Roman le caméléon poétique de l’événement et de la narration
Les écrivains et les créateurs dans le jeu de la catégorisation ont l’habitude d’inclure dans les couvertures de leurs livres le genre littéraire dans lequel ils écrivent ou certaines indications qui renvoient au genre de l’auteur, qu’il s’agisse d’un roman, d’une anthologie, d’une étude critique, etc. La catégorisation est donc un contrat moral entre l’écrivain et le lecteur/récepteur, et parfois, les catégorisations peuvent être trompeuses, c’est-à-dire qu’elles ne révèlent pas ou ne reflètent pas le contenu de l’œuvre littéraire, et donc s’aventurer dans la question de la catégorisation des œuvres littéraires revient à s’engager dans un labyrinthe sans issue.
Dans ce contexte, l’œuvre narrative « Le Caméléon » de l’écrivain et romancier omanais Mahmoud Al-Rahbi, s’entremêle avec le genre du roman tout en s’en distinguant simultanément. En effet, la couverture révèle que le genre de l’auteur est le roman, mais à la lecture de l’œuvre, la longueur du livre, sa manière d’écriture et ses caractéristiques internes coïncident avec la nouvelle et ses aspects artistiques et narratifs qui se situent dans une zone intermédiaire entre la nouvelle et le roman, représentant ainsi un troisième genre littéraire distinct des deux genres adjacents.
Le roman arabe court
Cependant, cette vision de l’écriture n’est pas nouvelle aujourd’hui, mais elle est une extension du parcours de la littérature narrative arabe qui a utilisé la nouvelle comme horizon, atteignant une large renommée dans le milieu culturel et littéraire arabe. Il suffit de mentionner à ce sujet 3 romans : « Hommes sous le soleil » de l’écrivain palestinien Ghassan Kanafani, « Le comité » de l’écrivain égyptien Sonallah Ibrahim, et « Tentative de vivre » de l’écrivain marocain Mohammed Zafzaf.
Ainsi, la présence et la qualité du roman ne dépendent pas de sa longueur ou de sa « corpulence », pour reprendre l’expression du critique marocain Saïd Yaktine, mais de sa force imaginative, structurelle et sémiotique, ainsi que de l’interaction du lecteur avec ses déplacements et ses métaphores. Nous croyons que ce roman a su représenter le mode de vie de la société omanaise contemporaine et les changements qu’elle a connus.