Le monde de l'art et de la culture soudanais est en deuil suite à la disparition du célèbre chanteur et compositeur Mohamed Al Amin à l'âge de 80 ans. L'artiste, connu pour son influence significative sur la musique contemporaine soudanaise, a traversé près de six décennies en façonnant de manière remarquable la scène musicale de son pays. Son décès a été annoncé à la suite d'une brève maladie le dimanche 12 novembre 2023 dans un hôpital de Virginie, aux États-Unis, et sa disparition a été officiellement pleurée par l'ambassade soudanaise à Washington.
L'héritage et l'impact de Mohamed Al Amin
Portant le sobriquet de "Le Simple qui paraît complexe", Mohamed Al Amin se distinguait autant par ses capacités vocales que mélodiques. Surnommé "Le grand écrivain" et de son vrai nom Mohamed Al Amin Hamad Al Nil, il naquit le 20 février 1943 dans la ville de Wad Madani, au sud de Khartoum, la capitale soudanaise. Passionné de musique depuis sa tendre enfance, il apprit cet art sous la tutelle de son oncle Belah Youssef Al-Azraq. Bien que confronté à une déficience visuelle qui l'empêcha de poursuivre une formation traditionnelle en musique, son amour pour cet univers ne faiblit jamais.
Contribution à la musique soudanaise et engagement patriotique
Dans les années 1960, Mohamed Al Amin fit un retour remarqué en musique en rejoignant la troupe musicale de la police du Nil Bleu, dirigée par le compositeur Mohamed Adam Al Mansouri. C'est durant cette période que sa carrière en tant que chanteur et compositeur s'enflamma, notamment en fréquentant des musiciens de renom comme le compositeur Hussein Batree. En reprenant des chansons d'autres chanteurs, il mit en évidence son talent vocal, gagnant ainsi une reconnaissance et une popularité grandissante.
Un Artiste Révolutionnaire et Ses Œuvres Mémorables
Il ne fallut pas longtemps pour que Mohamed Al Amin utilise sa popularité pour présenter ses propres chansons qui documentaient le terrain politique, social et culturel soudanais. Il devint un pilier de l'art national et a chanté pour la révolution d'octobre et composé l'hymne "21 Octobre". Mohamed Al Amin s'illustra également durant les événements de l'Opéra "Épopée d'une révolution" en 1966, une œuvre collective créée en mémoire de la révolution soudanaise d'octobre, en présence de l'ancien président soudanais Ismail Al Azhari.
Un Après Légendaire et Continuité Culturelle
Outre ses chansons révolutionnaires, Mohamed Al Amin a marqué de son empreinte le genre romantique et a enrichi le patrimoine musical avec ses mélodies remplies d'une nostalgie profonde. Il a introduit de nouvelles compositions dans des chansons patrimoniales qui ont gagné l'admiration de ses fans. L'artiste a aussi participé à de nombreux festivals internationaux et tournées dans le monde arabe, en Europe et aux États-Unis, portant ainsi la musique soudanaise au-delà des frontières nationales.
Le peuple soudanais honore la mémoire de Mohamed Al Amin avec l'une de ses chansons les plus célèbres, "Adieu, oiseau des rêves", reflétant l'immense héritage laissé par l'artiste, dont l'œuvre restera gravée dans la mémoire nationale.