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# Experts expliquent le silence de Washington sur la transaction Hamas-Entité sioniste
Pressions Américaines
La présence de William Burns, directeur de la CIA, à Doha et l’arrivée de Brett McGurk, principal conseiller du président américain Joe Biden pour le Moyen-Orient, au Caire, mettent en lumière l’intensité des pressions américaines pour trouver une solution concernant la transaction proposée par Biden la semaine dernière.
Pour l’heure, le Hamas n’a pas donné son accord explicite à l’accord, en raison de l’absence de garanties solides pour un arrêt définitif des combats et pour le retrait des forces israéliennes de la bande de Gaza à la fin de la seconde phase de l’accord. Entité sioniste, de son côté, accepte la première phase, sans s’engager pour l’intégralité de la seconde phase, la laissant aux négociations.
Biden estime que les parties doivent accepter l’accord et débuter la première phase, sous réserve que le cessez-le-feu se maintienne tant que les négociations se poursuivent.
Une situation embrouillée
Khaled Al-Jundi, ancien conseiller de l’autorité palestinienne lors des négociations avec Entité sioniste, a déclaré à Al Jazeera Net que Biden pense être plus astucieux que tous en formulant l’accord comme une proposition israélienne, ce qui permettrait de faire pression sur le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Dans une interview avec le magazine américain « Time », publiée lundi dernier, Biden a répondu « oui » lorsqu’on lui a demandé si Netanyahu prolongeait la guerre avec le Hamas pour renforcer sa position politique. Cependant, quelques heures plus tard, il a semblé dire le contraire en affirmant « Je ne pense pas » lorsqu’on lui a demandé si Netanyahu utilisait la guerre dans son jeu politique.
Ces contradictions ont conduit de nombreux observateurs à évoquer les positions fluctuantes de la Maison Blanche concernant les événements de l’agression israélienne sur Gaza depuis le 7 octobre dernier.
Objectifs électoraux
Les divergences dans les déclarations de la Maison Blanche et son soutien constant à Entité sioniste sont attribuées par les commentateurs à la volonté de Biden de plaire à différents électorats aux positions souvent contradictoires, surtout à l’approche des élections présidentielles.
Ainsi, la Maison Blanche tente de satisfaire :
Stratégie de pression
Au cours des derniers mois, la Maison Blanche n’a pas caché sa volonté de voir un changement au sommet du pouvoir politique en Entité sioniste. Biden a soutenu l’appel du sénateur Chuck Schumer à des élections en Entité sioniste pour remplacer Netanyahu.
Certains analystes pensent que la présentation par Biden de son plan de cessez-le-feu et de libération des otages n’est qu’un pas dans cette direction. David DesRoches, professeur d’études sécuritaires à l’Université nationale de défense, a déclaré que Biden a mal présenté cette proposition comme étant celle du gouvernement israélien, ce que ce dernier a immédiatement rejeté.
Selon Gregory Aftandilian, expert en paix au Moyen-Orient, Biden a ouvert de nouvelles perspectives en disant que le cessez-le-feu temporaire doit mener à un arrêt permanent si tous les otages sont libérés.
Inquiétudes israéliennes
Pour rassurer les Israéliens, Aftandilian indique que Biden a affirmé que le Hamas ne possède plus les capacités d’attaquer Entité sioniste comme il l’a fait le 7 octobre 2023. Biden a également présenté le plan comme étant israélien pour faire pression sur Netanyahu sans nouvelles demandes.
Malgré son origine israélienne, Netanyahu n’était pas enthousiaste au sujet du plan, craignant que son acceptation totale ne conduise à la défection des membres d’extrême droite de son gouvernement tels que les ministres Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich.
Jouer sur les deux tableaux
Khaled Al-Jundi considère que Netanyahu « joue sur les deux tableaux, en disant à Washington qu’il a voté en faveur de l’accord tout en affirmant devant son cabinet que cette proposition n’est pas suffisante pour remporter une victoire complète. »
Concernant le Hamas, David DesRoches pense qu’il acceptera la proposition mais traînera à la mettre en œuvre et argumentera sur les détails. Cela parce que les otages constituent le seul frein à une offensive militaire massive contre eux, et à mesure que le temps passe, de nombreux otages sont soit morts, soit détenus par d’autres groupes.
Le Hamas est conscient que les otages sont le seul facteur qui empêche une attaque militaire généralisée contre eux. Par conséquent, il prolongera cette situation aussi longtemps que possible, tout en essayant de se présenter comme disposé à accepter toute proposition de paix.
Pressions et perspectives
Aftandilian estime que le Hamas pourrait effectivement accepter la proposition sous la pression croissante du côté arabe pour mettre fin à cette guerre. Malgré cela, Entité sioniste, les États-Unis et la communauté internationale ne permettront probablement pas à Hamas de reprendre le pouvoir à Gaza.
Al-Jundi conclut que les objectifs de Biden sont de montrer aux Américains, notamment aux jeunes, qu’il a fait de son mieux avec les deux parties en conflit, face au refus du Hamas et à l’intransigeance de Netanyahu, faisant de Biden l’homme de bonne volonté tentant de fournir de l’aide humanitaire, de mettre fin à la guerre et de libérer les otages.