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Marine Le Pen et le procès du Rassemblement National
Marine Le Pen, accompagnée de 24 coaccusés, se retrouve devant la justice à partir de ce lundi 30 septembre. Ce procès s’annonce crucial pour la dirigeante de l’extrême droite, avec des implications politiques majeures pour son avenir.
Un « système » de paiement controversé
Au cœur de ce procès se trouve la question de savoir s’il a existé un _ »système »_ durant plusieurs années au sein du Rassemblement National (RN) permettant de rémunérer les employés du parti avec des fonds européens. Parmi les neuf anciens eurodéputés du Front National (aujourd’hui RN) appelés à témoigner figurent Marine Le Pen, Louis Aliot, vice-président actuel du RN, et l’ancien numéro 2 du parti, Bruno Gollnisch, ainsi que Julien Odoul, député et porte-parole du RN.
Quels risques pour les prévenus ?
L’affaire remonte à un signalement en 2015 par Martin Schulz, alors président du Parlement européen, concernant de nombreux contrats d’attachés parlementaires sur une période allant de 2004 à 2016. L’accusation soutient que ces _ »assistants »_ ne remplissaient pas les fonctions pour lesquelles ils étaient censés être recrutés et n’intervenaient, en réalité, que pour le parti, ce qui contrevient aux règles européennes.
Un des exemples cités est celui de Julien Odoul, qui en février 2015 demandait à Marine Le Pen s’il pouvait venir à Strasbourg pour constater le fonctionnement au Parlement. Marine Le Pen avait répondu favorablement.
Les prévenus, poursuivis pour détournement de fonds publics et complicité, encourent jusqu’à dix ans de prison et un million d’euros d’amende. Plus gravement, ils pourraient faire face à une inéligibilité de dix ans, menaçant ainsi les ambitions présidentielles de Marine Le Pen pour 2027.
Des contestations et une défense active
La plupart des accusés rejettent fermement les accusations, évoquant une _ »mutualisation »_ des tâches des assistants parlementaires. Le RN dénonce, pour sa part, un _ »acharnement »_ et une manipulation politique orchestrée contre lui.
Dans une interview accordée au _Parisien_ mi-septembre, Marine Le Pen a affirmé n’avoir rien à se reprocher et a évoqué une _ »incompréhension entre le monde judiciaire et le monde politique »_. Son avocat, Rodolphe Bosselut, n’a pas souhaité faire de commentaires avant le début du procès, qui se déroulera jusqu’au 27 novembre.
Une évaluation du préjudice financier
Le Parlement européen affirme avoir subi un préjudice évalué à trois millions d’euros, mais ne réclame que deux millions en réparation, ayant déjà récupéré un million. Patrick Maisonneuve, avocat du Parlement européen, souligne que le RN a toujours été critique envers les institutions européennes, n’appréciant que leur soutien financier.
Absence de Jean-Marie Le Pen
Jean-Marie Le Pen, fondateur du FN, ne sera pas présent lors de ce procès, une expertise médicale ayant conclu qu’il n’était pas _ »en état »_ d’être jugé pour des raisons de santé, comme ce fut le cas pour l’ancien eurodéputé Jean-François Jalkh.
Les accusations laissent entrevoir un _ »système centralisé »_ mis en place par Jean-Marie Le Pen et poursuivi par sa fille. Des éléments compromettants, dont des contrats d’une journée signés simplement pour vider les enveloppes financières, sont attendus comme preuves. Un message du trésorier du parti alertant sur une situation financière catastrophique mentionne que le RN ne pourra s’en sortir qu’en faisant des économies grâce au Parlement européen.