Le gouvernement israélien nouvellement formé, créé plus tôt ce mois-ci pour superviser une guerre totale à Gaza, semble être divisé sur la stratégie et les objectifs. Les tensions entre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et les deux généraux les plus importants du cabinet de guerre, Benny Gantz et Yoav Gallant, élargissent cette division et créent de la confusion quant à l’invasion terrestre tant attendue de l’enclave palestinienne densément peuplée.
La division est alimentée par des désaccords personnels, militaires, politiques et idéologiques qui sont apparus bien avant le début de la guerre et qui sont susceptibles de façonner la politique israélienne longtemps après sa fin. Les généraux ne font pas confiance à Netanyahu et à ses partisans fanatiques en matière de guerre ; ils ne font pas confiance en particulier à leurs motivations et objectifs qui ne font que continuer leur politique par la violence. Ils estiment que Netanyahu, le Premier ministre déchu devenu chef de guerre, est plus préoccupé par la restauration de son héritage que par la sécurité du pays.
Mais comme ils sont coincés avec lui en tant que Premier ministre, les généraux ont dû se résoudre à exclure ses ministres les plus fanatiques du cabinet de guerre. Les généraux et les chefs de sécurité ont accepté la responsabilité de l’échec militaire et du renseignement du 7 octobre et devraient démissionner peu de temps après avoir pris leur revanche sur le Hamas et Gaza.
Les divergences sur les objectifs finaux de la guerre ont encore compliqué les calculs déjà compliqués concernant l’invasion et les combats urbains qui en découleront, ce qui est susceptible de causer des dizaines, voire des centaines de milliers de victimes, et pourrait également ouvrir un nouveau front contre le Hezbollah libanais au nord, poussant Israël vers un scénario apocalyptique.
L’entrée en scène des États-Unis et de sa diplomatie de la canonnière par le déploiement de deux porte-avions en Méditerranée orientale pour protéger Israël de toutes les répercussions régionales lors de l’invasion de Gaza a également compliqué les calculs et les calendriers israéliens.
Le renseignement et l’assistance technique offerts par les États-Unis dans la guerre urbaine ont fait rentrer Netanyahu et les généraux dans le rang de l’administration Biden, qui s’attend à ce qu’ils s’entendent sur des objectifs clairs et réalistes ainsi que sur une stratégie réalisable pour les atteindre, tout en laissant une chance à la diplomatie de libérer plus d’otages avant de lancer une offensive terrestre.
Étant donné que ni l’un ni l’autre camp ne souhaite s’aliéner l’Amérique, ils se blâment mutuellement pour le retard de l’offensive terrestre, que soutient la plupart des Israéliens selon des sondages récents, bien que sans objectif final défini.
La division grandissante entre son redoutable appareil militaire et son camp religieux d’extrême droite et fanatique aura des implications profondes pour la société et la politique israéliennes. Mais pour les Palestiniens, il n’y a pas de réelle différence entre les généraux belliqueux d’Israël qui appellent les Palestiniens des « animaux humains » et ses fanatiques racistes qui appellent à leur expulsion, en particulier pour ceux qui subissent les bombardements et le siège sadiques d’Israël