conditions de travail à Gaza sont devenues extrêmement difficiles en raison des bombardements et de l’évacuation des hôpitaux.
Les patients étaient transférés d’un hôpital à l’autre, ce qui a compliqué le suivi médical.
Après la destruction de l’hôpital Al-Shifa et la conversion de l’hôpital baptiste en seul établissement fonctionnel à Gaza, ils ont tenté de traiter 500 blessés, coupés du monde extérieur pendant plusieurs jours.
Abou Sittah a parlé avec émotion de la bravoure de Monstaser al-Sawaf, le photographe de l’agence Anadolu, qui a réalisé une entrevue avec lui quelques jours avant d’être tué dans un raid aérien israélien.
Ciblage du personnel médical
La guerre israélienne à Gaza aurait coûté la vie à 300 médecins et infirmiers.
Abou Sittah, décrivant son quotidien à Gaza, a mentionné la difficulté émotionnelle de s’occuper des nombreux enfants blessés, en opérant 10 à 12 chirurgies par jour jusqu’à 1 heure du matin.
Il prévoit de se rendre prochainement en Turquie pour recevoir le prix de la chaîne TRT World.
Depuis le 7 octobre 2023, Gaza connaît une guerre dévastatrice menée par l’armée israélienne, ayant fait à ce jour 24 762 morts et 62 108 blessés et provoqué le déplacement de près de 1,9 million de personnes, soit plus de 85 % des habitants de l’enclave, selon les autorités locales et les Nations Unies.