Activités pour Malades d’Alzheimer – Stimuler et Occuper en Douceur

La maladie d’Alzheimer affecte non seulement la mémoire, mais aussi la cognition et l’identité des personnes concernées. Petit à petit, ces dernières perdent en autonomie, oublient les visages familiers et les évènements marquants de leur vie. Le quotidien se complique, et les proches ont souvent du mal à occuper les malades ou à entretenir un lien. Heureusement, même en période de turbulence, lorsque la maladie atteint un stade sévère, certaines activités peuvent stimuler les fonctions cognitives des patients, améliorer leur qualité de vie, et initier des moments de joie et de lumière. Quelles sont-elles ? Et comment bien les intégrer au quotidien ? Nous faisons le point avec Brigitte Perraud, fondatrice de l’association Alzheimer Aidants, et Alexandra Derrien, neuropsychologue au sein de l’hôpital Sainte-Musse, à Toulon.

Pourquoi est-il si important de stimuler les malades ?

Ce n’est parce que les personnes malades d’Alzheimer perdent la mémoire, leurs capacités de communication ou leurs capacités à se mouvoir qu’il faut les laisser patienter tranquillement dans leur coin ! Contrairement à ce que l’on pourrait penser, toute stimulation est susceptible de raviver des souvenirs, d’améliorer la coordination, de favoriser le dialogue et de susciter des émotions positives. Dans le détail :

• La stimulation cognitive aide à ralentir la progression de la maladie en préservant les capacités mentales restantes.
• La stimulation mentale peut améliorer la qualité de vie des malades en les aidant à se sentir plus inclus dans le monde qui les entoure, en réduisant leur frustration et en favorisant leur bien-être général.
• En maintenant les capacités fonctionnelles et cognitives autant que possible, la stimulation peut favoriser l’autonomie et retarder la dépendance aux soins aussi longtemps que possible.
• Participer à des activités stimulantes peut aider à renforcer les liens sociaux et émotionnels en créant des moments de connexion et de partage (aussi bien entre les malades qu’entre les malades et leurs proches).
• La stimulation physique peut aussi aider les patients à prendre du plaisir, à maintenir leur mobilité, à améliorer leur humeur et à prendre confiance.
• Enfin, la stimulation cognitive et sociale contribue à réduire les comportements tels que l’agitation et l’agressivité en offrant une opportunité d’expression de la frustration et de l’anxiété.

Connaître leurs besoins et leurs envies pour leur faire plaisir

Les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer ont besoin de pratiquer des activités physiques, manuelles et cérébrales. « Mais avant de leur proposer une activité, encore faut-il savoir ce qu’elles apprécient, souligne Alexandra Derrien. Ainsi, elles pourront s’investir plus volontiers et profiter pleinement des activités en question. »

Prenez le temps de questionner et d’observer la personne malade pour comprendre ce qu’elle aime et ce qui lui procure du plaisir (cela peut inclure ses intérêts passés, ses chansons préférées, etc). Ses préférences et ses besoins peuvent changer : ce qui lui plaisait autrefois ne l’intéresse plus forcément et de nouvelles activités peuvent éveiller son intérêt. Faites donc preuve d’écoute, de patience et de flexibilité !

À noter : pour être efficaces, ces activités doivent être effectuées régulièrement, mais sans excès. Des activités trop longues ou trop intenses peuvent engendrer de la fatigue et du stress !

Quelles sont les meilleures activités de loisir à faire avec une personne atteinte d’Alzheimer ?

Il existe de nombreuses activités adaptées aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Comme indiqué ci-dessus, toutes doivent être adaptées aux intérêts, aux capacités et aux préférences individuelles de chaque malade. « Les loisirs et les moments de détente sont extrêmement importants pour les personnes qui souffrent d’Alzheimer. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, elles peuvent encore prendre du plaisir, mais leur manière de s’amuser ou de se détendre diffère de leur ‘vie d’avant' », souligne Brigitte Perraud.

L’art thérapie

L’art-thérapie désigne une forme de thérapie qui utilise le processus créatif pour améliorer le bien-être émotionnel, mental et physique. Cette pratique peut être particulièrement bénéfique pour plusieurs raisons :

• L’art-thérapie permet une forme de communication non verbale qui facilite les échanges entre les personnes atteintes de démence avancée et leurs proches.
• S’engager dans des activités artistiques leur permet de renforcer leur concentration, d’entretenir leur mémoire et de stimuler leur capacité à régler des problèmes.
• L’art-thérapie offre aussi un espace sûr aux patients pour exprimer leurs émotions, leurs peurs et leurs angoisses qui peuvent être difficiles à exprimer verbalement.
• Enfin, le processus créatif peut favoriser un sentiment d’accomplissement et de fierté chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, renforçant ainsi leur estime d’elles-mêmes et leur bien-être général.

