Manifestations au Niger contre la présence militaire américaine
Des centaines de manifestants sont descendus dans les rues de la capitale du Niger pour exiger le départ des troupes américaines, après que le gouvernement militaire ait modifié sa stratégie en mettant fin à un accord militaire avec les États-Unis et en accueillant des instructeurs militaires russes.
Défilant bras dessus, bras dessous à travers le centre de Niamey samedi, la foule brandissait des drapeaux nigériens lors d’une manifestation rappelant les [protestations anti-françaises](/news/2023/12/31/au-revoir-sahel-did-2023-crush-frances-influence-in-africa) qui ont poussé à le retrait des forces françaises du Niger l’année dernière après que l’armée ait pris le pouvoir lors d’un coup d’État.
Suspension de la coopération militaire avec les États-Unis
Un panneau écrit à la main en anglais disait « USA rush out of Niger », en signe de soutien au gouvernement militaire et à sa [décision](/news/2024/3/17/niger-suspends-military-cooperation-with-us) mi-mars de révoquer un accord qui permettait à environ 1 000 militaires américains d’opérer sur son territoire depuis deux bases.
« Nous sommes ici pour dire non à la base américaine, nous ne voulons pas d’Américains sur notre sol », a déclaré la manifestante Maria Saley à l’agence de presse Reuters en marge de la marche.
La foule a également scandé « À bas l’impérialisme américain » et « La libération du peuple est en marche ».
Liens avec la Russie
D’autre part, la France a également [accepté](/news/2023/9/24/france-to-withdraw-ambassador-troops-from-niger-after-coup-macron) de retirer ses troupes en septembre dernier à la suite du coup d’État de juillet qui a renversé le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum.
Les nouvelles autorités du Niger se sont jointes aux gouvernements militaires des pays voisins, le Mali et le Burkina Faso, pour mettre fin aux accords militaires avec d’anciens alliés occidentaux, quitter le bloc politique et économique régional de la CEDEAO et renforcer les liens avec la Russie.
L’arrivée mercredi d'[instructeurs militaires russes](/news/2024/4/12/russia-sends-military-trainers-air-defence-system-to-niger-state-media) et d’équipements était une nouvelle preuve de l’ouverture du gouvernement militaire à une coopération plus étroite avec Moscou, qui cherche à renforcer son influence en Afrique.
Inquiétudes concernant une présence permanente russe
Quelques drapeaux russes étaient visibles lors de la manifestation, mais certains citoyens ont déclaré à Reuters vendredi qu’ils ne voulaient pas que l’accueil de l’assistance militaire russe conduise à une présence permanente au Niger.
« Il ne doit pas y avoir de bases militaires étrangères russes par la suite », a déclaré Abdoulaye Seydou, coordinateur de la coalition M62 regroupant des groupes de la société civile qui ont mené des manifestations anti-françaises l’année dernière.
Ces préoccupations ont été également exprimées par l’étudiant Souleymane Ousmane : « C’est ainsi que les Français, les Américains et tous les autres pays se sont installés au Niger – de la coopération militaire, ils en sont venus à occuper de grandes parties de notre pays », a-t-il dit à Reuters.