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Que perd le monde islamique avec le déplacement des Rohingyas

par Sara
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Que perd le monde islamique avec le déplacement des Rohingyas

Que perd le monde islamique avec le déplacement des Rohingyas

La situation des musulmans Rohingyas s’est considérablement détériorée au cours des dernières années. Privés de leur nationalité birmane et de leurs droits fondamentaux, ils sont confrontés à des risques accrus d’exil total de leurs terres ancestrales en raison du conflit armé entre l’armée birmane et l’Armée d’Arakan, qui demande l’autonomie.

Des dizaines de personnes sont tuées chaque jour depuis trois mois, aggravant la crise humanitaire pour les Rohingyas restants dans l’État d’Arakan, dont leur nombre se limite à 500 000 après le départ de la majorité de la population. Cela fait suite à une crise qui a commencé dans les années 1980.

Selon Salim Arakani, directeur de l’Association humanitaire d’Arakan basée à Istanbul, « le déplacement des musulmans d’Arakan signifie la perte d’une partie importante du monde islamique en Asie du Sud-Est. S’ils sont expulsés, il est peu probable qu’ils puissent retourner sur leurs terres, engendrant une nouvelle crise humanitaire dans un monde déjà débordant de réfugiés et de migrants illégaux. »

Qui sont les Rohingyas ?

Les Rohingyas sont une minorité ethnique musulmane qui vit depuis des siècles dans l’État d’Arakan, en Birmanie. Ils parlent une langue distincte, le rohingya, totalement différente des autres langues du pays.

Aujourd’hui, on estime à 4 millions le nombre de Rohingyas dispersés dans plus de 50 pays, avec une importante diaspora à Karachi, au Pakistan, ainsi que plus d’1,5 million de réfugiés le long de la frontière avec le Bangladesh, et près de 300 000 en Arabie Saoudite, selon l’Association humanitaire d’Arakan.

![Rohingya refugees are seen waiting for a boat to cross the border through the Naf river in Maungdaw, Myanmar, September 7, 2017. REUTERS/Mohammad Ponir Hossain](https://aljazeera.net/wp-content/uploads/2024/05/myanmar-11-1716405299.jpg?w=770&resize=770%2C513)

Le gouvernement militaire birman refuse aux Rohingyas leur nationalité, les prive de propriété, du droit de vote et de la liberté de circulation. Cette population souffre de violences perpétrées par l’armée et des milices bouddhistes. Plus de 3,5 millions ont fui dans les dernières décennies, particulièrement lors de la campagne de répression sanglante de 2017 qui a suivi la formation de l’Armée de secours rohingya d’Arakan (ARSA).

L’ARSA diffère de l’Armée d’Arakan, qui est une organisation armée ethnique bouddhiste formée en 2009 dans le but d’instaurer une autonomie pour la région et de restaurer l’indépendance du peuple d’Arakan. Les effectifs de l’Armée d’Arakan se chiffrent entre 15 000 et 20 000 combattants.

La situation actuelle en Arakan

Depuis le coup d’État militaire en 2021, la Birmanie est sous le régime d’une junte qui fait face à des accusations de « génocide » devant la Cour internationale de Justice à La Haye en raison des violations commises contre les Rohingyas. La situation en Arakan s’est détériorée, l’Armée d’Arakan ayant pris le contrôle de vastes territoires, contraignant le gouvernement à recruter des centaines de musulmans contre leur gré.

La junte militaire ne jouit d’aucune popularité, en raison de la répression, de la censure et du déclin des conditions de vie pour les 60 millions d’habitants du pays. Les opérations militaires en cours ont entraîné la mort de centaines de Rohingyas et le déplacement de dizaines de milliers d’entre eux vers des zones forestières et d’autres villes.

En 2012, des centaines de milliers de Rohingyas ont été évacués de zones mixtes en Arakan, relégués dans des camps inhumains. En août 2017, plus de 700 000 d’entre eux ont fui vers le Bangladesh après une campagne de nettoyage ethnique menée par l’armée.

Depuis le début de 2024, les forces birmanes continuent de recruter de force des hommes, des jeunes et même des enfants dans l’État d’Arakan, comme l’indiquent des témoignages recueillis.

Des témoignages poignants

Des militants et exilés relatent des souffrances émotionnelles exacerbées par la dégradation de la situation dans leur pays et la coupure des liens avec leurs proches restés en Birmanie. Yumo Rahman, un étudiant en Turquie, raconte que son père, ancien chef de village, a été arrêté et tué par l’armée. Sa mère, avec tous les villageois, a dû fuir vers un autre village sous contrôle de l’Armée d’Arakan.

A Yaz, un autre étudiant, témoigne des atrocités commises dans sa ville natale, où des familles ont été évacuées, et où des agressions et des pillages étaient monnaie courante. Des villages ont été brûlés, et la famine sévit, tuant des enfants.

![A boat carrying Rohingya refugees is seen leaving Myanmar through Naf river while thousands other waiting in Maungdaw, Myanmar, September 7, 2017. REUTERS/Mohammad Ponir Hossain](https://aljazeera.net/wp-content/uploads/2024/05/myanmar-12-1716405343.jpg?w=770&resize=770%2C513)

Les Rohingyas vivent dans une précarité extrême, piégés par des blessures émotionnelles et physiques, et dépossédés de leurs terres, leur situation humanitaire ne semble pas prête de s’améliorer.

Une cause oubliée

Alors que de nombreuses crises humanitaires captivant l’attention internationale se poursuivent, la souffrance des Rohingyas passe souvent inaperçue. L’Association humanitaire d’Arakan appelle à une prise de conscience et à des actions concrètes de la part des gouvernements musulmans pour défendre les droits de cette minorité opprimée.

Leur situation met en lumière l’importance d’une pression accrue sur le gouvernement birman, notamment par les pays ayant des intérêts commerciaux dans la région, afin d’améliorer les conditions des Rohingyas et d’arrêter leur extermination culturelle et physique.

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