Vous l’aurez compris, l’objectif principal de l’art-thérapie n’est pas nécessairement de produire des œuvres d’art esthétiques, mais plutôt de faciliter l’exploration personnelle et la communication dans un environnement sûr, accueillant et sans jugement. Plusieurs activités artistiques se prêtent à l’exercice : la peinture, le dessin, le collage, la poterie, la couture, l’écriture ou encore la musique et le chant.

La musicothérapie

La musicothérapie a le pouvoir de transcender les barrières de la maladie d’Alzheimer. Écouter de la musique peut en effet raviver des souvenirs, stimuler la mémoire et améliorer l’humeur. N’hésitez pas à créer des listes de lecture avec les chansons préférées ou les morceaux favoris de vos proches et encouragez-les à chanter ou à jouer d’un instrument si possible.

• La musique peut en effet activer des régions du cerveau liées à la mémoire et aux émotions, ce qui peut stimuler la cognition. Même lorsque d’autres capacités cognitives sont altérées, la capacité de répondre à la musique peut souvent être préservée !
• La musique peut aider à calmer et à apaiser les malades, réduisant leur anxiété, leur stress et apaisant l’agitation et l’agressivité qui peuvent parfois accompagner la démence.
• Écouter de la musique en groupe ou participer à des séances de musicothérapie peut encourager les interactions sociales, ce qui peut être particulièrement bénéfique pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
• Dans certains cas, la musique peut aussi encourager le mouvement et la participation physique, ce qui peut être utile pour maintenir la mobilité et la coordination des malades.

La muséothérapie

La muséothérapie est une nouvelle approche thérapeutique qui consiste à profiter des visites de musées et des interactions avec la culture pour améliorer le bien-être et la qualité de vie des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Elle considère les musées, leurs galeries et leurs collections comme un lieu de soin à part entière : le fait d’observer et de commenter des œuvres d’art procure autant de bienfaits que le fait de déambuler dans un musée et d’écouter une médiatrice culturelle.

• En offrant la possibilité de discuter d’œuvres d’art et d’apprendre de nouvelles informations historiques ou culturelles, la muséothérapie stimule les fonctions cognitives.
• Les visites de musées et l’observation d’œuvres d’art peuvent aussi inspirer la créativité et encourager l’expression personnelle des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
• Les musées offrent un environnement calme et apaisant, loin des stimulations externes stressantes, ce qui peut apaiser les malades et les aider à se détendre.
• Ils proposent aussi une variété de stimuli sensoriels, engageant la vue, le son et parfois même le toucher, ce qui peut être agréable et stimulant pour les personnes malades.
• C’est l’occasion de partager un moment en compagnie d’autres personnes et de renforcer son estime de soi lorsque l’on reconnaît une œuvre et que l’on partage ses impressions.

De plus en plus d’organismes et d’associations proposent des sorties culturelles dans des environnements inclusifs, respectueux et stimulants. N’hésitez pas à vous renseigner !

Les puzzles, les jeux de mémoire et de réflexion

Les puzzles, les jeux de mémoire et de réflexion sont souvent recommandés pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.

• Ils aident à stimuler et à renforcer les compétences cognitives et fonctionnelles, aussi bien la mémoire, que la concentration, la résolution de problèmes, la reconnaissance de formes, la coordination motrice fine et la planification.
• Les puzzles et les jeux de mémoire sont aussi apaisants pour les personnes en proie à la maladie d’Alzheimer, car ils offrent une activité structurée et familière qui peut aider à réduire l’anxiété et le stress.
• Pour de nombreuses personnes, ces jeux sont aussi des activités agréables et engageantes qui leur offrent un sentiment de satisfaction et d’accomplissement.
• Bien que certaines de ces activités puissent être réalisées de manière individuelle, elles sont aussi l’occasion de partager et d’interagir avec d’autres personnes.

« N’oubliez pas que vous avez affaire à des adultes : évitez les jeux enfantins ! Vous pouvez par exemple miser sur des jeux de construction ou d’adresse, des jeux de cartes ou d’échecs, des jeux de mémoire, des casses-têtes, des sudokus, des jeux de lettres et de tri comme les mots croisés, les mots mêlés, le Scrabble, le Pictionnary ou le Memory, des jeux d’identification de lieux, de drapeaux ou de personnalités, etc. », conseille Alexandra Derrien. Commencez par des niveaux de difficulté adaptés et ajustez-les en fonction des progrès de la personne.

L’exercice et les activités physiques douces

L’adage « un esprit sain dans un corps sain » s’applique aussi pour les malades d’Alzheimer. L’exercice physique et les activités douces sont extrêmement bénéfiques pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Bien que ces activités ne puissent pas guérir la maladie, elles peuvent aider à améliorer la qualité de vie et à ralentir la progression des symptômes. L’exercice physique :

• améliore la mémoire, l’attention et d’autres fonctions cognitives des malades ;
• aide à réduire l’anxiété, la dépression, l’agitation et d’autres symptômes comportementaux associés à la maladie ;
• favorise un sommeil de meilleure qualité, ce qui peut contribuer à une meilleure humeur et à une meilleure cognition ;
• renforce les muscles et améliore l’équilibre, ce qui permet de maintenir la mobilité et de prévenir les chutes ;
• libère des endorphines, des hormones qui procurent une sensation de bien-être, réduit le stress et améliore l’humeur.

