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Martin Bossenbroek, historien de renom et lauréat à deux reprises du prix Libris Geschiedenis, exprime de vives préoccupations concernant l’avenir de la démocratie, un sujet qu’il aborde pour la première fois dans un livre dédié à ses enfants, âgés de 9, 12 et 27 ans. Son ouvrage intitulé *Colonialisme ! La malédiction de l’histoire*, récemment publié, marque un tournant dans sa carrière littéraire.
Un appel à un débat serein
Au cours d’une interview dans le jardin botanique de Leyde, Bossenbroek souligne l’urgence de la situation : « La démocratie est menacée. » Il évoque le débat amer sur le passé colonial des Pays-Bas, qu’il juge trop polarisé. D’un côté, des politiciens comme Geert Wilders refusent de critiquer le passé. Bossenbroek les qualifie de ‘battants de la poitrine’. De l’autre, des historiens et des activistes peignent l’histoire des Pays-Bas d’une manière très sombre, centrée sur l’esclavage, que Bossenbroek appelle les ‘pénitents’.
Une réflexion sur le colonialisme
Dans ce nouveau livre, Bossenbroek propose un voyage à travers douze pays pour explorer comment chacun d’eux aborde son passé colonial, en se concentrant sur des nations comme les États-Unis, la Russie, la Chine, l’Inde, la Turquie, le Brésil et l’Afrique du Sud. Les critères de sélection incluent l’importance sur la scène mondiale, la répartition géographique, la diversité des systèmes politiques, les liens historiques avec les Pays-Bas, et un passé colonial significatif.
Des voix diverses à considérer
Lorsqu’on lui demande pourquoi il a choisi cette approche, Bossenbroek explique : « J’ai été inspiré par mon collègue Gert Oostindie et par le livre *La colonie riposte* d’Adriaan van Dis. Je pense qu’il est crucial d’adopter une perspective plus large qui intègre les voix au-delà de celles des Néerlandais blancs. » Il déplore que les discussions actuelles sur le passé négligent souvent une vision plus vaste et inclusive de l’histoire mondiale.
Des exemples d’espoir
En examinant les démocraties contemporaines, Bossenbroek constate une diminution du nombre de personnes vivant dans des systèmes démocratiques, y compris en Europe. Il souligne la nécessité d’apprendre des exemples positifs, comme la gestion du monument Voortrekker à Pretoria, en Afrique du Sud, où le gouvernement a choisi de conserver le monument tout en y ajoutant une nouvelle interprétation de l’histoire.
Une analyse critique du passé colonial
Bossenbroek discute également des recherches réalisées sur la guerre d’indépendance indonésienne, qui ont révélé que les Pays-Bas ont commis des violences extrêmes. Il souligne que bien que la colonisation ait eu des effets dévastateurs, il est important de reconnaître qu’elle n’était pas unique aux Pays-Bas et que d’autres pays ont également des histoires coloniales complexes.
Un avenir incertain pour la démocratie
Il avertit que la focalisation sur les aspects négatifs du colonialisme peut affaiblir la démocratie, en fournissant des arguments aux autocrates qui sapent les valeurs démocratiques. Bossenbroek plaide pour un équilibre qui reconnaît les atrocités du passé tout en valorisant les contributions positives de l’histoire occidentale, telles que les initiatives humanitaires et les conventions internationales.
Appel à un changement de perspective
Finalement, Bossenbroek espère que son livre encouragera un changement de perspective dans le débat sur le passé colonial. « Il est essentiel d’écouter diverses narrations historiques sans chercher à imposer une interprétation unique. Nous devons accepter que le passé ait façonné notre présent, tout en avançant vers un avenir plus inclusif. »