Nicolas Kristof, écrivain américain, a récemment partagé une histoire interpellante dans sa chronique du New York Times. Il a relaté l’histoire poignante d’une jeune fille de 10 ans de Gaza, dont le père est un technicien en radiologie. Cette fillette, brillante et parfaitement bilingue en anglais, avait été acceptée dans un programme d’échange international au Japon, offrant ainsi un avenir prometteur. Cependant, elle est désormais hospitalisée, souffrant de graves blessures à la jambe, dont la perte d’une partie de l’os de la cuisse suite à l’explosion d’une bombe.
Le Dr Samer al-Atar, chirurgien orthopédiste prenant soin de la fillette, a déclaré à Nicolas Kristof que l’amputation de la hanche de la jeune fille était nécessaire pour sauver sa vie. Le père lutte pour s’adapter à la réalité déchirante qui a bouleversé sa vie et celle de sa fille.
Alors que Kristof a couvert de nombreux conflits dans le passé, condamnant les actes imprudents des gouvernements russes, soudanais et syriens qui ont aveuglément bombardé des civils, cette situation est différente. Il souligne que cette fois-ci, il contribue indirectement aux souffrances en payant ses impôts.
Kristof exprime également son incompréhension face au soutien inconditionnel des États-Unis et d’Israël aux bombardements aveugles, détruisant des quartiers entiers et empêchant les secours d’atteindre une région désormais au bord de la famine. Il insiste sur le fait que c’est une guerre qui ne vise pas uniquement le mouvement de résistance islamique du Hamas, mais bien l’ensemble des habitants de Gaza.
Il se demande également comment les Américains, divisés sur la question de la guerre, peuvent faire face à leurs amis de Gaza. Kristof prévient contre l’indifférence, soulignant « la nature insidieuse de l’indifférence ». Il partage l’opinion d’Elie Wiesel, affirmant que la souffrance humaine partout dans le monde concerne chaque individu.
Kristof souligne la responsabilité partagée et évoque que la souffrance des enfants, représentant la moitié de la population de Gaza, devrait particulièrement nous préoccuper. Un nombre significatif d’enfants à Gaza se retrouvent sans leurs parents, touchés par le chaos de la guerre et le déplacement.
Il critique vivement l’attitude des États-Unis et d’Israël en soulignant que leurs actes ne sont en aucun cas justifiés par les souffrances supportées par les civils israéliens, et il s’interroge sur la posture américaine face aux bombardements destructeurs menés par Israël. Il dénonce également le soutien diplomatique apporté à Netanyahu, alors que la population de Gaza fait face à la famine, d’autant plus que les États-Unis ont suspendu leur financement à l’UNRWA, l’agence des Nations unies chargée de l’aide aux réfugiés palestiniens.
Finalement, l’écrivain insiste sur la douleur des décisions de guerre, soulignant que la vie d’une jeune fille talentueuse de 10 ans à Gaza est aussi précieuse que celle de n’importe quel enfant américain ou israélien. Il appelle les Américains à assumer leur responsabilité morale dans cette tragédie et à reconnaître le rôle de complicité dans la souffrance de Gaza.