Le Canal de Suez est-il Affecté par les Actions des Houthis ?
Depuis trois mois, suite à l'offensive israélienne barbare contre Gaza en réponse à l'opération "Déluge de l'Aqsa", une offensive que de nombreux défenseurs des droits humains refusent de qualifier de légitime défense compte tenu du statut d'occupant étranger d'Israël, il était logique que certaines forces arabes se mobilisent en riposte.
Parmi ces forces, Ansar Allah, le groupe houthi, dominant la situation au Yémen depuis 2015, a ciblé les intérêts israéliens dans la zone du détroit de Bab-el-Mandeb, le golfe d'Aden et la mer d'Arabie, interdisant aux navires israéliens ou à destination d'Israël de traverser la mer Rouge pour atteindre les ports des territoires palestiniens occupés à "Umm al-Rashrash" (Eilat) sur le golfe d'Aqaba, ou "Ashdod" et "Haïfa" sur les côtes de la Méditerranée. De plus, avec l'envoi de missiles et de drones pour frapper l'entité sioniste, ils ont annoncé qu'ils continueraient jusqu'à ce qu'Israël lève le blocus sur Gaza et permette l'acheminement de l'aide humanitaire.
L'Inquiétude Croissante en Égypte
Ces actions ont accru la préoccupation de l'Égypte, surtout après que les appareils de propagande américaine – le principal soutien de l'entité sioniste – ont commencé à diffuser des craintes que le groupe houthi, soutenu par l'Iran, planifie de fermer complètement la mer Rouge. Mais si chaque guerre a ses "victimes amies", beaucoup craignent que le canal de Suez ne soit l'un d'eux, une artère vitale mondiale représentant 12% du commerce international et une source majeure de revenus pour l'Égypte, totalisant 8,8 milliards de dollars l'année dernière.
Avec chaque confrontation militaire ou rumeur de corridors concurrents, comme lors du sommet du G20 en Inde ou avec l'initiative chinoise "Belt and Road", les décideurs et économistes se tournent facilement vers le canal.
Face à cette inquiétude, l'administration américaine a lancé l’opération "Guardian of Prosperity" pour soi-disant protéger la navigation dans ces eaux, mais avec une intention sous-jacente de soutenir logistiquement l'entité sioniste. Cette opération a été soutenue par une coalition de dix pays, y compris le Royaume-Uni, la France et d'autres. En conséquence, de nombreuses entreprises ont temporairement évité la mer Rouge au profit d'une route plus longue autour du cap de Bonne-Espérance.
Réaction Internationale et Stratégie Maritime
La seule victoire apparente de "Guardian of Prosperity" est de protéger le commerce maritime israélien des Houthis qui maintiennent le risque à tout navire israélien ou à destination d'Israël passant par les côtes yéménites. C'est un risque bien compris par les compagnies maritimes, comme l'a montré l'annonce d'"Evergreen" le 18 décembre de ne plus transporter de marchandises israéliennes dans la région.
D'autres compagnies ont suivi, telles que "Nippon Yusen" et "Hapag Lloyd", mais des entreprises comme "CMA CGM", "Evergreen" et "Maersk" ont repris leur passage par le canal après une période de calme.
Quant aux Houthis, leur intention n'était pas de perturber la navigation dans la mer Rouge, comme l'Iran a maintenu sa politique d’escalade calculée, favorisant la liberté de navigation pour les autres navires.
Impact Limité sur le Canal de Suez
En fin de compte, les actions des Houthis visaient spécifiquement Israël, ayant un impact marqué indépendamment de l'opération "Guardian of Prosperity". L'Égypte n'a pas été significativement affectée : seulement 55 navires ont évité le canal entre novembre et décembre 2023 selon Osama Rabie, le président de l'Autorité du Canal de Suez, un nombre insignifiant face au trafic habituel du canal.
Israël, cependant, fait face à des turbulences commerciales, avec le port d'Eilat voyant une baisse d'activité et les coûts et les risques du transport de marchandises israéliennes s'accroissant significativement; le chemin plus long et plus sûr étant de contourner le cap de Bonne-Espérance.
Ainsi, pendant que la navigation israélienne demeure préoccupée, l'Égypte reste quasiment intouchée par ces tensions, témoignant de la robustesse du canal de Suez en tant que point de transit essentiel sur la voie du commerce international.