Depuis le début de la guerre en cours à Gaza, le fossé entre les continents et les régions géographiques s’est élargi, et les tensions et divisions à l’intérieur de nombreux pays ont atteint un niveau sans précédent, ce qui signifie malheureusement que nous vivons dans un monde qui voit un déclin manifeste des valeurs mondiales et des normes juridiques communes à l’humanité.
Avec cette introduction, le site Médiapart a ouvert un article d’un blog politique et universitaire franco-libanais, Ziad Majed, qui a dressé un bilan préliminaire de la guerre la plus meurtrière jamais documentée et diffusée en direct, comprenant plus de 30 000 Palestiniens tués par l’armée israélienne, dont 60 % étaient des enfants et des femmes, accompagnés de déplacements, de souffrances, de famine, de destruction, de coupures d’eau, de carburant et d’électricité, de conditions sanitaires inhumaines, de la détresse des malades, des blessés et des amputés traités de manière primitive et subissant des interventions chirurgicales sans anesthésie.
Bien que ces chiffres, histoires, vidéos et témoignages soient régulièrement publiés par diverses agences des Nations unies et organisations humanitaires, ainsi que par des journalistes et photographes palestiniens courageux, la plupart des gouvernements et chaînes de télévision occidentaux ont déclaré que cette tragédie était simplement un dommage collatéral de la « guerre d’autodéfense » menée par Israël à la suite des attaques meurtrières menées par le mouvement de résistance islamique, le Hamas.
Le Silence des Universités et des Organisations Professionnelles
Dans ces circonstances, il n’est pas surprenant – selon l’auteur – que certaines franges du public occidental, peu informées, comprennent ce discours condamnant les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et les atrocités commises par Israël à Gaza.
Il n’est pas non plus étonnant que le procès de l’Afrique du Sud contre Israël pour génocide devant la Cour internationale de justice soit incompréhensible pour de nombreux Occidentaux, alors qu’il a suscité de vives réactions en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud, où des dizaines de millions de réfugiés vivent.
Ce qui est plus surprenant – selon l’article – c’est de voir la plupart des responsables des universités, des institutions de recherche, des hôpitaux et des syndicats de presse s’enfoncer dans une sorte de léthargie et se dégager de toute responsabilité morale et civique à l’égard de la tragédie à Gaza, restant silencieux ou discutant timidement de manière informelle des massacres perpétrés contre leurs collègues palestiniens.
Majed: Comment pouvons-nous enseigner les sciences humaines, le droit international et le journalisme de manière légitime sans adopter au moins une position légale ou éthique sur les tueries quotidiennes de nos frères humains ?
L’article soulève également la question de la réaction négative et du silence, au nom de la « neutralité scientifique », de certains instituts de recherche européens et américains spécialisés sur le Moyen-Orient ou les relations internationales, alors que des instituts de recherche palestiniens sont détruits.
L’auteur a mis en garde contre le fait que ce qui se passe n’est pas seulement le silence et l’absence d’indignation, mais les universités, les écoles et les clubs sportifs, dans plusieurs cas, ont exercé des pressions et menacé de prendre des mesures coercitives contre toute initiative de « soutien aux Palestiniens », tout comme les salons du livre, les événements artistiques et sportifs ont été censurés, des programmes et des invités interdits en raison de leur prise de position critique vis-à-vis des crimes d’Israël.
Gaza et l’avenir des démocraties
Tout cela indique – selon l’auteur – que nous vivons dans un monde qui voit un déclin manifeste des valeurs mondiales et des normes juridiques communes à l’humanité, et que les démocraties occidentales, traversant des crises aujourd’hui et affectées par des choix politiques de plus en plus racistes et populistes dans certaines de leurs sociétés, ont commencé à perdre leur crédibilité et à ternir l’attrait de leur modèle politique, ce qui les nuit, ainsi que le reste du monde.
Majed a conclu que la position honteuse de la grande majorité des gouvernements de ces démocraties occidentales – face à la destruction de Gaza et de son peuple – restera une plaie ouverte difficile à guérir pour des centaines de millions de citoyens du monde, et qu’il leur incombera, après l’arrêt de la machine de guerre, de mettre en lumière la terreur des doubles standards, de dépouiller les Palestiniens de leur humanité, de rallier leurs forces partout où cela est possible pour surmonter la division existante.
De nouvelles initiatives doivent également émerger, des mouvements, des réseaux et des alliances citoyens et politiques doivent se réunir pour promouvoir un nouveau discours mondial et pour lutter contre « l’impunité des puissants » et la discrimination contre les victimes des guerres et des massacres en fonction de leur appartenance et de l’endroit où elles vivent.