Exportation d’armes vers Israël, entre interdiction et défis d’application
Les appels internationaux pour restreindre ou arrêter l’exportation d’armes vers Israël se multiplient face à l’agression continue contre la bande de Gaza, qui a entraîné la mort de dizaines de milliers de civils, principalement des enfants et des femmes.
Le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a récemment adopté une résolution interdisant l’exportation d’armes vers Israël, appelant à juger Israël pour d’éventuels crimes de guerre et crimes contre l’humanité possibles dans la bande de Gaza. Cette résolution a été adoptée par une majorité de 28 voix contre 6 opposants et 13 abstentions.
Plus de 160 organisations humanitaires et groupes de défense des droits ont appelé à un embargo sur les armes, une initiative lancée pour la première fois le 24 janvier. De nouveaux signataires se sont ajoutés après qu’une frappe aérienne israélienne a tué 7 membres de la convoi d’aide « World Central Kitchen », mettant en lumière les dangers des opérations humanitaires à Gaza.
Experts internationaux et décisions judiciaires
Des dizaines d’experts onusiens considèrent que tout transfert d’armes vers Israël est interdit, même si le pays exportateur n’a pas l’intention d’enfreindre la loi, tant qu’il existe un risque clair d’utilisation abusive. La décision d’un tribunal d’appel néerlandais en février dernier d’interdire l’exportation de pièces d’avions de chasse F-35 vers Israël a été saluée par les experts.
Les États-Unis et l’Allemagne ont fourni près de 99% de toutes les armes importées par Israël depuis 2019, selon un rapport du SIPRI. Les États-Unis ont fourni 69% des armes, tandis que l’Allemagne en a fourni 30%, soulignant la dépendance d’Israël à ces deux pays en matière de capacités militaires.
Impact financier et contraintes
La guerre menée par Israël a entraîné un déficit budgétaire de 4,2% du PIB en 2023, contre un excédent de 0,6% en 2022, en raison de l’augmentation des dépenses publiques pour financer la guerre à Gaza. En décembre 2023, le déficit a atteint 33,8 milliards de shekels (9 milliards de dollars), avec des dépenses de guerre de 17,2 milliards de shekels.
Les dépenses militaires israéliennes ont considérablement augmenté au fil des ans, atteignant 24,34 milliards de dollars en 2021. Cette tendance illustre l’engagement d’Israël à renforcer ses capacités de défense face aux menaces régionales croissantes.
Contrôle des armes et exportations israéliennes
Israël était le neuvième plus grand exportateur d’armes au monde entre 2019 et 2023, représentant 2,4% des exportations mondiales. Sa part a diminué par rapport à la période précédente, passant de 3,1% à 2,4%. Israël a exporté des armes pour une valeur de 357 millions de dollars en 2022, les principales destinations étant les États-Unis, les Philippines, l’Inde, la Thaïlande et l’Espagne.
Les exportations d’armes israéliennes ont baissé de 25% par rapport à 2014-2018, mais Israël reste un acteur majeur sur le marché des armes, notamment en fournissant des systèmes de défense aérienne à l’Europe après le conflit en Ukraine.