Analystes israéliens alertent sur la durée du conflit à Gaza
JÉRUSALEM OCCUPÉE – Des estimations d'analystes israéliens préviennent du danger d'une guerre prolongée contre Gaza, et s'accordent sur le fait qu'elle n'a pas atteint ses objectifs. Certains analystes suggèrent que ce qui a été considéré comme quelques "réalisations" pourrait exploser et se transformer en un échec stratégique si la durée des combats et des batailles terrestres s'allongeait.
Avec l'agression entrant dans son quatrième mois, la conviction des observateurs se renforce quant à la nécessité de parvenir à un accord d'échange complet, alors que l'armée israélienne n'a pas réussi à libérer même un seul "otage" grâce à l'opération militaire terrestre.
Les opinions des analystes, affiliés aux diverses composantes de l'échiquier politique et des camps partisans, sont unanimes sur l'impossibilité de miner les capacités militaires de la résistance et de mettre fin au règne du Mouvement de résistance islamique (Hamas) dans la bande, certains appelant à mettre fin à la guerre et à entamer des négociations concernant l'après-guerre.
Défaite stratégique
Eyal Alimeh, analyste militaire pour la télévision officielle israélienne "Kan", s'accorde avec les teneurs de ces évaluations, soulignant que la guerre contre la bande de Gaza se trouve maintenant dans des phases peut-être les plus sensibles en termes de continuation en raison de nombreux défis et problèmes fondamentaux.
Alimeh a indiqué que le plus grand défi concerne l'évolution du combat et les objectifs annoncés de la guerre qui n'ont pas encore été atteints, et la poursuite des combats montre que la contradiction entre les objectifs est devenue plus apparente, signifiant ainsi qu'Israël ne peut surmonter cette contradiction, résultant en l'échec à atteindre les buts de la guerre.
L'analyste militaire a également fait référence aux inquiétudes exprimées par le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin à son homologue israélien Yoav Gallant, concernant l'incapacité de l'armée israélienne à atteindre les objectifs de la guerre et à préserver les réalisations militaires sur le terrain, et Alimeh a averti que ces réalisations pourraient se transformer en une défaite stratégique.
Il a souligné que le gouvernement israélien dirigé par Benjamin Netanyahu est allé à la guerre avec des objectifs militaires définis et n'a pas de plan pour l'après-guerre, ni ne repose sur aucun pilier politique dans son agenda, disant, "En l'absence d'une perspective politique, Israël pourrait s'enliser dans le bourbier de Gaza et il lui serait difficile d'atteindre les objectifs qu'elle poursuit".
D'autre part, l'analyste militaire Akiva Eldar est en accord avec les évaluations qui sont unanimes que Tel Aviv n’a atteint aucun des objectifs de guerre annoncés, et affirme qu'elle est "très loin de réaliser un quelconque objectif".
Eldar a examiné les implications de ces évaluations, disant "Elles indiquent la possibilité du début du compte à rebours de la guerre en raison des pressions réelles exercées par l'administration du président américain Joe Biden sur le gouvernement Netanyahu, pour arrêter la guerre contre Gaza de peur de faire face à une confrontation globale et de déclencher une guerre régionale".
Choix échoué
Eldar a précisé que le gouvernement israélien actuel n'a pas de plan politique pour l'après-guerre et s'engage uniquement dans la bande de Gaza d'un point de vue militaire afin d'éliminer le Hamas et de changer la réalité politique dans la bande, ce qui s'est avéré être un échec et ne se réalisera pas.
L'analyste politique a noté que le gouvernement Netanyahu – formé d'une coalition de partis d'extrême droite, de colons, de partis religieux et ultra-orthodoxes – ne peut pas élaborer de programme politique avec les Palestiniens ayant une perspective régionale et internationale et s'accroche à l'option militaire malgré la preuve de son inefficacité.
L'analyste militaire pour le site "Ynet" de la presse "Yedioth Ahronoth", Ron Ben Yishai, a présenté ses impressions sur le déroulement des combats terrestres en accompagnant les équipes du génie de l'armée israélienne qui tente de démanteler le système d'armement et de faire exploser les bouches des tunnels découvertes.
Selon Ben Yishai, une simple étincelle dans les installations d'armes et les entrées des tunnels du Hamas pourrait conduire à de grandes explosions qui éliminent certaines des réalisations militaires sur le terrain que l'armée israélienne a obtenues, selon ses termes.
Ben Yishai a enregistré ses impressions sur une ouverture de tunnel, où son explosion par l'armée israélienne a entraîné la mort de 6 soldats, soulignant que le tunnel reflète la notion du degré et de la dangerosité du système de production militaire développé par le Hamas dans plusieurs endroits de la bande de Gaza, y compris des fabriques d'explosifs, de munitions et de missiles sous-terrains dont Israël ne sait rien.
Objectifs irréalisables
Le même analyste militaire a souligné que le Hamas pose de nombreux défis à l'armée israélienne, non seulement dans les divers axes de pénétration dans la bande et en infligeant des pertes lourdes en soldats, matériels et véhicules militaires, mais aussi au cœur d'Israël.
Il a ajouté que la dernière salve de roquettes lancée depuis la bande et qui a visé la région de la Grande Tel Aviv a prouvé que le Hamas avait toutes les capacités de continuer à perturber le front intérieur en Israël.
Face à ces développements et réalités sur le terrain, l'analyste militaire pense que le gouvernement israélien, qui a élevé le plafond des objectifs de guerre même s'ils semblent irréalistes et ne peuvent être atteints, est désormais confronté à une crise politique et de coalition avec le début du quatrième mois de guerre, dit Harel: "Il était clair que les objectifs de la guerre, que ce soit l'élimination du règne du Hamas, l'affaiblissement de son arsenal, la libération des Israéliens détenus et le retour des résidents dans la périphérie de Gaza, ne sont pas atteints et sont toujours loin d'être réalisés".
Sous le titre "Comment sortir du puits dans lequel nous sommes tombés ?", l'analyste politique du journal "Yedioth Ahronoth", Nahum Barnea, a écrit un article dans lequel il indique que les événements du 7 octobre 2023 ont mis Israël dans un puits profond, et qu'en sortir signifie atteindre les objectifs de guerre annoncés, lesquels se sont avérés irréalistes et ne peuvent être accomplis peu importe la durée des combats.
Barnea a expliqué que la réalité sur le terrain a prouvé que les trois dernières semaines de combat n'ont pas changé la réalité, mais elles ont coûté à Tel Aviv des pertes humaines en soldats, en plus d'une catastrophe humanitaire dans la bande dont Israël est responsable.
Il a dit: "Les faits de guerre nuisent à l'image d'Israël dans le monde et ne nous rapprochent pas d'une victoire qui n'existe tout simplement pas. Même si Yahya Sinwar ou Muhammad Deif ou même les deux étaient assassinés, les faits et les résultats des combats ne changeront pas".
Barnea croit que le gouvernement israélien doit négocier avec le Hamas pour une transaction d'échange complète qui garantirait la libération de tous les captifs israéliens tout en maintenant le régime du mouvement dans la bande.
Il a souligné que cela équivaudrait à une défaite humiliante pour Israël, disant: "Il est peut-être juste de négocier avec le Hamas, car il y a un prix lourd à payer pour l'échec, car tuer tous les détenus captifs chez le Hamas sera une tache sur la conscience de la société israélienne".