La crise de Gaza domine le sommet des pays non-alignés à Kampala
KAMPALA – La récente assemblée des pays membres du Mouvement des Non-alignés s’est achevée sur une position qui ne saurait être qualifiée de singulière ou audacieuse concernant l’agression israélienne en Gaza, bien que la question ait dominé les discussions des leaders participants, ainsi que les réunions préparatoires.
Le président ougandais Yoweri Museveni a clôturé la session finale en annonçant la fin du sommet sans avoir prononcé le communiqué final, ni lu le document sur la Palestine préparé par les délégations après des réunions qui ont duré cinq jours. Les présents se sont donc contentés de débattre de l’ébauche du document et d’annoncer ses grandes lignes.
Dans le « document de Kampala », texte politique adopté par les dirigeants à la conclusion du 19ème sommet, le mouvement des Non-alignés appelle à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et à la libération des Israéliens détenus par la résistance palestinienne.
La participation du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à la session plénière finale a été remarquable où il a réitéré son appel à un cessez-le-feu immédiat et à la libération des détenus, ajoutant qu' »il est inacceptable qu’Israël refuse de reconnaître le droit des Palestiniens à établir leur propre État », mettant en garde contre le fait que « l’extension de la guerre pose un risque pour la sécurité internationale ».
L’Afrique du Sud s’est positionnée en fer de lance de la défense de la cause palestinienne lors de la clôture du sommet des Non-alignés (Reuters)
La question palestinienne prédomine
Le dossier palestinien s’est imposé à l’agenda du mouvement en tant que question la plus pressante sur le plan politique, surpassant d’autres sujets brûlants en termes de priorité, que ce soit en Afrique, hôte du sommet, ou dans des régions plus éloignées.
Avec un plan d’action clair, « le bloc arabe », pour reprendre les termes employés par le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères ougandais, Vincent Bagiire, a réclamé une position unifiée sur la question palestinienne. Cette initiative a été menée par le représentant palestinien à l’ONU, Riyad Mansour.
À l’échelle continentale, l’Afrique du Sud a été à l’avant-garde de la défense de la Palestine, de manière discrète et ouverte. Sa ministre des Affaires étrangères, Naledi Pandor, a présenté un argumentaire justifiant la demande adressée à la Cour internationale de Justice pour une décision exceptionnelle obligeant Israël à un cessez-le-feu immédiat.
Avec le soutien de son voisin la Namibie, l’Afrique du Sud a mené derrière des portes closes un tour de discussions politiques et juridiques afin d’intégrer le terme « génocide » dans la déclaration politique concernant la Palestine. Cependant, l’opposition de l’Inde et de Singapour, faisant valoir que le dossier relève de la Cour internationale, a empêché un consensus.
Changement de position de certains pays
L’Inde, l’un des pays fondateurs du mouvement, n’a pas caché sa position sur la guerre à Gaza. Son ministre des Affaires étrangères, S. Jaishankar, a déclaré « La crise humanitaire exige une solution durable, et nous devons nous efforcer de parvenir à une solution à deux États » et a ajouté que « le terrorisme et la prise d’otages ne sont pas acceptables ».
La position de New Delhi marque un revirement par rapport à son soutien historique à la cause palestinienne, soutien qui remonte à l’époque de Jawaharlal Nehru, en passant par Indira Gandhi. Cependant, avec l’arrivée au pouvoir du parti Bharatiya Janata, l’Inde s’est rapprochée d’Israël, d’abord timidement, puis plus ouvertement aujourd’hui.
Quant à la surprenante prise de position de Nairobi, bien que relative, le Kenya, un pays proche d’Israël, a décrit la souffrance à Gaza comme « un problème majeur » et que « le moment est venu de mettre fin à l’opération militaire », a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Alfred Mutua. « La réponse israélienne aux attaques du 7 octobre est montée à un niveau où la crise humanitaire et les pertes en vies humaines sont devenues catastrophiques », mais il a conclu que son pays ne couperait pas ses relations avec Israël.
Préoccupations africaines
Les préoccupations économiques des pays africains ont été présentes lors du sommet dont le thème était « Renforcer la coopération pour la prospérité globale ». Aucune déclaration de délégation africaine n’a exclu les aspirations économiques, et ce dossier n’a pas été omis de l’ordre du jour du sommet et des événements associés.
Dans ce contexte, l’Ouganda (le pays hôte) a insisté sur la réintroduction de ses marchés comme une destination potentielle d’investissement, bénéficiant de prévisions économiques optimistes à moyen terme. D’autres appels, bien que timides, concernaient la fin des conflits et des différends internes en Afrique, en particulier face aux crises émergentes à l’est du continent.