La résilience de Gaza face aux tentatives d'isolement du Hamas
Malgré les attaques israéliennes d'une violence et d'une brutalité extérieures sur Gaza et les lourdes pertes humaines et matérielles qui en résultent, la population de Gaza reste fortement soudée autour de la résistance, notamment le Hamas. Cette fidélité à la résistance s'inscrit dans un contexte particulier, mis en lumière par un rapport spécial de l'International Crisis Group publié il y a quinze ans indiquant que les liens claniques et familiaux puissants représentent un obstacle majeur à la domination du Hamas à Gaza.
L'impact des affinités tribales et familiales
La configuration socio-démographique de Gaza, marquée par son territoire majoritairement sableux et dépourvu de communautés de paysans avant 1948, s'est affirmée avec l'installation principale des populations à Khan Younès au sud et à la ville de Gaza au nord. Les tribus bédouines se répartissaient alors dans le reste du territoire. À la suite des conflits et des migrations alentours, et surtout après l'occupation israélienne de 1948, Gaza s’est transformée en accueillant un nombre important de réfugiés. Seuls 25% de la population actuelle de Gaza proviennent de familles s'établissant originellement dans la région, tandis que les autres sont issues de familles ayant immigré, notamment d'Égypte ou de Turquie. Après la Nakba de 1948, avec l'arrivée de près de 200 000 réfugiés palestiniens, notamment du sud de Jaffa, la structure démographique s'est modifiée sensiblement, laissant place à une majorité de résidents réfugiés. Dans ce contexte, la structure clanique et familiale s'est renforcée comme un moyen de protection face aux bouleversements sociaux.
La stratégie d'inclusion sociale du Hamas
Suite à la prise de contrôle de Gaza en 1967 par Israël, les autorités ont cherché à s'appuyer sur les figures des grandes familles locales en désignant un chef pour chaque région. Les mêmes autorités ont perçu les camps de réfugiés comme une menace sérieuse en raison de leur penchant pour la résistance en vue de réaliser le rêve d'un retour à leur patrie ancestrale. L'Intifada de 1987 a d'ailleurs pris naissance dans le camp de Jabalia. Tandis que les accords d'Oslo et la mise en place de l'Autorité Palestinienne ont apporté des opportunités d'emploi et généré un boom immobilier, la société de Gaza a vu les disparités sociales s'estomper progressivement. Toutefois, avec l'Intifada de 2000 et la dégradation de la situation sécuritaire après le décès de Yasser Arafat en 2004, les familles influentes ont accru leur pouvoir, prenant d'assaut tribunaux et institutions pour revendiquer des postes et des services.
Renforcement du soutien et de la solidarité à la résistance
Après sa victoire électorale en 2006, le Hamas a travaillé à rétablir l'ordre et à supprimer les manifestations de désordre sécuritaire en créant des forces de sécurité structurées, non pas sur une base de loyauté personnelle ou familiale, mais plutôt sur la compétence et la discipline. Ces nouvelles forces ont réussi à faire face aux conflits tribaux et à combattre différentes formes de criminalité, tout en impliquant les prédicateurs dans la lutte contre le tribalisme et en concentrant l'attention sur l'occupant israélien comme ennemi commun. Malgré le blocus prolongé et un taux de chômage avoisinant les 60%, les structures familiales ont apporté un soutien social crucial en créant des systèmes d'entraide financière pour les plus démunis.
De plus, le Hamas a consolidé son soutien social en encourageant la création de conseils tribaux inclusifs et en instituant des comités de médiation efficaces pour résoudre les différends suivant les principes de la charia. En maintenant et en adaptant le rôle de centaines de chefs traditionnels reconnus par l'Autorité précédente, le Hamas a pu ancrer son autorité et renforcer la cohésion de la société gazaouie.
Ces démarches ont permis au Hamas de construire une base solide de résistance citoyenne face aux tentatives d'isolement israéliennes. La capacité du Hamas à s'intégrer dans le tissu social de Gaza, en s'appropriant et en renforçant les liens familiaux et claniques traditionnels, a joué un rôle essentiel dans le maintien de la stabilité et dans la mobilisation du peuple de Gaza contre les agressions extérieures.