Manifestations massives en Géorgie contre la loi sur les agents étrangers
Des milliers de Géorgiens sont descendus dans la rue pour protester et des politiciens en sont venus aux mains au parlement alors que des législateurs du parti au pouvoir donnaient le feu vert initial pour débattre d’un projet de loi sur les « agents étrangers » critiqué par des adversaires occidentaux et nationaux comme inspiré par la Russie.
Contestation de la loi et mobilisation populaire
Plus de 5000 manifestants se sont rassemblés devant le bâtiment du parlement géorgien, construit à l’époque soviétique, lundi dans la capitale, Tbilissi, exigeant que le gouvernement retire la mesure qui oblige les organisations recevant des fonds de l’étranger à s’enregistrer en tant qu’agents étrangers sous peine d’amendes.
Critiquée sous l’appellation de « la loi russe », elle est comparée à la législation utilisée par le Kremlin pour réprimer la dissidence.
Feu vert pour la discussion du projet de loi
Le parti au pouvoir, Rêve géorgien, a annoncé ce mois-ci la réintroduction du projet de loi, 13 mois après l’avoir mis de côté en raison de protestations de masse.
Le comité des affaires légales du parlement, contrôlé par Rêve géorgien et ses alliés, a approuvé le projet de loi, ouvrant la voie à sa présentation pour une première lecture le mardi.
Opposition et tensions
Les manifestants ont scandé « Russes! Russes! » devant les cordons de police sécurisant l’accès au parlement, des canons à eau étant déployés à proximité. Certains ont déroulé un gigantesque drapeau de l’Union européenne devant le parlement.
Des activistes ont exhorté les manifestants à revenir pour la séance parlementaire de mardi.
Des images diffusées à la télévision géorgienne ont montré Mamuka Mdinaradze, chef de la faction parlementaire de Rêve géorgien et moteur du projet de loi, se faisant frapper au visage lundi par le politicien de l’opposition Aleko Elisashvili alors qu’il intervenait devant l’assemblée législative.
L’incident a déclenché une bagarre opposant des législateurs les uns contre les autres.
Tensions géopolitiques
La Russie est largement impopulaire en Géorgie en raison de son soutien aux régions géorgiennes séparatistes d’Abkhazie et d’Ossetie du Sud. La Russie avait également vaincu la Géorgie lors d’une brève guerre en 2008.
La Géorgie cherche depuis des années à approfondir ses relations avec l’Occident, mais le parti au pouvoir actuel est accusé de vouloir renouer avec la Russie.
Réactions internationales et position du parti au pouvoir
Le projet de loi a tendu les relations avec les pays européens et les États-Unis, qui s’opposent à son adoption. L’UE, qui a accordé à la Géorgie le statut de candidat en décembre, a déclaré que la démarche est incompatible avec les valeurs du bloc.
Rêve géorgien affirme vouloir que le pays rejoigne l’UE et l’OTAN, tout en resserrant ses liens avec la Russie et en faisant face à des accusations d’autoritarisme au niveau national. Il estime que le projet de loi est nécessaire pour lutter contre ce qu’il appelle les « valeurs pseudo-libérales » imposées par des étrangers et promouvoir la transparence.