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Un ordre international basé sur des règles est-il possible?

par Sara
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Un ordre international basé sur des règles est-il possible?

# Un ordre international basé sur des règles est-il possible ?

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<h2>Introduction</h2>
<p>Lors de la Conférence de paix de Paris en 1919, qui visait à créer un nouvel ordre mondial après la Première Guerre mondiale, le Japon a proposé d’inclure la clause suivante sur l’égalité raciale dans le pacte de la Société des Nations : « L’égalité des nations étant un principe fondamental de la Société des Nations, les Hautes Parties contractantes conviennent d’accorder, dès que possible, à tous les ressortissants étrangers des États membres de la Société un traitement égal et juste à tous égards, sans distinction, ni en droit ni en fait, en raison de leur race ou de leur nationalité. »</p>

<p>L’Occident fut consterné. Le Premier ministre australien Billy Hughes était mortifié quant à l’avenir de « l’Australie blanche » si la clause était acceptée. Le secrétaire d’État britannique Lord Balfour déclara qu’il trouvait l’idée que tous les hommes sont créés égaux intéressante, mais qu’il n’y croyait pas. « Vous pourriez difficilement dire qu’un homme en Afrique centrale est égal à un Européen. »</p>
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<h2>Similarités historiques</h2>
<p>Plus d’un siècle plus tard, des préoccupations similaires sont exprimées face à la perspective que les nations occidentales et leurs alliés reçoivent le traitement habituellement réservé aux pays moins puissants. Une indignation s’est manifestée, en particulier aux États-Unis et en Israël, suite à la décision du procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, de demander des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense, Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité en lien avec l’assaut génocidaire israélien sur Gaza.</p>

<p>Pour de nombreux Kényans, les protestations rappellent les réactions des gouvernements kényan et autres gouvernements africains lorsque notre propre président Uhuru Kenyatta et son alors vice-président et maintenant successeur, William Ruto, furent traînés devant la CPI pour des accusations similaires il y a une dizaine d’années. Les deux furent accusés de complicité dans les violences suivant les élections présidentielles contestées de 2007 et, à ce jour, ils restent les seuls fonctionnaires en poste à avoir réellement comparu devant La Haye.</p>
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<h2>Les accusations et leurs échos</h2>
<p>La nomination de Khan, qui était l’avocat principal de la défense de Ruto, ajoute une autre couche de complexité. Beaucoup des arguments des États-Unis et d’Israël font écho à ceux de UhuRuto (comme était connu le duo kenyan). Tandis qu’aujourd’hui Khan est accusé d’antisémitisme, son prédécesseur fut accusé de « chasse aux races ». Les protestations contre l’ignorance de la complémentarité et le mépris des processus judiciaires locaux ressemblent aux plaintes du gouvernement kenyan affirmant que les tribunaux locaux avaient la capacité de traiter les crimes. Même le discrédit du tribunal comme étant sans importance rappelle la description infâme de Kenyatta qui le qualifia de « pantomime douloureusement farcesque … le jouet de puissances impériales en déclin ».</p>

<p>Tout cela fut finalement réfuté. L’accusation selon laquelle la CPI se concentrait exclusivement sur les pays africains fut affaiblie par le fait que la grande majorité des cas furent référés par les pays africains eux-mêmes. L’argument de complémentarité s’écroula puisque aucune affaire locale ne se matérialisa concernant les crimes, exactement comme c’est probablement le cas en Israël. Et comme le montre clairement l’indignation, la CPI est loin d’être insignifiante.</p>
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<h2>Chocs pour l’impunité occidentale</h2>
<p>Mais il existe une différence significative. Par le passé, les accusations de crimes contre l’humanité n’ont jamais été portées contre des nations occidentales. En fait, comme l’a dit l’avocat des droits de l’homme et procureur des crimes de guerre Reed Brody au média The Intercept, « la CPI n’a jamais inculpé un responsable occidental ». Khan lui-même a rapporté qu’on lui avait dit que la CPI avait été « construite pour l’Afrique et les voyous comme Poutine ».</p>

<p>Historiquement aussi, les États-Unis et leurs alliés se sont considérés au-dessus de la loi internationale. Dans les tribunaux pour crimes de guerre qui ont suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale, seuls les crimes des puissances de l’Axe (Italie, Allemagne et Japon) ont été jugés. Il fut également stipulé qu’il ne constituait pas une défense de faire valoir que les Alliés avaient commis bon nombre des mêmes actes dont les puissances de l’Axe étaient accusées.</p>
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<h2>Un changement potentiel</h2>
<p>Cependant, les mandats d’arrêt demandés contre les dirigeants israéliens menacent de bouleverser ce système établi d’impunité occidentale. « S’ils le font à Israël, nous serons les prochains », a déclaré le sénateur américain Lindsey Graham. Tandis que le monde non occidental cherche de plus en plus à donner des dents aux institutions internationales et à en faire moins des outils de l’hégémonie occidentale, ces craintes ne feront que croître. Déjà, le cas de l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice, accusant Israël de violer la convention sur le génocide, a inspiré un défi du Nicaragua contre la fourniture d’armes par l’Allemagne à l’État d’apartheid.</p>

<p>Le fait est que ces luttes sont bien plus qu’à propos d’Israël et de ses crimes contre les Palestiniens. La question ultime qu’elles soulèvent est de savoir si la notion tant vantée d’un ordre international basé sur des règles est réellement possible. L’Occident s’humiliera-t-il devant le système international qu’il a été instrumental à créer ou continuera-t-il à insister sur son statut exceptionnel ?</p>
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<p><em>Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement la position éditoriale d’Al Jazeera.</em></p>

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