Le virage politique des fonctionnaires en France
Un bureau de vote pour les Français de l’étranger à Lausanne, en Suisse, a ouvert ses portes le 30 juin 2024, marquant le premier tour des élections législatives anticipées. Selon une note publiée par le Cevipof, le centre de recherche politique de Sciences-Po Paris, le vote des fonctionnaires s’est déplacé vers le centre et la droite, favorisant notamment le Rassemblement National (RN) lors de ces élections.
Résultats des élections et tendances observées
Luc Rouban, directeur de recherche au CNRS et auteur de l’étude, souligne que « la caractéristique sociopolitique des fonctionnaires en France, historiquement ancrée à gauche, a considérablement évolué ». Le vote de gauche a diminué au fil des années au profit des options centristes et de droite, tandis que le vote d’extrême droite s’est intensifié.
Les résultats aux élections législatives témoignent de cette évolution : au second tour, 36 % des fonctionnaires d’État ont voté pour le RN, 39 % chez les agents des collectivités et jusqu’à 41 % dans le secteur hospitalier.
Analyse des résultats par catégorie d’agents publics
Lors des élections européennes du 9 juin, les partis de gauche avaient reçu 37 % des voix des agents publics, tandis que les droites, dont 33 % revenaient à l’extrême droite, totalisaient 40 % des suffrages. Au premier tour des législatives, entre 30 % (fonctionnaires hospitaliers) et 34 % (fonctionnaires territoriaux) des agents publics ont choisi un candidat de gauche.
Comportement électoral des enseignants
Les enseignants, qui avaient soutenu à 51 % les listes de gauche ou écologistes aux européennes, n’ont plus voté qu’à 44 % pour des candidats de gauche au premier tour des législatives. En parallèle, la proportion d’enseignants préférant le macronisme a augmenté, passant de 17 % à 26 %.
Le déclin de la gauche d’État
La progression des voix en faveur des Républicains (LR) parmi les fonctionnaires par rapport aux élections européennes ainsi que la stabilité des suffrages pour le RN et ses alliés illustrent un changement significatif. Luc Rouban conclut que « l’importance du vote RN parmi les fonctionnaires indique que la gauche d’État a largement disparu », notamment dans le milieu enseignant, où la demande d’autorité semble avoir gagné du terrain.
Comme l’indiquent ces résultats, le paysage politique français continue d’évoluer, avec des implications importantes pour le vote des fonctionnaires et l’avenir des partis politiques traditionnels en France.