Le Shabak et la suite de Chaos à Jénine : la réalité rejoint le studio
Est-ce que l’officier de réserve israélien Matan Meir se voyait en train de vivre une scène qui ressemblerait un peu à des scènes de la série « Chaos » qu’il a contribué à produire à Gaza ?
Matan a finalement été tué à Gaza, et cette fois-ci, la scène réelle est le fruit du chaos échevelé qui a balayé Entité sioniste, ne ressemblant en rien au chaos qu’il a choisi de dépeindre dans la célèbre série « Netflix » du même nom.
La série, qui dépeint la vie quotidienne de l’unité des soldats d’infiltration, peut être considérée comme impartiale, même un peu en faveur de ceux qui sont désignés comme « terroristes palestiniens », les montrant sous un jour humain (comme n’importe qui d’autre !), même si Doron, le héros de l’unité, a toujours le dessus.
Doron triomphe toujours à la fin sur le « terroriste » Tawfiq Hamed, qui se retrouve mort, son « effort a échoué ».
Puis est venu « le Raz-de-marée d’Al-Aqsa » et Doron n’est pas venu sauver les villes du sud de la bande de Gaza, comme l’a écrit la journaliste israélienne Shani Liferman, cinq jours après l’attaque.
La stupeur du 7 octobre a dû enlever un peu du voile que s’était choisi Entité sioniste -plus ou moins volontairement- pour ses yeux, les aveuglant à tel point qu’elle l’a empêché de voir les combattants du mouvement de résistance islamique « Hamas » s’entraîner pendant des mois à franchir le mur de séparation, à la vue et au su des tours de surveillance.
« Chaos » à Jénine
La presse israélienne regorge d’articles sur la profondeur de l’auto-hypnose dans laquelle Entité sioniste est entrée depuis des décennies.
Mais l’assassinat de trois combattants de la résistance palestinienne dans un hôpital de Jénine, en Cisjordanie occupée la semaine dernière, a montré que l’esprit de la célèbre série continue de contrôler une partie influente des agences de sécurité israéliennes, même si elles reconnaissent leur responsabilité dans la défaite du 7 octobre.
Le lit sur lequel reposait l’un des trois combattants palestiniens tués par des membres du « Shabak » israélien (Reuters)
Même selon les normes de l’ego israélien gonflé d’avant le 7 octobre, le comportement du Shabak était d’une arrogance sans précédent, lorsqu’il a publié sur sa page officielle Instagram – dans le cadre de la promotion et de l’encouragement à rejoindre – des photos d’agents infiltrés se déguisant en Palestiniens avant l’opération.
Le post accompagnant les photos disait : « Vous avez vu la fin du film… (mais) c’est ainsi que ressemblait la scène avant que nous ne sortions cette semaine pour une opération au cœur de Jénine afin de déjouer des saboteurs qui planifiaient des attaques contre Entité sioniste », concluant par un appel à les rejoindre : « Voulez-vous participer à la prochaine opération ? Pour envoyer votre CV, cliquez sur le lien ».
Les images semblaient être une scène de « Chaos », complétée si des plans montrant l’esprit de composition parmi les héros de la série se déguisant en vue de l’opération étaient ajoutés.
« N’avez-vous rien appris ? »
De nombreux commentaires d’Israéliens sur la publication des photos ont révélé un désir d’un super-héros qui vengerait un ego profondément blessé le 7 octobre.
Il y avait beaucoup de « vous êtes les meilleurs », « il y a ceux sur qui nous pouvons compter », et « vous êtes les plus professionnels au monde », mais il y avait aussi des flèches de critiques acerbes regroupant une seule question : « Pourquoi n’avez-vous pas publié ceci ? ».
Un agent du « Shabak » israélien se déguisant en Arabe avant d’attaquer un hôpital à Jénine (Réseaux sociaux)
Signant sous le nom de Liraz Valash, elle a ironisé sur le Shabak : « Où étiez-vous quand ils ont pris en otage les habitants du sud de la bande de Gaza et ont traversé la frontière sans être arrêtés ?! Vous nous avez vraiment couverts de honte ? » ; un autre commentateur sous le nom d’Oshri a ajouté : « N’avez-vous rien appris ? Les personnes assises dans les hôtels (à Eilat) voient tout et se moquent de nous ». Liyur a écrit, quant à lui : « Tout ce que nous voulons, c’est que vous nous expliquiez les prochaines étapes. C’est tout ce que nous demandons. Quelle stupidité ! ».
Était-ce une tentative de blanchiment de la réputation d’un service ayant échoué de manière spectaculaire, et son chef démissionnera-t-il à la fin de la guerre en prévision de longues sessions d’interrogatoire ?
« Je n’aurais jamais imaginé qu’il y aurait un scénario comme celui du 7 octobre », a écrit Avi Yisasharoff, l’un des scénaristes de « Chaos » environ un mois après l’attaque, mais à l’intérieur du Shabak, certains semblent s’obstiner à voir la réalité comme une simple extension du studio de tournage.
Ces personnes ont tenté de s’inspirer de la série lors de l’opération à Jénine, mais elles ont échoué à rester fidèles à son esprit lorsque leur tentative de rendre justice au Palestinien a échoué. Quel suspense y a-t-il si le héros est une personne facile à vaincre ?
Dans « Chaos », le « terroriste » palestinien se bat courageusement même si Doron le laisse mourir à la fin.
Mais dans la suite choisie par le Shabak à Jénine, Doron triomphe comme d’habitude sur son ennemi juré, Tawfiq Hamed, mais son adversaire isolé cette fois-ci, même sur son lit de malade, incapable même de se tenir debout pour le combat. »