L’œuvre rare de Gao Xingjian, La Montagne de l’Âme
Les opinions ont divergé suite à l’annonce par l’Académie suédoise en 2000 de la distinction de l’écrivain chinois Gao Xingjian du prix Nobel de littérature pour son roman « La Montagne de l’Âme », devenant ainsi le premier écrivain chinois à le recevoir. L’annonce qualifia ce roman de « chef-d’œuvre littéraire rare et sans pareil ».
Cette diversité d’opinions a émergé car ceux qui se sont précipités pour lire ce roman après sa traduction en arabe se sont lancés à la découverte de ses 81 chapitres, occupant 798 pages. Ils ont cherché le secret qui a poussé l’académie prestigieuse à lui attribuer cette description, malgré le recours de l’auteur à des techniques narratives jusqu’alors peu communes.
Un Héros Mystérieux
Le roman suggère que le héros décide de se retirer de la vie après avoir découvert qu’il était atteint d’une maladie grave pour ensuite réaliser que le diagnostic ultérieur des médecins était erroné. Sa vie prend alors un chemin différent, croyant en un renouveau possible, il part pour les montagnes de Chine pour contempler des paysages inédits. Son voyage devient une exploration de soi et du monde intérieur, transformant ce héros en un être introspectif cherchant une signification profonde.
De la Peinture à la Littérature
Dans les années 70 et 80, Gao Xingjian a mené plusieurs batailles intellectuelles, émigrant en France en 1987 après avoir subi l’hostilité due à la Révolution culturelle en Chine. Malgré la reconnaissance moindre qu’il a reçue face aux écrivains dissidents occidentaux, il a poursuivi son voyage artistique, passant de l’écriture détruite par la révolution à la peinture pour gagner sa vie.
Il estime que la littérature doit être une voix personnelle, née d’une nécessité intérieure. Pour lui, « l’art reflète le besoin de se réaliser, constituant un dialogue avec soi-même, le premier pas vers la littérature, car l’écrivain ne doit pas s’exprimer au nom des autres ou de la justice ».
Le Développement de la Forme Littéraire
Gao Xingjian défend la modernité en littérature et prône le développement de nouvelles formes d’écriture, comme le courant de la conscience, abandonnant les intrigues conventionnelles pour une écriture dénuée d’influences politiques.
Sa position découle de la nécessité, après la Révolution culturelle, de détruire ses pièces de théâtre et romans, et de se tourner vers des écrits plus courts. Son style littéraire est unique, où les phrases résonnent comme une musique et offrent une intrigue riche en tensions et en plaisirs visuels.