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L’Éthiopie et ses voisins tendus par le barrage de la Renaissance

par Sara
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L'Éthiopie et ses voisins tendus par le barrage de la Renaissance

L'Éthiopie et ses voisins tendus par le barrage de la Renaissance

Selon le magazine français "L'Express", le dernier cycle de négociations entre l'Éthiopie, le Soudan et l'Égypte s'est terminé le 19 décembre dernier sans parvenir à un terrain d'entente, alors que l'échéance de 2025 pour l'achèvement du Grand barrage de la Renaissance approche.

Dans un rapport rédigé par Augustin Basile, la revue explique que l'Égypte et le Soudan, traversés par le Nil Bleu en route vers la Méditerranée, souhaitent obtenir un accord contraignant Addis-Abeba à respecter certaines conditions pour le remplissage du réservoir du barrage (lac artificiel) et son exploitation.

Cette situation fait suite au refus de l'Éthiopie de se conformer à la traité de 1929 qui accordait au Caire un droit de veto sur les projets d'eau dans les colonies britanniques voisines, et au traité de 1959 qui attribuait à l'Égypte et au Soudan 87% des eaux du fleuve.

Accusations mutuelles

Un communiqué de presse égyptien a déploré "l'échec de la réunion due au refus continu de l'Éthiopie d'accepter toute solution technique ou juridique de compromis qui préserverait les intérêts des trois pays".

Le communiqué précise que "l'Égypte a déployé des efforts et a coopéré activement avec les deux pays voisins pour résoudre les différends majeurs et parvenir à un accord amiable", alors que l'Éthiopie répliquait en disant que "l'Égypte s'est accrochée à l'état d'esprit colonial et a posé des obstacles aux efforts de rapprochement".

Les préoccupations majeures du Caire consistent à craindre que les responsables du barrage de la Renaissance coupent le flux en cas de sécheresse, une inquiétude partagée par les Soudanais – selon la journaliste – malgré leur modération dans leurs commentaires. Un initié des négociations côté éthiopien affirme que "c'est une question d'existence pour le peuple égyptien car ceci est leur seule source d'eau".

Un des négociateurs soudanais avertit que "la grande capacité de stockage peut affecter les deux pays le long du cours du fleuve, c'est quelque chose de très dangereux".

Le Soudan sera le plus affecté, car la régulation du débit du fleuve préviendrait les inondations saisonnières, le barrage bloquant l'arrivée des sédiments et privant ainsi les agriculteurs d'engrais naturels, selon ce négociateur.

L'équilibre écologique est susceptible d'être perturbé, malgré les tentatives de limiter les conséquences négatives sur l'environnement "comme l'élimination des forêts sur les zones qui seront submergées par l'eau de peur que leur décomposition ne libère du méthane", explique Mekdelawit Messay, une chercheuse spécialisée dans les affaires du Nil.

Politisation du barrage

Le rapport de L'Express souligne que le retour en arrière n'est plus possible car le projet touche à sa fin, avec la finalisation de l'installation des turbines restantes – 11 sur 13 – pour qu'elles soient toutes opérationnelles d'ici 2025.

Selon la chercheuse indépendante Anna Elisa Cascão, "même sans accord, nous pouvons considérer que la question du barrage de la Renaissance est réglée".

Bien que l'Égypte souhaite s'assurer qu'Addis-Abeba ne construise pas d'autres barrages sur le Nil Bleu, l'absence d'accord signifie qu'il n'y a rien pour empêcher l'Éthiopie de le faire. Néanmoins, un compromis faciliterait les investissements internationaux dont les trois pays ont besoin pour soutenir les projets nationaux et conjoints qui pourraient découler du barrage.

Gushaw Epheram, responsable des affaires africaines à l'Institut des affaires étrangères d'Éthiopie, pense que la politisation du barrage de la Renaissance est le principal obstacle à la recherche d'un terrain d'entente, car Addis-Abeba ne voit pas dans le barrage une simple source d'énergie hydroélectrique, mais une renaissance de sa gloire passée. L'Égypte, de son côté, a construit son identité autour du Nil, tandis que le Soudan, embourbé dans une guerre entre l'armée et la milice Forces de Soutien Rapide, n'a pas de gouvernement légitime pour signer un accord international.

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