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Ne jamais arriver : Le voyage d’Ovide par Béatrice Commengé
Dans son dernier ouvrage, Ne jamais arriver. Le voyage d’Ovide, l’écrivaine Béatrice Commengé nous plonge dans un récit captivant sur le poète romain Ovide et son exil. Publié par Verdier, ce livre de 158 pages (18 € en version papier, 15 € numérique) nous transporte à travers un voyage tant intérieur qu’extérieur, où la mélancolie du passé se mêle aux souvenirs d’un temps révolu.
Une photo qui suscite la curiosité
L’histoire débute de manière inattendue avec une simple image sur Wikipédia, représentant une minuscule île circulaire, verdoyante et portant le nom d’Ovide. Cette île, symbole de toutes les îles, évoque une perfection troublée par le souvenir d’un poète exilé. L’auteur s’interroge sur le contraste entre ce lieu idyllique, baigné par une mer calme, et les descriptions sombres que Ovide livre de son exil dans ses ouvrages tels que Tristes et Pontiques.
Un voyage bloqué par la pandémie
Béatrice Commengé décide de suivre les traces d’Ovide, parcourant un itinéraire qui l’amène de l’Italie à l’actuelle Roumanie, en passant par la Grèce et la Bulgarie. Elle ambitionne de réaliser ce voyage en mars 2020, à temps pour célébrer l’anniversaire du poète le 20. Cependant, le monde est alors frappé par la pandémie, et elle se retrouve contrainte à l’immobilisme, tout comme Ovide l’a été des siècles plus tôt.
La quête d’un retour
L’exil d’Ovide, dont les raisons restent obscures, est un sujet de réflexion pour l’auteure. En effet, le poète ne mentionne jamais véritablement les circonstances de sa relégation dans ses lettres. Au lieu de cela, il exprime sa nostalgie pour sa terre natale, Sulmo, évoquant des paysages d’abondance en opposition avec le froid stérile des régions où il a été envoyé. Cette absence de visibilité concernant son retour devient une torture psychologique pour lui.
Le voyage intérieur
Face à l’impossibilité de réaliser son voyage physique vers Tomis, Commengé transforme son exploration en un périple intérieur. Pendant deux ans, elle attend, piétinant dans l’incertitude, et rêve de l’Insula Ovidiu. Cette île devient alors un lieu d’imagination, où elle entremêle ses propres souvenirs de voyages passés, tels que la traversée d’Alger à Marseille ou son premier séjour à Rome, tout en superposant ses visites passées sur diverses îles qui ont marqué son existence.
À travers ce livre, Béatrice Commengé réussit à capturer non seulement la beauté du voyage physique mais aussi la profondeur de l’exil émotionnel. Son écriture éveillera sans doute la curiosité des amateurs de littérature, de voyages et d’histoires humaines liées à la figure emblématique d’Ovide.