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La Chine utilise l’IA pour se moquer du Rêve Américain
À Taipei, Taiwan, commence une vidéo animée de 65 secondes générée par intelligence artificielle, interrogeant la réalité du « Rêve Américain ».
Alors que des nuages d’orage s’accumulent sur un paysage urbain ressemblant à New York, les mots « RÊVE AMÉRICAIN » flottent dans un ciel assombri, marquant la fin de la vidéo.
Le message est clair : Malgré ses promesses d’une vie meilleure pour tous, les États-Unis sont en déclin terminal.
Intitulée « American Dream or American Mirage », la vidéo fait partie des segments diffusés par le diffuseur d’État chinois CGTN, et partagés largement sur les réseaux sociaux, dans le cadre de sa série animée « A Fractured America ».
D’autres vidéos de la série portent des titres similaires évoquant une société dystopique, comme « Les travailleurs américains en tumulte : résultat de politiques et d’économie déséquilibrées » et « Démasquer la véritable menace : le complexe militaro-industriel américain ».
Outre leur message anti-américain virulent, les vidéos partagent toutes la même esthétique hyper-stylisée générée par intelligence artificielle et un audio informatique étrangement réaliste. CGTN et l’ambassade chinoise à Washington DC n’ont pas répondu aux demandes de commentaire.
L’influence grandissante de l’IA dans la propagande chinoise
La série Fractured America est un exemple de l’utilisation croissante de l’intelligence artificielle par Pékin pour façonner ses efforts de propagande visant à miner la réputation des États-Unis dans le monde.
Henry Ajder, un expert britannique en IA générative, souligne que cette série ne cherche pas à se faire passer pour des vidéos authentiques, mais illustre comment l’IA facilite et rend moins coûteuse la production de contenu.
La Chine exploite depuis longtemps la portée immense et le caractère sans frontières d’Internet pour mener des campagnes d’influence à l’étranger. La vaste armée de trolls en ligne chinoise, connue sous le nom de « wumao », est devenue célèbre il y a plus d’une décennie pour inonder les sites Web avec des points de vue du Parti communiste chinois.
Avec l’avènement des médias sociaux, les efforts de propagande de Beijing se sont tournés vers des plateformes telles que X et Facebook ainsi que des influenceurs en ligne.
La montée des deepfakes et de la désinformation
La vidéo CGTN, bien que parfois présentant une grammaire maladroite, reflète de nombreuses plaintes partagées par les citoyens américains sur des plateformes comme X, Facebook, TikTok, Instagram et Reddit, sites que les modèles d’IA scrutent pour les données d’entraînement.
Microsoft a déclaré dans son rapport que l’émergence de l’IA ne rend pas le risque d’ingérence de Pékin dans les élections présidentielles américaines de 2024 plus ou moins probable, mais rend probablement toute éventuelle ingérence plus efficace si Pékin décide de s’impliquer.
L’IA générée se répand ainsi davantage et devient plus difficile à distinguer, favorisant la prolifération de deepfakes. Ce phénomène suscite des préoccupations, notamment à l’approche d’une année électorale tumultueuse.
L’influence de l’IA dans les élections mondiales
Alors que plus de 60 pays tiendront des élections d’ici la fin de 2024, impactant 2 milliards d’électeurs, la montée de l’IA pose des défis majeurs en matière de désinformation et d’influence électorale.
Taiwan, une cible fréquente des opérations d’influence de Pékin en raison de son statut politique contesté, a également été confrontée à des deepfakes et à la propagation de désinformation lors de son récent scrutin présidentiel.
La montée de la désinformation alimentée par l’IA soulève des inquiétudes majeures, mettant en lumière les défis que les gouvernements et les acteurs internationaux doivent relever pour contrer cette nouvelle forme d’ingérence.