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Un an après le déluge : l’état de Derna en Libye

par Sara
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Un an après le déluge : l'état de Derna en Libye

Un an après le déluge : l’état de Derna en Libye

Il y a un an, la ville de Derna a connu une transformation radicale, passant d’une métropole florissante à une ville ravagée par les flots. Un déluge a englouti un tiers de la ville, emportant avec lui des vies humaines et des biens matériels, dans une catastrophe considérée comme la pire de l’histoire récente de la Libye. Plus de 45 000 personnes ont été déplacées, parmi lesquelles plus de 16 000 enfants.

Un an après cette tragédie, de nombreuses questions subsistent : Qu’est-ce qui a changé à Derna au cours des 12 derniers mois ? Pourquoi les autorités libyennes s’accrochent-elles à un bilan des victimes qui pourrait être sous-estimé ? Quel est l’état d’avancement des projets de reconstruction ? Quelles sont les conséquences psychologiques pour les survivants ? Et quel impact la catastrophe a-t-elle eu sur le paysage économique, social et culturel de la ville ?

Mosquée Al-Sahaba durant la réhabilitation

Nouveaux développements dans la reconstruction

Dans le cadre des projets de reconstruction, le Fonds de développement et de reconstruction de la Libye a annoncé que la vie reprend lentement à Derna. Un an après la catastrophe, plus de 50 % des projets de reconstruction ont été réalisés, avec un total de 295 projets dans toute la ville.

Le Fonds a divisé ses efforts en trois phases principales :

  • Ouverture des voies et des routes ainsi que l’évacuation des débris.
  • Début de la reconstruction en coopération avec des entreprises internationales.
  • Indemnisation des familles affectées par la fourniture de nouvelles maisons entièrement équipées.

Deux mille unités de logement ont été achevées après un arrêt des travaux depuis 2009, où le taux d’achèvement n’était que de 40 %. Suite à la catastrophe, les travaux de construction ont repris et le taux d’achèvement dépasse désormais les 80 %.

Recommandations économiques

Concernant les pertes économiques et les perspectives de relance, l’économiste Ali Al-Saleh a proposé deux phases à court terme pour revitaliser l’économie de Derna :

  • Activation du port et des banques en ciblant des projets globaux.
  • Restauration de la vie culturelle et sociale ainsi que la conception de projets pour développer un environnement touristique, en attendant l’achèvement des projets de reconstruction.

Il a également noté que les pertes humaines ont des effets négatifs sur la croissance économique, soulignant que la reconstruction de la population nécessite du temps pour retrouver son équilibre économique.

Réflexion historique

« Il n’y a pas de mort dans une vie résiliente », déclare Mahboub Khalifa, poétesse et autrice de Derna, en réponse à la question de la renaissance de la scène littéraire dans la ville après la tragédie. Elle souligne que Derna a perdu de nombreux écrivains et poètes qui laissaient un vide dans la mémoire littéraire de la ville.

Mahboub a averti des conséquences importantes de ces pertes, la ville ayant été réellement choquée par la disparition de grandes figures littéraires ainsi que de son centre culturel principal, la Maison de la Culture de Derna, qui contenait des trésors hérités à travers les générations.

Elle souligne aussi que le temps est un guérisseur pour les gens, surtout pour les créateurs. Les jeunes cherchent à documenter et à reconstruire leur identité et quelques livres ont commencé à émerger pour raconter ce qui s’est passé.

Soutien psychologique

Au milieu de la souffrance causée par la tragédie, l’aspect du soutien psychologique, souvent stigmatisé, tente de se faire entendre. Fawziya Ben Ghir, membre du conseil d’administration de l’Autorité nationale de santé et de soutien psychologique, a déclaré que près de 2500 personnes se sont rendues dans 12 centres et cliniques psychologiques à Derna, où 18 psychologues et 6 infirmiers travaillent, considérant que ce chiffre est bon comparé à l’acceptation sociale des traitements psychologiques en Libye.

Les enfants sont parmi les groupes les plus touchés, souffrant de troubles psychologiques tels que l’apathie, l’angoisse et des phobies, notamment envers l’eau.

Avertissement incomplète

La relation entre la science et les décideurs est essentielle pour orienter les politiques face aux défis. Cependant, la situation à Derna a été tout le contraire. Atiya Al-Hosadi, président de l’Institution « Roya » pour les sciences de l’espace et activiste climatique, critique le Centre national de météorologie pour son inaction face à la tempête. Selon lui, le centre s’est concentré sur des alertes de pluie sans prévenir sur les autres dangers, laissant les décideurs non préparés.

Pour éviter de telles catastrophes à l’avenir, il recommande de ne plus dépendre uniquement du Centre météorologique, mais de créer une agence unique pour gérer les urgences et communiquer les alertes climatiques.

La douleur s’accroît

Malgré la gravité des pertes, Hamdi Bel-Aid, un activiste civil et bénévole de la Croix-Rouge, a perdu sa famille de cinq personnes et décrit sa douleur d’une manière indéfinissable. Trois jours après avoir perdu l’espoir de retrouver les corps de ses proches, il s’est engagé à aider les autres victimes à retrouver leurs disparus. Maintenant, un an après cette perte, la mémoire de sa famille le hante, mais il avance, en acceptant son chagrin.

Disparités dans le décompte des victimes

En l’absence de données précises sur les victimes du déluge, pourquoi les autorités libyennes s’accrochent-elles à un bilan de 4 540 morts alors que des estimations internationales évoquent un nombre supérieur à 11 000 ?

Selon Raqui Al-Masmari, professeur de droit privé, les décès sont classés en deux catégories : ceux qui ont été enterrés et ceux qui sont portés disparus. Le Conseil des députés libyens a décidé de mettre fin à l’attente des familles des disparus pour déclarer un décès par absence, permettant ainsi aux familles d’aller directement à la Cour de Derna et de signaler les disparus.

Avec un an de passé depuis cette tragédie, les Libyens se demandent si cette situation a minimisé leurs droits ou leur humanité, perdus au milieu de conflits incessants.

Tout en restant ancrée dans la mémoire collective, Derna est, pour ses habitants et tous les Libyens, une ville de culture, de jasmin, de fleurs et du henné.

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