Sommaire
Impact du conflit sur la santé mentale des Syriens
Des estimations des Nations Unies révèlent qu’une personne sur cinq vivant dans une zone de conflit armé souffre de troubles de stress post-traumatique, et que de nombreux indicateurs de santé sont affectés. Cette situation s’applique à des millions de Syriens qui ont souffert des ravages de la guerre pendant plus d’une décennie.
En Syrie, le secteur de la santé fait face à un manque d’informations sur la santé mentale. Le site Web du ministère de la santé ne fournit aucune donnée ou statistiques sur la prévalence des troubles mentaux parmi les Syriens pendant la guerre.
Selon une enquête de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) réalisée en 2020, 44 % des participants vivant en Syrie souffrent d’un trouble mental grave, tandis que 27 % présentent des symptômes complets associés à des troubles de stress post-traumatique.
D’autres sources des Nations Unies estiment que près de 50 % de la population totale, en particulier les femmes et les enfants, ont besoin de services de santé mentale et de soutien psychosocial.
Qu’est-ce que le trouble de stress post-traumatique ?
Le National Institute of Mental Health définit les troubles de stress post-traumatique comme des troubles psychologiques qui se développent chez certaines personnes ayant subi un événement traumatique, effrayant ou dangereux.
Les personnes touchées ressentent des émotions désagréables liées à des expériences passées, qui peuvent persister et revivre l’événement par des souvenirs ou des cauchemars.
Les symptômes incluent également :
- Des émotions de tristesse, de peur ou de colère.
- Un sentiment de détachement ou d’aliénation.
- Des réactions négatives intenses à des éléments de la vie quotidienne, tels que des bruits forts.
En Syrie, les manifestations du trouble de stress post-traumatique sont liées à des facteurs de stress intense causés par la guerre. Les pertes humaines et matérielles surpassent d’autres facteurs influençant la santé mentale de la majorité de la population.
Abdallah Mouselly, un chercheur syrien en psychologie basé à Paris, indique que le conflit militaire, les urgences et les défis liés aux moyens de subsistance présents depuis plus d’une décennie ont détérioré la santé de millions de Syriens.
Il prévoit qu’un grand nombre de personnes de toutes les tranches d’âge souffrent de ces symptômes, dépassant les chiffres officiels, certains vivant dans l’ombre à cause de la stigmatisation des maladies mentales.
Les réfugiés confrontés à la mort
D’autre part, un groupe de travail sur la protection dans le nord-ouest de la Syrie, comprenant des agences des Nations Unies et des organisations internationales, a évalué en mars dernier les besoins des réfugiés. Environ 65 % des 1600 personnes interrogées ont exprimé leur besoin de services de santé mentale et de soutien psychosocial.
- Allemagne : Une étude de la Chambre fédérale des thérapeutes allemands a révélé que la moitié des réfugiés syriens souffraient de problèmes mentaux.
- Turquie : Les autorités turques rapportent que 55 % des réfugiés syriens sur leur territoire nécessitent un soutien psychologique.
- Jordanie : Une étude de l’OMS a montré que 13 % des jeunes âgés de 16 à 24 ans présentaient des symptômes cliniques similaires, mais beaucoup hésitaient à demander de l’aide.
- Liban : Une recherche menée par Lama Azam Ali a révélé des signes de stress post-traumatique parmi les réfugiés, illustrant les effets psychologiques durables de la guerre.
Réflexion de la guerre sur les jeunes
Une enquête menée par Ipsos en janvier 2021 a montré que parmi les Syriens âgés de 18 à 25 ans, 54 % souffrent de troubles du sommeil, 73 % d’anxiété, 58 % de dépression, et 69 % de tristesse en raison de la guerre.
Le système de santé en Syrie est également soumis à des pressions extrêmes, avec une augmentation des besoins des populations affectées par le conflit.
Des études montrent que le budget alloué à la santé mentale a considérablement baissé, avec un impact direct sur les soins offerts. Le Dr Mazen Haidar, président de l’Association syrienne des psychiatres, souligne l’énorme lacune dans les services de santé mentale.
Les recherches sur les troubles mentaux causés par la guerre sont insuffisantes, et le nombre de psychiatres a chuté de manière alarmante.
La santé mentale comme un droit
L’OMS a présenté en 2023 des initiatives sur la santé mentale, touchant plus de 922 000 personnes. La santé mentale est considérée comme un droit humain fondamental, et il est crucial d’intégrer le soutien psychosocial dans les politiques nationales.
Les conséquences du conflit ont exacerbé les troubles mentaux, incitant à un besoin urgent de maintenir et d’améliorer les services de santé mentale en Syrie.
Les experts soulignent que la souffrance psychologique des Syriens est une réaction aux incertitudes de l’avenir, accentuée par le climat de violence et de répression qui prévaut depuis 2011.