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La mission Hera de l’ESA : un pas vers la déviation d’astéroïdes
La mission de l’Agence spatiale européenne (ESA) est prévue pour décoller le lundi 7 octobre depuis Cap Canaveral, en Floride. C’est avec impatience que les scientifiques attendent son arrivée sur le corps céleste, qui est prévue pour octobre 2026, soit quatre ans après celle de sa consœur américaine.
Une histoire de missions spatiales
Pour les chercheurs et ingénieurs impliqués dans l’exploration spatiale, chaque projet représente des années d’investissement. La perte d’un vaisseau avant même qu’il n’ait pu accomplir sa mission est un coup dur. Cela a été le cas, par exemple, pour la mission Cluster de l’ESA, qui a été perdue lors de l’explosion d’Ariane-5 en 1996, ou encore le Mars Climate Orbiter de la NASA, détruit à son arrivée sur Mars en 1999 en raison d’une confusion entre les systèmes métriques et anglo-saxons. Plus récemment, l’atterrisseur lunaire indien Chandrayaan-2 s’est heurté à notre satellite en 2019.
Cependant, certaines missions subissent une fin encore moins spectaculaire, abandonnées lors de délicats arbitrages budgétaires. C’est le cas de l’Asteroid Impact Mission (AIM) de l’ESA, annulée en 2016 alors qu’elle devait étudier l’impact du vaisseau DART (double asteroid redirection test) sur l’astéroïde Dimorphos, un petit astéroïde faisant partie d’un système double avec Didymos. L’objectif était d’explorer la possibilité de dévier des astéroïdes menaçants pour la Terre.
Des espoirs renouvelés avec Hera
Patrick Michel, directeur de recherche au CNRS à l’Observatoire de la Côte d’Azur, se remémore l’annulation de l’AIM comme l’un des pires moments de sa carrière. Aujourd’hui, il retrouve de l’espoir car l’ESA a relancé un projet similaire, la mission Hera, qui dispose d’un budget de 390 millions d’euros. Ce vaisseau est prévu pour être lancé à bord d’une fusée Falcon-9 de SpaceX depuis Cap Canaveral.
Comparaisons avant-après avec DART
Le vaisseau DART a déjà frappé Dimorphos à une vitesse de 22 000 km/h en septembre 2022, tandis que la sonde européenne arrivera seulement quatre ans plus tard pour observer les conséquences de cet impact. Patrick Michel, qui est également responsable scientifique d’Hera, souligne que malgré ce délai, les effets de l’impact n’auront pas changé. La sonde DART a pris des photos de la zone de l’impact, permettant aux chercheurs de faire une comparaison avant-après fascinante.
« Il est difficile de faire des prédictions », précise l’astrophysicien. « Cela pourrait avoir laissé un cratère, ou au contraire avoir complètement déformé l’astéroïde. Nous découvrirons donc un monde différent de celui capturé par DART. » Didymos, le grand frère de Dimorphos, pourrait également avoir subi des changements si les débris expulsés ont influencé son apparence.
Avec la mission Hera, l’ESA s’engage à continuer ses efforts pour comprendre et maîtriser les menaces potentielles que représentent les astéroïdes pour notre planète.