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France
La procédure de destitution d’Emmanuel Macron se précise
La première étape est validée, la suite est en cours. Mardi, le bureau de l’Assemblée nationale a déclaré recevable la procédure de destitution d’Emmanuel Macron, lancée par La France insoumise (LFI). Bien que cette initiative aurait pu s’arrêter là, le Nouveau Front populaire (NFP) a décidé de s’unir. Le résultat : 12 voix pour et 10 contre, ouvrant la voie à la commission des lois, puis éventuellement à l’Hémicycle et enfin à la Haute Cour.
Un parcours semé d’embûches pour la destitution
Le chemin vers cet « impeachment » à la française est encore long. Les alliances d’aujourd’hui pourraient ne pas perdurer. Au sein du NFP, le Parti Socialiste (PS) a déjà fait savoir qu’il ne soutiendrait pas cette démarche.
« Nous avons clairement exprimé dès le début notre opposition à cette initiative », a affirmé le député PS du Bas-Rhin, Thierry Sother. Il déplore que LFI n’ait pas consulté ses alliés avant de se lancer dans ce processus, illustrant ainsi les désaccords au sein de la coalition.
Les raisons d’un débat controversé
Mais pourquoi ne pas avoir interrompu cette initiative plus tôt ? « Il y a une question de forme et de fond », explique son collègue Sébastien Saint-Pasteur. Ce dernier précise : « Nous avons discuté collectivement lundi pour déterminer notre position au bureau de l’Assemblée nationale. Cette démarche mérite d’être examinée par les députés. Cependant, sur le fond, nous voterons contre. Emmanuel Macron a certes commis des erreurs politiques, mais il n’a pas commis de faute grave. »
« En laissant cette procédure se poursuivre, nous permettons au Parlement de s’exprimer », ajoute le député PS de Gironde. À un moment où l’on souhaite redonner du pouvoir au Parlement, il était important de ne pas priver les députés de leur capacité de parole.
Une initiative qui semble vouée à l’échec
Cependant, ce débat pourrait ne mener à rien, le texte ayant très peu de chances d’être adopté. « Cette procédure nécessite deux tiers des voix dans les deux assemblées, et personne n’y croit vraiment », a même précisé Olivier Faure sur X, évoquant le risque que cela soit perçu comme une « relégitimation » du président, qu’il juge non méritée.
Un débat nécessaire pour la démocratie
« Il n’y a jamais trop de débats et de démocratie », défend Benjamin Lucas, député NFP des Yvelines et membre du groupe Ecologiste et social. « Dans toute démocratie mature, ce qu’a fait Emmanuel Macron entraînerait une procédure de destitution. En France, l’article 68 de la Constitution est notre seul outil pour l’attaquer. C’est donc justifié d’en faire usage. »
« Plus de 70 députés jugent que ce texte mérite attention, et il est essentiel d’entendre cette initiative. Mais si la destitution échoue, j’espère que nous pourrons rapidement passer à autre chose, car d’autres sujets importants nous attendent », termine Sébastien Saint-Pasteur, qui se concentre plutôt sur les prochaines annonces du nouveau Premier ministre. « Le véritable débat doit porter sur Michel Barnier, nous ne souhaitons pas revenir sur la question d’Emmanuel Macron », conclut Thierry Sother.