Plusieurs activités peuvent être bénéfiques, comme la marche, le yoga, le tai-chi, la psychomotricité, la natation, le stretching ou encore la danse. Elles doivent être adaptées aux capacités et aux intérêts des malades. Commencez par des activités douces et augmentez leur intensité ou leur durée progressivement en surveillant les signes de fatigue ou de surmenage.

Le jardinage thérapeutique

Le jardinage thérapeutique, qui implique de pratiquer des activités liées à la culture et à l’entretien de plantes aromatiques, de plantes d’intérieur ou de légumes, peut être plus bénéfique qu’on ne le pense :

• Le jardinage favorise la logique et la réflexion.
• Il offre une variété de stimuli sensoriels, tels que les textures des plantes, les parfums des fleurs et le contact avec la terre, ce qui peut stimuler les personnes malades.
• Le jardinage implique une gamme d’activités physiques douces, telles que la plantation, le désherbage, l’arrosage et la taille, qui peuvent aider à maintenir la mobilité, à renforcer les muscles et à améliorer la coordination des personnes malades.
• Le contact avec la nature peut être apaisant et revitalisant : le jardinage aide à réduire le stress, l’anxiété et la dépression, tout en favorisant une sensation de calme et de bien-être mental.
• Le jardinage offre également l’occasion d’apprendre et d’explorer, ce qui peut aider à stimuler les fonctions cognitives des personnes concernées par la maladie d’Alzheimer. Cela peut inclure la reconnaissance des plantes, l’apprentissage des techniques de jardinage et le suivi des progrès des plantes au fil du temps.
• Enfin, le jardinage est une forme d’expression créative et personnelle qui permet aux malades de partager des connaissances avec leurs proches ou d’autres personnes.

Cela dit, il est important de choisir des tâches adaptées aux capacités physiques et cognitives de chaque personne, en leur fournissant un soutien et une assistance lorsque cela est nécessaire.

La thérapie assistée par les animaux (zoothérapie)

La thérapie assistée par les animaux – ou zoothérapie – implique de mettre en contact les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer avec des animaux pour améliorer leur bien-être physique, émotionnel et social.

• L’interaction avec des animaux peut aider à réduire l’anxiété, le stress et l’agitation. Les animaux peuvent offrir un soutien émotionnel aux patients et être une vraie source de réconfort.
• La présence d’animaux peut stimuler les fonctions cognitives : les promenades, le toilettage, les séances de caresses, de jeux ou de nourrissage encouragent l’attention, la mémoire et la concentration.
• Les interactions avec des animaux peuvent aussi être source de plaisir et raviver le souvenir d’un animal perdu. Elles encouragent la communication et les interactions sociales avec les membres de leur famille et avec les autres résidents.

Bon à savoir : les séances de zoothérapie peuvent être organisées avec des chiens, des chats, des chevaux, mais aussi des animaux de ferme ou des rongeurs, comme les lapins ou les cochons d’Inde. Quoi qu’il en soit, les animaux doivent être habitués au contact et supervisés par des médiateurs.

Les activités « souvenirs » en famille ou entre amis

Les activités « souvenirs » en famille ou entre amis permettent de stimuler la mémoire et favorisent les interactions sociales, ce qui améliore le bien-être général et la qualité de vie des malades.

Vous pouvez, aux choix : parcourir des albums photo, regarder des vidéos de moments heureux et importants ou encourager les personnes atteintes d’Alzheimer à partager leurs souvenirs et leurs anecdotes. Écoutez les morceaux préférés de vos proches, visionnez leurs films préférés, laissez-les manipuler des objets familiaux, etc.

« Choisissez un lieu calme et confortable pour éviter les distractions. Faites preuve de patience et de bienveillance : l’important est de profiter du moment passé ensemble ! », note Alexandra Derrien.

Cuisine, rangement, ménage… Ne pas négliger les activités quotidiennes quand cela est possible !

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il ne faut pas s’évertuer à assister en permanence les patients. « Pour préserver au maximum leurs capacités cognitives et leur permettre de garder une certaine indépendance, il est essentiel de les missionner sur les différentes taches quotidiennes qu’ils peuvent encore réaliser », insiste Brigitte Perraud. Et Alexandra Derrien d’ajouter : « Les personnes qui souffrent de la maladie d’Alzheimer sont confrontées à des échecs et des frustrations répétés. Le fait de pouvoir encore réaliser certaines activités quotidiennes contribue à améliorer leur estime d’elles-mêmes et leur sentiment d’accomplissement ».

Les patients aussi peuvent aider

Toutes les tâches quotidiennes peuvent être prétexte à stimulation dans la mesure où elles sont adaptées aux capacités de chaque personne :

• En cuisine, vous pouvez par exemple les inciter à réunir et à mélanger des ingrédients, à couper des légumes simples, à mettre la table,