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L’IA en recherche : un soutien ou une menace pour la créativité ?
Des experts et académiciens avertissent des effets négatifs résultant d’une dépendance excessive aux applications d’intelligence artificielle (IA) dans la préparation des recherches scientifiques et académiques. Ils soulignent que cela pourrait réduire les compétences des chercheurs ainsi que leurs capacités d’analyse, de pensée critique et de créativité.
Bien que les applications d’IA puissent collecter et analyser des données en quelques minutes, il existe des préoccupations quant à une dépendance totale à ces technologies, ce qui pourrait conduire à une génération moins performante en mémoire et en réussite académique. Une étude récente révèle que l’utilisation excessive par les étudiants du programme « ChatGPT » entraîne une altération de la mémoire et une baisse du rendement scolaire.
Le processus éducatif
À cet égard, le Dr Abdallah Hamad Al-Muriqi, assistant doyen aux affaires étudiantes à l’Université du Qatar, a déclaré que l’utilisation appropriée des innovations technologiques en éducation constitue un ajout positif au processus d’apprentissage. Il a noté qu’il existe parfois un lien négatif simplement en mentionnant l’IA, amenant à penser que cela mènerait à une dépendance des étudiants à son égard pour toutes leurs tâches, ce qui représente une vision unilatérale, notamment en raison d’un système éducatif traditionnel qui repose encore sur des méthodes classiques comme les devoirs à domicile et les tests basés sur la mémoire.
Il a ajouté que les enseignants ont souvent la capacité de discerner si une recherche soumise n’est pas l’œuvre de l’étudiant, en comparant les capacités de l’élève en classe avec le travail présenté, ce qui est facilité par l’évolution constante des applications d’IA qui apportent des modifications subtiles difficiles à détecter avec des outils anti-plagiat.
Le Dr Al-Muriqi a également plaidé pour la révision et le développement des méthodes d’enseignement et d’évaluation afin de s’aligner sur les innovations dans le processus éducatif, affirmant que l’IA devrait être un outil de soutien aux valeurs éducatives fondamentales, telles que le respect et l’intégrité, plutôt qu’une simple ressource d’information.
Des effets variés
De son côté, le Dr Khaled Walid Mahmoud, spécialiste des politiques cybernétiques, a souligné que, dans le contexte de l’accélération de la révolution numérique, personne ne peut aujourd’hui nier l’importance de l’utilisation de l’IA dans les recherches scientifiques. Ses outils représentent une avancée significative dans les méthodologies de recherche, renforçant la capacité des chercheurs et des étudiants de troisième cycle à manipuler d’énormes quantités de données.
Il a pris l’exemple des étudiants du lycée qui dépendent principalement d’applications simples pour générer des idées et organiser des informations, y compris des programmes d’analyse de données. Dans le milieu universitaire, la dépendance à l’IA pour la rédaction de recherches et d’articles académiques augmente, permettant aux étudiants d’utiliser des outils pour collecter et analyser des données, organiser des références automatiquement et même rédiger des brouillons initiaux.
Le Dr Mahmoud a précisé que cette dépendance accrue à l’IA a des effets variés : d’une part, elle améliore l’efficacité en fournissant des outils qui économisent temps et efforts, permettant aux chercheurs de se concentrer sur les aspects les plus complexes de leurs études. D’autre part, elle soulève des inquiétudes quant à la diminution des compétences analytiques et de pensée critique des chercheurs.
Problématiques éthiques
La question des problèmes éthiques soulevés par le recours à des outils d’IA se pose également. L’utilisation de ces outils pour rédiger des parties ou la totalité des recherches renforce sans aucun doute les risques de plagiat et de vol de recherche, ce qui peut affecter l’originalité du travail et la publication académique en général. De plus, les algorithmes ne sont pas toujours neutres, ce qui les rend susceptibles de refléter des biais en fonction de la manière dont les modèles sont programmés et entraînés.
Le Dr Mahmoud a souligné la nécessité d’encadrer l’utilisation de l’IA dans les recherches en instaurant des politiques claires dans les institutions académiques qui définissent l’utilisation éthique de cette technologie, ainsi que de proposer des formations pour les étudiants et chercheurs sur l’usage responsable de l’IA.
Des opportunités prometteuses
Pour le Dr Ammar Riyad, académicien spécialisé en IA et sécurité cybernétique, l’IA offre des perspectives prometteuses pour améliorer le processus éducatif à tous les niveaux. Grâce à cette technologie, les enseignants peuvent adapter les programmes scolaires aux besoins individuels des étudiants, tout en proposant des expériences interactives qui leur permettent de s’engager activement. L’IA peut également aider à analyser les performances des étudiants et fournir des recommandations personnalisées.
Cependant, il a averti que la dépendance totale à l’IA pourrait comporter des risques, car l’éducation nécessite une interaction humaine qui stimule les compétences en communication et développe la pensée critique, des éléments qui pourraient diminuer avec une utilisation accrue des programmes intelligents. Il a insisté sur l’importance de maintenir un équilibre sain entre l’utilisation des capacités de l’IA et le développement des compétences humaines essentielles.