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Le retour du légion juive : l’histoire de sa création
Selon l’historien Martin Watts, « le légion juive » était la première unité militaire juive moderne intégrée dans une armée régulière après des milliers d’années depuis la chute du royaume de Juda. Ce fait a marqué un tournant significatif dans l’histoire juive et sioniste. Il est notable que la création de cette légion ait eu lieu pendant la Première Guerre mondiale, en tant que partie de l’armée britannique. Certains leaders du mouvement sioniste, dirigés par Ze’ev Jabotinsky et Joseph Trumpeldor, des Juifs russes fervents partisans du sionisme armé, ont cherché à former une force militaire juive pour contribuer aux efforts de guerre britannique contre l’empire ottoman, avec l’objectif d’établir un État juif en Palestine.
Contexte historique
Dans la première décennie du XXe siècle, le mouvement sioniste, fondé et dirigé par le journaliste autrichien Theodore Herzl, cherchait à obtenir une reconnaissance internationale de la légitimité de l’existence d’un État juif en Palestine, qui était alors sous domination ottomane. Cette quête coïncidait avec des conditions défavorables pour les Juifs en Europe, où ils souffraient d’une large répression, en particulier en Europe de l’Est et en Russie. Avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914, les dirigeants sionistes qui avaient succédé à Herzl virent une occasion de créer une force militaire juive pour aider les alliés dans leur combat contre l’empire ottoman, membre de l’axe ennemi.
La création de « la légion juive »
Les efforts pour établir la légion juive commencèrent en 1915, lorsque Ze’ev Jabotinsky se rendit en Grande-Bretagne pour proposer la création d’une brigade juive combattant sous le drapeau britannique. Malgré des réticences initiales, Jabotinsky réussit à les convaincre, et la « Brigade de cavaliers juifs » fut formée la même année, comme le note la docteure Awaatif Abdul Rahman dans son livre « Le projet sioniste et l’infiltration sioniste en Égypte ». Cette unité regroupait des volontaires juifs de différentes régions, notamment des colonies juives en Palestine, avec pour objectif de soutenir les forces britanniques sur le front de Gallipoli.
Les premières opérations
La Brigade de cavaliers juifs, avec l’aide du colonel John Henry Patterson, qui était le commissaire militaire britannique, réussit à mener des opérations avec 650 membres. 562 d’entre eux furent envoyés sur le front de Gallipoli sous le commandement du colonel Patterson, avec Trumpeldor comme son adjoint. Le général Ian Hamilton, commandant de la force expéditionnaire à Gallipoli, loua les services de la Brigade, déclarant que les hommes avaient accompli un travail remarquable sous le feu des obus. Cependant, la Brigade fit face à de graves problèmes de discipline, ce qui entraîna des sanctions britanniques telles que la flagellation publique.
Développements ultérieurs et impact
Malgré les défis, Jabotinsky poursuivit ses efforts pour reformer la légion sur le front palestinien d’ici la fin de 1916. En 1917, les pressions sionistes sur la Grande-Bretagne pour former des unités combattantes juives devinrent plus fortes. Lors de l’annonce de la Déclaration Balfour, la formation de la « légion juive » fut officiellement annoncée dans le « Journal officiel de Londres ». Les unités de la légion, y compris les bataillons 38, 39 et 40, étaient principalement composées de volontaires juifs venus du Royaume-Uni, des États-Unis, du Canada et de Palestine.
La légion juive en Palestine
La légion juive passa sept semaines dans la vallée du Jourdain, où le paludisme affecta gravement l’unité. Sur 800 hommes, il ne restait que 150 soldats actifs à la fin de cette période. En septembre 1918, la Brigade 38 reçut l’ordre de contrôler les rives d’un des passages du Jourdain et d’avancer vers l’est. Leur opération réussit, et ils prirent la ville de Salt, contribuant ainsi au succès des forces britanniques dans la campagne de Damas.
Du légion juive à l’armée juive
Bien que la légion fut dissoute en 1921, l’idée d’une force militaire juive ne disparut pas. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les dirigeants sionistes, dont David Ben Gourion, cherchèrent à créer une armée juive qui pourrait jouer un rôle crucial dans l’établissement d’un État juif après la guerre. Malgré des efforts limités pour recruter des Juifs en Palestine, la pression des dirigeants sionistes continua, culminant avec la formation de la « division juive » en 1944.
Conclusion
La légion juive et l’armée juive furent des expériences marquantes dans l’histoire moderne des Juifs, tant sur le plan militaire que politique, en apportant une légitimité politique au mouvement sioniste. Leur participation à la Première Guerre mondiale sous le drapeau britannique et la création ultérieure d’une armée juive ont jeté les bases de l’État israélien, jouant un rôle essentiel dans les conflits à venir avec les pays arabes.