L’activiste russe Oleg Orlov condamné à 30 mois de prison
Un tribunal russe a condamné le militant des droits de l’homme éminent Oleg Orlov à deux ans et demi de prison après l’avoir reconnu coupable de discréditer l’armée.
Réactions et déroulement du procès
Des images diffusées en ligne mardi par Memorial, un groupe russe de défense des droits de l’homme désormais interdit, ont montré le sourire du militant de 70 ans menotté alors qu’il était emmené en fourgon par des agents après le verdict prononcé par le tribunal du district de Golovinskii à Moscou.
Le Prix Nobel Memorial, dont Orlov est le coprésident, a qualifié le procès de « parodie de justice et d’atteinte au droit fondamental à la liberté d’expression ». Dans une déclaration cosignée par des dizaines de groupes de défense des droits, il a été annoncé que l’équipe juridique du militant ferait appel du verdict et continuerait son travail.
Des groupes de défense des droits de l’homme affirment que le ciblage des critiques du Kremlin s’est intensifié depuis le lancement de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022.
Le cas d’Orlov s’appuie sur un article qu’il a écrit cette année-là dans lequel il dénonçait l’invasion et déclarait que la Russie, sous la direction du président Vladimir Poutine, était descendue dans le « fascisme ».
Les répercussions de l’affaire
Le procureur a affirmé qu’Orlov avait publié l’article motivé par de l’hostilité « contre les valeurs spirituelles, morales et patriotiques russes traditionnelles » et par la haine de l’armée russe.
Orlov, lors de ses dernières remarques, a déclaré n’avoir commis aucun crime ni rien regretté, critiquant plutôt l’État russe « totalitaire » et « fasciste ».
Le rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme en Russie, Mariana Katzarova, a qualifié le procès d’Orlov de « tentative orchestrée de faire taire les voix des défenseurs des droits de l’homme en Russie ».
Dans une récente interview avec l’AFP, Orlov avait déclaré ne nourrir aucune illusion sur l’issue du procès, affirmant qu’il restait en Russie, où il se sentait « plus utile » pour continuer son combat.
Répression des défenseurs des droits de l’homme
Alors que d’autres militants fuyaient la Russie face à l’intensification des lois contre la diffamation, Orlov est resté dans le pays où il estimait être « plus utile » qu’à l’étranger. Son long parcours consistant à documenter les crimes soviétiques et les atteintes aux droits de l’homme en Russie moderne l’a amené à s’opposer à l’invasion de l’Ukraine.
La condamnation d’Orlov met en lumière les pressions exercées sur les défenseurs des droits de l’homme en Russie et souligne le climat de répression qui règne dans le pays.